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Actualités - REPORTAGES

Société - Le Conseil féminin libanais accueille les candidates Les femmes prêtes à faire leurs preuves aux élections(photos)

Elles étaient élégantes, bien préparées pour l’occasion. Affichant beaucoup de confiance, discours et programmes électoraux à l’appui, six candidates ont défilé à la tribune du Conseil féminin libanais. Des femmes dans la course, et en grand nombre (surtout cette année), cela ne fait pas partie des mœurs politiques du pays. Invitées par le Conseil féminin libanais, elles sont venues exposer leurs idées et faire connaissance avec un public principalement formé de personnes militantes de la société civile. Elles ont impressionné l’auditoire, par leur courage, mais aussi par leur sensibilité sociale, et par la rigueur à laquelle le microcosme politique ne nous pas habitués.. «Nous sommes les candidates de la nation tout entière», a affirmé en début de séance la présidente du Conseil, rappelant par là que le député est élu pour représenter toute la nation et non sa seule circonscription. Les cheveux courts, le regard vif, Ghada Ibrahim grimpe, parmi les premières à la tribune, d’un pas décidé. D’une voix claire, elle entame un discours qui révèle bien le personnage. Candidate au siège sunnite de Tripoli, elle a 42 ans, et la rage de réussir. Si elle n’est pas encore très connue sur la scène politique, elle s’est par contre forgé une réputation de juriste chevronnée pour avoir brillamment représentée Fatmé (la fillette sauvagement torturée par son employeuse à Tripoli). «J’apporte un seul et unique titre à ma campagne, à savoir la lutte contre les mentalités traditionnelles». «Nous avons eu le courage de le faire», ajoute-t-elle en parlant des femmes qui se sont présentées. «Ce n’est pas la société qui défend notre cause. C’est plutôt nous qui portons sur la place publique les maux et les soucis de cette société, y compris les problèmes de discrimination contre la femme». C’est bien pourquoi la campagne aura pour titre, «le droit à la participation» poursuit l’avocate. Ce droit, c’est celui des pauvres, des intellectuels, des jeunes et des étudiants, «depuis longtemps marginalisés», et qui doivent soutenir la candidature des femmes, ajoute la candidate qui estime que ce ne sont pas seulement les représentants des classes nanties qui ont le droit de se présenter aux élections. Et Ghada Ibrahim de dénoncer vivement la puissance de l’argent lors des élections, «un outil indispensable» lui disent ses détracteurs et dont elle se passe volontiers, elle qui dit vouloir combattre les pratiques traditionnelles. La participation, reprend l’avocate, c’est la «participation à la prise de décision», précisant que celle-ci doit être effective et se fonder sur la compétence. Compétence, expertise, deux caractéristiques que Ghounwa Jalloul, candidate sunnite au siège de Beyrouth, mettra en avant à travers son programme électoral, principalement axé sur la rationalité. Elle-même scientifique de formation elle est professeur de sciences informatiques à l’AUB, conseillère ( toujours en informatique ) auprès de la MEA et de la Caisse des déplacés. «À quoi nous servira la politique politicienne à l’époque de la globalisation ?» fait-elle valoir d’un ton convaincant. Selon elle, «un des dangers de la globalisation est l’isolement économique». Dotée d’un esprit scientifique, rigoureux, elle prône, cela va de soi, l’informatisation de la législation et son adaptation aux besoins du siècle. «Si je suis élue, je mettrai en place une législation pour régulariser le commerce, de manière à nous préserver des dangers de la globalisation. Car, dit-elle, il n’existe aucune loi qui régit ce domaine, ni celui de l’Internet». Et d’ajouter : «Je ne bénéficie pas d’héritage politique, mais je détiens un legs scientifique certain». Un legs qu’elle compte mettre à profit une fois qu’elle intégrera l’Assemblée nationale. La candidate insistera également sur la nécessité d’entreprendre une véritable réforme administrative, «celle-ci n’ayant malheureusement pas abouti» (…), «pour ne plus avoir recours à tel ou tel député, les institutions n’étant pas encore prêtes à remplir leurs fonctions». Place ensuite à la Santé publique avec le Dr. Ghada el-Yafi, la fille de l’ancien Premier ministre Abdallah el-Yafi, candidate au siège sunnite de Beyrouth. «Parce que je crois» : tel est le titre de la brochure électorale en couleurs, portant le portrait de la candidate. «En un Liban, fondé sur les valeurs nationales et non confessionnelles, un Liban institutionnel et non un pays des quotes-parts, le Liban de la légalité et de la dignité, celui des droits de l’homme». Mais là n’est