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Actualités - CHRONOLOGIE

Privés de leurs journaux, les pro-Khatami se retrouvent coupés des jeunes

Deux journalistes iraniens réformateurs proches du président Mohammad Khatami ont été emprisonnés samedi et dimanche : c’est la dernière attaque en date contre ce courant, dépossédé de ses organes d’expression et qui ne peut plus atteindre une grande partie de son électorat, notamment les jeunes. Depuis l’écrasante victoire des réformateurs aux élections législatives du début de l’année, les attaques contre leurs journaux, leurs journalistes et leurs idées ont redoublé de la part des conservateurs. Samedi, l’éditorialiste Ibrahim Nabavi a été placé en détention provisoire. Dimanche, ce fut le tour de Mohammad Ghoutchani, un journaliste très populaire chez les étudiants. Premier signe de l’ouverture politique, promise par le président Khatami tout au long de sa campagne précédant son élection en mai 1997, l’éclosion des journaux, pour la plupart réformateurs, a été très mal vécue par le courant conservateur. Se réclamant du guide de la République islamique, l’ayatollah Ali Khamenei, les conservateurs estiment que les réformes et l’ouverture politique risquent d’être fatales à la primauté du clergé sur le régime. Depuis trois ans, les journaux, fondés ou dirigés par des proches ou des alliés du chef de l’État, ont été les cibles d’attaques et d’actions devant l’appareil judiciaire étroitement contrôlé par les conservateurs. Depuis mai dernier, au moins des 23 publications, hebdomadaires ou quotidiens, ont été suspendues principalement à Téhéran et dans une moindre mesure en province où d’une manière générale la presse est quasi absente. Ces journaux, parus grâce à la bienveillance du ministre de la Culture Ataollah Mohadjerani, étaient aussi bien lus par le grand public que par les étudiants et les intellectuels. Tirant de 50 000 à plus de 400 000 exemplaires selon les cas, ces journaux avaient à quelques exceptions près exactement le même style et employaient en majorité les mêmes journalistes, éditorialistes ou caricaturistes. Ils suivaient tous la stratégie d’ouverture politique du président Khatami avec ses thèmes dominants, à savoir «les réformes et la nécessité d’établir une société civile» en Iran. La contre-attaque des conservateurs a débouché il y un an sur l’adoption d’une loi particulièrement sévère sur les activités de la presse et la fermeture du quotidien réformateur Salam qui ont provoqué des troubles sans précédent à Téhéran et en province, réprimés par des «Bassidji» (miliciens islamiques). Les nombreux journaux réformateurs étaient devenus de véritables «porte-parole» de différentes factions politiques membres de la coalition du 2-Khordad (23 mai), du nom du jour de l’élection du président Khatami. Cette position très partisane a placé les journaux réformateurs en état de guerre politique avec les conservateurs, qui contrôlent les principales institutions politiques et religieuses du régime et préparent très clairement les prochaines élections présidentielles de 2001. Le premier acte du nouveau Parlement réformateur a été de vouloir amender la loi restrictive sur la presse mais un décret du guide l’en a empêché. À neuf mois des élections présidentielles du printemps prochain, avec un Parlement étroitement surveillé et une presse décimée, le courant réformateur risque de perdre considérablement de son auditoire dans le pays et notamment parmi les jeunes qui, à toutes les consultations électorales depuis celle du 23 mai 1997, ont porté puis maintenu les réformateurs au pouvoir.
Deux journalistes iraniens réformateurs proches du président Mohammad Khatami ont été emprisonnés samedi et dimanche : c’est la dernière attaque en date contre ce courant, dépossédé de ses organes d’expression et qui ne peut plus atteindre une grande partie de son électorat, notamment les jeunes. Depuis l’écrasante victoire des réformateurs aux élections...