Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGES

Fetival de Baalbeck "Anachid" : les célébrations de l'amour et de la liberté (photos)

Coup d’envoi du festival de Baalbeck avec Anachid célébrant l’amour à travers la musique, le chant et la poésie. Création purement libanaise, cette soirée était placée sous les signes et les couleurs de la passion dans une «scénographie» de Nidal al-Achkar donnant subtilement vie et lumière aux «actants» de ce récital empruntant avec lyrisme le labyrinthe des intermittences du cœur. Ouverture avec Le Cantique des Cantiques de Zad Moultaka, qui présente là une narration musicale inédite de facture moderne et audacieuse. S’inspirant de l’un des plus beaux chants d’amour de la littérature universelle, ce jeune musicien dont on connaissait déjà le talent de pianiste inspiré et de peintre à la vision insolite vient d’offrir aux mélomanes libanais une partition aux sonorités riches et troublantes. Oscillant entre une vaste culture musicale occidentale où l’on perçoit des influences de Stravinsky et Ravel et une effusions levantine usant d’un quart de ton si proche de l’univers des «mouwachahat», Zad Moultaka a transformé cette fiévreuse histoire d’amour du roi Salomon et d’une Sulamite en une grave et dense cantate aux modulations chatoyantes. Une cantate profane qui aspire certes au sacré, mais où la charge érotique est omniprésente. S’ouvrant sur les délices et l’ivresse d’un baiser et d’un «amour meilleur que le vin», Anachid déploie avec magnificence et tensions sonores toutes les tourmentes et les secrètes pulsions du désir ainsi que de la liberté d’aimer. Inquiétante, angoissante, parfois grinçante, usant avec subtilité des harmonies dissonantes et des accords surprenants, cette œuvre reflète sans nul doute les préoccupations des valeurs immortelles où l’amour dans toutes ses imprévisibles et redoutables manifestations demeure une énigme que nul n’élude... Pour traduire la sensualité, la langueur, le chagrin, l’élan, l’espoir, la peur, le refus, bref tous les troubles d’un cœur transi d’amour, la voix de Fadia Tomb el-Hage somptueuse avec ses cheveux relevés sur le front et qui descendent en cascades sur le léger décolleté d’une robe longue, lamée, dorée (création Gaby Abi Rached). L’Orchestre de Boulogne-Billancourt dirigé par Philippe Hui était accompagné du chœur de l’Université de Louaizé. Après l’entracte, Mounajat, une musique toujours incantatoire mais cette fois signée Marcel Khalifé, trouvère de la cause arabe et chantre du oud. Sur le sillage incandescent du verbe des poètes (al-Hallaj, Adonis, Ounsi el-Hajj, Mahmoud Darwich, Chawki Basih, Kassem Haddad, Habib Younes, Joseph Harb), la musique a exprimé toute l’essence et les effluves de l’Orient, où l’amour dans ses multiples visages a brillé dans la voix, une fois de plus, de Fadia Tomb el-Hage, apparue imposante comme une vestale de l’Olympe dans une nouvelle robe longue en mousseline fine marquée par une large ceinture à la taille. Pour lui donner la réplique, Abdel Karim Chaar exécuta aussi un superbe chant a capella qui retentit jusqu’au lointain faisant oublier aux auditeurs un peu gênés cette agaçante musiquette «hichik-bichik» (qu’on nous pardonne la familiarité de propos arabes si populaires) lâchée à gros décibels par les cafés avoisinants... Mais le moment le plus touchant de la soirée et certainement qui a mis plus de vie et de joie à un récital marqué par la gravité et une froide solennité est celui où Marcel Khalifé qui, après avoir chaleureusement salué et remercié le public, s’est emparé de son oud et en a tiré quelques accords à vous emporter très loin... Une grappe de notes douces et lumineuses comme les raisins de cette région s’est échapée alors du piano... Le père et le fils Khalifé, unis dans une même passion de la musique, ont offert à l’auditoire, la fraction de quelques instants, un moment de paix, de sérénité et de magie sous le quart d’une lune opaline.
Coup d’envoi du festival de Baalbeck avec Anachid célébrant l’amour à travers la musique, le chant et la poésie. Création purement libanaise, cette soirée était placée sous les signes et les couleurs de la passion dans une «scénographie» de Nidal al-Achkar donnant subtilement vie et lumière aux «actants» de ce récital empruntant avec lyrisme le labyrinthe des...