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Actualités - REPORTAGES

Beiteddine - La diva interprète les gospels de Duke Ellington Jessye Norman prêche et convertit (photos)

C’est avec une certaine impatience qu’une grande partie du public de la soprano afro-américaine Jessye Norman a attendu son arrivée sur scène. Un des plus grands compositeurs de jazz, Duke Ellington, a écrit une trentaine de chants religieux, détail que seuls les amateurs avertis connaissaient. Le résultat est évidemment très étonnant et inattendu : outre le chœur, composé de cinq voix féminines et cinq voix masculines, et le piano, il y avait une batterie, une contrebasse, deux trombones, une trompette, un saxophone et une guitare acoustique. Jusque-là, rien que de très banal pour un orchestre de jazz. Mais le Duke a incorporé dans cet ensemble 4 instruments «classiques» : un violoncelle et trois violons. Peut-on qualifier ces chants de «gospels» ? Difficilement, vu l’apport instrumental et la grande part qui leur est accordée. Le chœur n’était pas vraiment l’élément principal, et Jessye Norman a somme toute relativement peu chanté. On ne se refait pas, quand on est compositeur de jazz. Pourtant, la ferveur est intacte, et la personnalité presque charismatique de la diva y était pour beaucoup. « Master of ceremony » 21 heures et quelques minutes : les musiciens et le chœur s’installent, et laissent passer près de 10 minutes dans un profond silence. Jessye Norman n’allait tout de même pas entrer tout de go sur scène : le propre d’une légende vivante n’est-il pas de se faire désirer ? Elle entame le premier air, David danced, en coulisses et a capella, avant d’apparaître. Un visage parfait, les cheveux en crinière retenus par un bandeau, une taille et des formes impressionnantes, sobrement vêtues d’une robe bleue nuit, proches des chasubles noires du chœur. Effet garanti. Jessye Norman en impose et surprend. La voix est encore là, grimpe haut et descend vers les profondeurs du blues. Si le pianiste sert de chef d’orchestre à l’ensemble, elle endosse le rôle du maître de cérémonie du gospel, le «master of ceremony». La Bible sous le bras, battant des mains avec son chœur, la chanteuse est comme un poisson dans l’eau. Qui mieux qu’elle pouvait interpréter et retranscrire la ferveur des messes noires-américaines ? Après deux heures de concert et une ovation debout pour ce remarquable hommage aux cent ans du Duke, la diva, infatigable, a chanté de nouveau tout le programme pour les besoins de l’enregistrement d’un disque. À cette occasion, ont été réunis autour d’elle les meilleurs musiciens. Pour ne citer qu’eux, Ira Colman, contrebassiste de Quincey Jones, de Miles Davis et de Herbie Hancock ; Grady Tate, batteur d’Ella Fitzgerald et de Sarah Vaughan ; Stanley Robinson, saxophoniste de Frank Sinatra et de Sammy Davis Jr. Du beau monde pour un programme unique. Alleluyah !
C’est avec une certaine impatience qu’une grande partie du public de la soprano afro-américaine Jessye Norman a attendu son arrivée sur scène. Un des plus grands compositeurs de jazz, Duke Ellington, a écrit une trentaine de chants religieux, détail que seuls les amateurs avertis connaissaient. Le résultat est évidemment très étonnant et inattendu : outre le chœur,...