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Actualités - REPORTAGES

Liban-Sud - Mini-déploiement de la Finul dans quatre positions Premier test réussi malgré deux accrocs(photo)

150 soldats et une dizaine de blindés et de véhicules militaires, nous sommes loin du déploiement massif tant attendu par la population du Sud libéré et par la communauté internationale. Mais en ce dimanche torride, il faudra s’en contenter et se féliciter du succès de ce premier test, malgré les réticences à peine dissimulées du Hezbollah, les tentatives de perturbation des Palestiniens et l’attitude goguenarde des Israéliens, qui, de l’autre côté de la ligne bleue, n’ont cessé d’observer les quatre nouvelles positions de la Finul, le long de la frontière avec le Liban. Ce qui est sûr, c’est qu’une page d’histoire est en train d’être tournée mettant fin à un dossier brûlant depuis 22 ans... Les Casques bleus népalais ont eu chaud, hier, et ce n’était pas dû à la température qui avoisinait les 36 degrés. Conformément au plan établi la veille, ils devaient se déployer sur l’ancien point de passage de Rmeich, transformé depuis le 24 mai dernier en cimetière des voitures pour les anciens miliciens de l’ALS partis en catastrophe. Ils se voient soudain arrêtés par des combattants du Hezbollah. Ceux-ci, de moins en moins barbus et hirsutes, se sont installés dans ce lieu stratégique après les scènes de pillage des voitures laissées par les fuyards et officiellement pour contrôler cet ex-point de passage. Simple malentendu, contretemps ou avertissement déguisé, les Casques bleus népalais, tendus à l’extrême, ne savent pas trop quoi penser et se sentent complètement dépassés. Flairant l’événement juteux, les journalistes s’agglutinent autour des six jeeps blanches et des trois VTT peints aux couleurs de la Finul. Enfin, un incident qui donne un peu de relief à ce mini-déploiement plutôt morose, la population ayant été tenue à l’écart, afin d’éviter d’éventuels débordements. Contacts tous azimuts Les supputations vont bon train et les téléphones portables ainsi que les divers émetteurs sont utilisés à pleins tubes, chacun voulant essayer de comprendre ce qui se passe. Cinq combattants du Hezbollah bloquent le passage et paraissent intraitables, affirmant n’avoir pas reçu d’instructions pour évacuer le lieu. Pour éviter de vives discussions, le responsable de l’unité népalaise se retire pour faire ses contacts discrètement et l’opération de déploiement semble gelée. L’incident ne surprend pas les personnes présentes qui, à force de reports, ne croyaient plus au déploiement de la Finul. Surtout après l’opération avortée de vendredi. Pourtant, samedi, le ton officiel semblait plus ouvert et la présidence de la République avait annoncé avoir donné son feu vert à un premier déploiement limité, après un entretien téléphonique entre le chef de l’État, le général Émile Lahoud, et le nouveau président syrien Bachar el-Assad, qui, reprenant la coutume établie par son père, fait le point sur la situation avec le président libanais tous les samedis. Le plan établi samedi prévoyait donc le déploiement des Casques bleus dans quatre points stratégiques, le long de la frontière, en guise de prélude à un déploiement plus vaste. Il s’agit d’anciennes positions israéliennes dans les secteurs est et central, à quelques mètres de la nouvelle ligne bleue tracée par l’Onu : Hammamess, face à la localité de Mtollé (Israël), de Labbouné entre Naqoura et Alma Chaab, de Rmeich et de Abassiyé. Depuis le retrait israélien, le 24 mai dernier, le Hezbollah s’était installé dans ces lieux, officiellement pour empêcher les débordements des citoyens frustrés par tant d’années d’occupation et aussi pour surveiller d’éventuelles infiltrations. Les combattants se retirent... Si son installation dans certains villages (chrétiens notamment) avait provoqué un vif tollé le poussant à rester à l’écart de la population, nul, au Liban, n’avait protesté lorsqu’il a pris position