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Actualités - ANALYSE

L'Est pose cinq conditions pour la participation

Une personnalité religieuse de l’Est exprime de forts soupçons à l’encontre des prochaines législatives. En citant les facteurs négatifs suivants : une loi électorale discriminatoire et déséquilibrée ; une impartialité non garantie du pouvoir. Et une pesante présence militaire syrienne. Dès lors, pour que la liberté de vote soit vraiment assurée, ce dignitaire religieux pose les cinq conditions suivantes : – Prohiber toute forme de pression sur les électeurs, et notamment sur les fonctionnaires menacés dans leurs intérêts s’ils ne votent pas pour les candidats bien en cour. – S’assurer que les pôles influents locaux ou régionaux ne s’immisceront pas dans l’élaboration des listes, pour contraindre des leaders que séparent des divergences personnelles ou politiques à s’allier. Cela afin de barrer la voie à des candidats déterminés, en les empêchant de former des listes complètes. – Assurer sans problème la carte électorale, retenue comme seul moyen de vote à tous les électeurs, pour qu’on cesse de dire que les partisans du pouvoir l’obtiennent sans difficulté alors que les opposants n’y parviennent qu’au bout d’un véritable calvaire. – Annuler le décret de dissolution des Forces libanaises, pour qu’elles puissent participer à la vie politique locale. – Permettre au président Amine Gemayel et au général Michel Aoun de retourner au pays, pour participer aux élections par le vote ou par la candidature. Une telle mesure servirait à corriger un peu les déséquilibres politiques intérieurs qui jouent en défaveur des chrétiens et notamment de la communauté maronite. À ce propos, le prélat cité relève que «le plafond du discours politique tenu par le Dr Albert Moukheiber semble admis». «Il n’y a apparemment aucune objection à ce que des parties politiques proches ou éloignées de Damas, s’allient avec l’ancien ministre, dont les positions en flèche sont connues, ajoute-t-il. Dans ces conditions, pourquoi refuse-t-on au président Gemayel et au général Aoun le droit d’être présents sur la scène, alors que les thèmes qu’ils développent ne diffèrent pas de ceux du docteur ? Est-ce l’âge avancé de ce dernier qui plaide en sa faveur, est-ce parce que l’on pense que sa voix n’aurait aucun impact sur le cours des choses et ne pourrait initier un quelconque changement au sein de la Chambre ? Est-ce parce que son élection éventuelle servirait de soupape de sûreté pour dégonfler un peu le mécontentement de la collectivité chrétienne ? Est-ce enfin parce que le retour du président et du général provoquerait la montée en puissance d’un courant populaire hostile à certains candidats loyalistes et déstabiliserait le système ?» Et d’ajouter que si «l’on veut être fixé, si l’on veut savoir si le président Gemayel et le général Aoun disposent encore ou non d’une assise populaire, ce qui fait l’objet d’une controverse dans les cercles politiques, il faut d’abord qu’ils reviennent. Les résultats des élections diraient alors si les deux hommes gardent leur force ou si elle s’est évanouie au fil des années, comme le soutiennent certains. Si c’est le cas, leurs adversaires auraient intérêt à les laisser retourner, pour qu’ils n’endossent plus le rôle politiquement rentable de victimes d’une pure vindicte». «Par ailleurs, poursuit le dignitaire religieux, pourquoi y a-t-il deux poids deux mesures en ce qui concerne les seigneurs de la guerre, dont certains sont condamnés alors que d’autres sont au pinacle ? Est-ce en fonction du ralliement à Taëf ? Oublie-t-on qu’un régime véritablement démocratique doit respecter la pluralité des opinions et éviter d’imposer une pensée unique ? Au Liban il existe des formations qui militent pour l’unité arabe, pour l’union avec la Syrie ou pour une république islamique, des partis qui ne croient pas que le Liban soit une patrie unique et définitive pour ses fils. Ces adversaires de l’entité libanaise, de sa souveraineté, de son indépendance, on ne leur dit rien. Taëf est devenu une Constitution et ceux qui s’y opposent ont parfaitement le droit de militer pour sa révision, en tentant de trouver une majorité qui la décide. Nul n’a le droit d’interdire l’exercice de ce droit élémentaire, surtout quand cela provoque des déséquilibres dans la représentation communautaire, comme cela se produit au Liban. Les sunnites, les chiites et les druzes ont des leaders qui les représentent valablement à la Chambre. Ce n’est pas le cas pour les chrétiens, et surtout pour les maronites, dont les pôles se voient ostracisés, ne peuvent ni former des listes ni se présenter aux élections. C’est de là que provient le déséquilibre politique intérieur et le désenchantement de la collectivité chrétienne». De son côté, le patriarche Sfeir déclare en substance devant ses visiteurs que «dans les pays où la démocratie règne, la voie est ouverte devant toutes les couches de la population pour participer à l’édification comme à la prospérité de la société. Les citoyens doivent alors être bien conscients de leurs responsabilités et les exercer conformément aux lois établies. Si certains ont à se plaindre des méthodes du pouvoir ou des lois en vigueur, le système leur permet d’agir, dans des paramètres légaux déterminés, en vue du changement. Le processus doit pouvoir se dérouler sans qu’on cherche à l’entraver par la tromperie ou par la falsification de la volonté des citoyens. C’est là une condition essentielle en démocratie».
Une personnalité religieuse de l’Est exprime de forts soupçons à l’encontre des prochaines législatives. En citant les facteurs négatifs suivants : une loi électorale discriminatoire et déséquilibrée ; une impartialité non garantie du pouvoir. Et une pesante présence militaire syrienne. Dès lors, pour que la liberté de vote soit vraiment assurée, ce dignitaire...