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Actualités - CHRONOLOGIE

Espagne - Hommage funèbre public à 4 militants de l'ETA tués dans un attentat manqué Les indépendantistes basques défient le pouvoir central(photo)

La tenue d’une grand-messe des indépendantistes basques en hommage à quatre militants de l’ETA, qualifiée de «spectacle honteux» par la presse espagnole, illustre les difficultés du gouvernement central face aux pouvoirs d’une région autonome gouvernée par le Parti nationaliste basque (PNV). La demande d’autorisation pour ce rassemblement, qui a réuni à Bilbao (nord) 10 000 personnes scandant des «viva l’ETA» après une recrudescence de ses attentats, avait été transmise au ministère de l’Intérieur du gouvernement régional basque, la seule autorité compétente en la matière en Euskadi (Pays basque, nord). Faute d’interdiction, cette réunion «politique», comme l’avait présentée le bras politique de l’ETA, Euskal Herritarrok (EH), à l’Exécutif basque, disposait donc d’une couverture légale, contre laquelle Madrid ne pouvait faire appel. Les nationalistes modérés du PNV, qui gouvernent le Pays basque depuis 1980, ont été souvent accusés de laxisme par Madrid envers les agissements des séparatistes. Mais une interdiction de la réunion de Bilbao aurait eu sans doute un effet contraire à celui recherché, avec le risque d’enflammer encore plus la situation au Pays basque, estimaient hier des analystes. Les autorités ont affirmé à plusieurs reprises ne pas vouloir agir dans la précipitation. La remise en liberté en juillet 1999 des 22 dirigeants de l’ancienne direction du bras politique de l’ETA, sur ordre du Tribunal constitutionnel, était apparue comme un revers pour le gouvernement espagnol. La Haute Cour avait cassé un jugement du Tribunal suprême, qui leur avait infligé sept ans de prison pour «collaboration avec bande armée», arguant que les poursuites «avaient porté atteinte aux droits» de la défense en raison de l’article du code pénal invoqué pour les condamner. Il est donc délicat pour Madrid d’agir contre Euskal Herritarrok (EH), un parti politique légal représentant 18 % de l’électorat basque, indique-t-on de source judiciaire. Cependant, le parquet de Bilbao a été saisi mercredi par le gouvernement et a déposé une plainte pour «apologie du terrorisme» contre le leader de EH, Arnaldo Otegi, qui avait qualifié les quatre «etarras» tués lundi dans l’explosion de leur voiture, probablement lors de la préparation d’un attentat de «patriotes» et «compagnons de lutte». Face à l’indignation de l’opinion publique, relayée par la presse, il n’est pas exclu que le ministère public entame de nouvelles poursuites contre M. Otegi pour ses déclarations incendiaires pendant l’hommage funèbre aux quatre militants de l’ETA. Mais dans les milieux judiciaires, on reconnaît que ces poursuites ont un avenir incertain en raison d’un flou dans le code pénal en matière «d’apologie du terrorisme». Dénonçant le «spectacle honteux» de la manifestation de samedi, le journal conservateur La Razon, entre autres, demande que «le ministère public prenne note de ce qui s’est passé à Bilbao, c’est-à-dire une véritable gifle aux victimes» du terrorisme. La politique de fermeté du gouvernement espagnol face au terrorisme, qui bénéficie du soutien de l’opposition socialiste, n’a parfois qu’une portée limitée concernant le maintien de l’ordre, en raison du large statut d’autonomie de l’Euskadi. Mais l’Exécutif poursuivra «sa politique antiterroriste d’une façon inéquivoque», a martelé dimanche son vice-président, Mariano Rajoy, dans une interview à La Razon. «Un gouvernement d’un État démocratique, civilisé et européen ne peut en aucun cas négocier avec une organisation terroriste», a-t-il insisté. «Il faut avoir confiance dans la loi, l’État de droit et les forces de sécurité», a-t-il ajouté. Cocktails Molotov D’autre part, des inconnus ont lancé dans la nuit de samedi à dimanche des cocktails Molotov contre deux agences bancaires dans la province basque de Biscaye (nord), sans faire de blessé, a indiqué la police. Dans la localité de Munguia, la déflagration a endommagé un distributeur de billets automatiques d’une succursale de la caisse d’épargne la Caixa. Un incendie provoqué par l’explosion d’un cocktail molotov a obligé les pompiers à évacuer les habitants de l’immeuble occupant les étages supérieurs, a précisé un porte-parole de la police. Un deuxième distributeur de la caisse d’épargne BBK à Bilbao a été attaqué de la même manière. Samedi soir, de jeunes séparatistes ont incendié huit conteneurs à ordures à Saint-Sébastien (province du Guipuzcoa), sans faire de blessé, a ajouté la même source. En moins d’une semaine, une cinquantaine d’actes de vandalisme ont été commis au Pays basque et dans la province voisine de Navarre par des groupes proches de l’organisation séparatiste basque l’ETA, toujours d’après la police. Les dégâts s’élèvent à plus de 300 millions de pesetas (1,80 million d’euros). Les plus importants concernent 16 autobus incendiés, obligeant des compagnies de transports à interrompre en partie leur service. Au total, 17 personnes ont été arrêtées après ces actions de «guérilla urbaine» qui interviennent après la mort lundi de quatre activistes présumés de l’ETA et alors que cette organisation séparatiste a redoublé ses attentats depuis une semaine.
La tenue d’une grand-messe des indépendantistes basques en hommage à quatre militants de l’ETA, qualifiée de «spectacle honteux» par la presse espagnole, illustre les difficultés du gouvernement central face aux pouvoirs d’une région autonome gouvernée par le Parti nationaliste basque (PNV). La demande d’autorisation pour ce rassemblement, qui a réuni à Bilbao (nord)...