le long de la frontière. Mais pour la communauté internationale et pour Israël, c’était une solution inacceptable, car elle signifiait que le dossier du Liban-Sud devait rester ouvert et de temps en temps brûlant. Ce n’est donc pas tant la sécurité des populations civiles du Sud qui intéressait la communauté internationale, mais bien celle d’Israël, devenue condition indispensable à toute donation pour la reconstruction de la zone libérée. Le Liban a malgré tout tenu bon et finalement après l’élimination de la plupart des empiétements israéliens (il n’en reste plus qu’un en suspens et les experts devront s’y rendre dès que l’unité ukrainienne aura achevé le déminage de la route qui y mène), il a donné son accord à un premier déploiement. Dès l’aube d’hier, quatre unités de la Finul se sont donc dirigées vers les lieux prévus : suédoise pour Hammamess, fidjienne pour Labbouné, indienne pour Abassiyé et népalaise pour Rmeich. Le premier accroc a donc eu lieu à Rmeich et pour les journalistes et les soldats l’attente est longue sous le soleil brûlant. Les combattants du Hezbollah ayant interdit à tout le monde d’approcher, il n’y avait aucun échange possible. Et, lorsque le brigadier Maher Toufayli, chargé de la coordination avec la Finul, est arrivé sur les lieux en compagnie du commandant de la force internationale, le général Seth Kofi Obeng, ils ont été accueillis comme des envoyés de Dieu. Les deux hommes discutent avec animation et décident finalement d’avancer au-delà du barrage du Hezbollah. Ils disparaissent pendant une heure et, soudain, comme par miracle, les combattants du Hezbollah s’en vont, multipliant amabilités et excuses à l’égard des Casques bleus. La version officielle stipulera qu’il s’agissait pour le brigadier et le général de vérifier certains points le long de la frontière, mais quelle que soit l’excuse, le déploiement a été retardé d’environ deux heures avant que les combattants du Hezbollah ne se décident à partir, pas trop loin d’ailleurs puisqu’ils continuent à surveiller la région. En face, des blindés israéliens ont été postés de l’autre côté du fil barbelé et les soldats qui en ont la charge ont suivi toute la scène à l’aide de jumelles, faisant des mimiques ironiques à l’adresse des Casques bleus et aux journalistes. Les Palestiniens veulent voir leur terre L’incident clos, le Hezbollah réaffirme qu’il ne s’oppose pas au déploiement de la Finul et toutes les parties concernées précisent que le plan se déroule comme prévu. Pourtant un autre accroc a lieu à Abassiyé lorsque plusieurs Palestiniens s’approchent du barrage des Casques bleus indiens, établi sur une ancienne position israélienne. «Nous voulons voir notre terre et respirer son air», lancent-ils aux Casques bleus, essayant de miser sur la fibre émotionnelle, mais les soldats indiens ne veulent rien entendre. Leurs instructions sont très strictes, nul ne doit aller au-delà de ce barrage. Les Palestiniens rebroussent chemin bredouilles, mais l’alerte aurait pu être chaude. Finalement, le plan établi est exécuté sans trop de problèmes et, petit à petit, dans la plus grande discrétion, le dossier du Sud Liban est en train d’être fermé. La frontière israélienne est donc bien protégée et elle le sera encore plus lorsque le déploiement global sera exécuté, après la réunion d’aujourd’hui entre les commandements de l’armée libanaise et de la Finul. Reste à savoir quand viendra le tour de protéger la population libanaise, qui n’en finit plus d’attendre des aides qui ne viennent pas, comme si, libération ou pas, elle était condamnée à être une éternelle victime.
150 soldats et une dizaine de blindés et de véhicules militaires, nous sommes loin du déploiement massif tant attendu par la population du Sud libéré et par la communauté internationale. Mais en ce dimanche torride, il faudra s’en contenter et se féliciter du succès de ce premier test, malgré les réticences à peine dissimulées du Hezbollah, les tentatives de perturbation...