pas l’essentiel du programme de Ghada el-Yafi. C’est plutôt sur la santé publique et l’éducation qu’elle axe l’essentiel de son discours électoral. Elle prône la création d’hôpitaux publics, dont l’un à Beyrouth. Elle se prononce également en faveur de la Sécurité sociale, «dont tout les citoyens doivent pouvoir bénéficier à égalité, qu’il s’agisse de la CNSS ou des sociétés d’assurances privées». Un dossier extrêmement important, relève le médecin, est celui de la collecte et de la destruction des déchets biologiques et radioactifs des hôpitaux et laboratoires qui doivent être effectuées régulièrement et de manière strictement contrôlée. Quant aux médicaments, «ils doivent être vendus sous des noms génériques, affirme la candidate, afin que le citoyen puisse choisir selon ses moyens». Le médecin souligne en outre l’importance de réactiver le bureau des médicaments, d’en contrôler l’importation et de lancer des campagnes nationales de prévention des maladies transmissibles en adoptant également une politique de santé scolaire. Sur le plan de l’éducation, la candidate se prononce pour une politique pédagogique encourageant les valeurs humaines et démocratiques, qui doit être accompagnée d’un programme de formation approfondi des enseignants «qui doivent être instruits sur le sens des responsabilités». Qu’en est-il de l’économie ? Ghada el-Yafi est en faveur d’une législation limitant la main-d’œuvre étrangère. Elle prône l’encouragement de l’investissement dans le domaine des technologies avancées «à condition, dit-elle, que soient embauchés les Libanais». Économiste, Jamale Gabriel, candidate pour les minorités au siège à Beyrouth, parlera, cela va sans dire, d’économie. «Une économie saine est une économie de production qui se fonde sur les ressources humaines du pays», dit la candidate, qui, tout au long de son exposé, mettra en relief l’absence quasi totale d’une production nationale libanaise. «Il n’y a ni politique ni politicien si les intérêts économiques d’un pays sont inexistants et si la sécurité sociale n’est pas assurée». «Le reste est littérature». «Nous avons réalisé une victoire historique sur l’ennemi. Il est temps de réaliser une victoire sur l’individualisme, une victoire sur soi», dit-elle , voulant dire par là que la résistance morale, la liberté, la politique, le social aussi bien que l’économique, constituent un tout indissociable. «La science politique n’est-elle pas complémentaire des sciences sociales ? s’interroge-telle. Par conséquent, la politique, lorsqu’elle ne permet pas de donner à manger à sa faim, celle qui n’assure pas les moyens de scolariser les enfants, ou de les faire soigner à l’hôpital lorsqu’ils tombent malades, n’est plus de la politique, c’est de la féodalité vidée de tout sens», affirme l’économiste. Elle plaide en faveur d’une philosophie sociale qui reconsidère les modèles politiques et économiques existants. «Il est impératif d’établir des plans de développement qui définissent exactement et avec précision ce dont le pays a besoin et détermine les secteurs de production». Et Jamale Gabriel de souligner que le temps des commissions et de la «chatara» libanaise est révolue, surtout avec l’avènement de l’Internet. L’économie réelle est mesurée en terme de productivité d’un pays, dit-elle, en rappelant que ce sont des domaines comme le tourisme et les soins hospitaliers qui constituent aujourd’hui des secteurs d’autant plus florissants qu’ils sont devenus des plus complexes, tant sur le plan des législations qui les régissent que sur le plan des compétences requises. Bref, dit-elle, «le député n’a pas simplement pour fonction de légiférer, mais de comprendre et d’établir un lien entre tous les secteurs, d’avoir le sens de la coordination et de planifier. Il doit être en quelque sorte un peu visionnaire», conclut-elle. Et qui avait dit que les femmes n’étaient pas des stratèges ? En tous les cas, plusieurs parmi ces candidates l’ont prouvé, du moins à travers leurs programmes, rigoureux, précis. De plus, elles ont ce quelque chose de plus qui les distingue des candidats hommes : la motivation et la détermination de parvenir. Elles ont aussi cette sensibilité qui feront d’elles les défenseurs d’une cause sociale qui a longtemps été ignorée par nos députés hommes. Cela ne vaut-il pas la peine de leur donner leur chance ?
Elles étaient élégantes, bien préparées pour l’occasion. Affichant beaucoup de confiance, discours et programmes électoraux à l’appui, six candidates ont défilé à la tribune du Conseil féminin libanais. Des femmes dans la course, et en grand nombre (surtout cette année), cela ne fait pas partie des mœurs politiques du pays. Invitées par le Conseil féminin libanais,...