Aéronautique - Le salon de Farnborough ouvre ses portes Emirates et Air France, les deux premiers à signer pour l'A3XX d'Airbus

La compagnie aérienne de Dubaï, Emirates, et Air France sont devenues hier les deux premiers transporteurs à s’engager formellement à acquérir l’avion géant A3XX d’Airbus, pour un total de 22 appareils, options comprises, a annoncé Airbus. Emirates, premier à exprimer son intérêt pour l’oiseau géant d’Airbus en avril dernier, a signé une lettre d’intention pour une commande de 7 A3XX, dont 2 versions fret, lors du salon aéronautique de Farnborough, qui s’est ouvert hier et se tient jusqu’au 30 juillet. Emirates a aussi pris des options pour 5 appareils supplémentaires. Les livraisons des avions passagers commenceront en février 2006, et celles des avions de fret au printemps 2008. L’accord a été signé par le président d’Emirates, Ahmed bin Saeed al-Maktoum, et le patron d’Airbus, Noël Forgeard. «Je suis sûr que beaucoup d’autres compagnies vont suivre l’impulsion que donne Emirates en devenant le client de lancement de l’A3XX, partageront la même vision et démontreront le succès du programme», a déclaré M. Forgeard. Moins d’une heure plus tard, Airbus annonçait qu’Air France avait lui aussi confirmé une intention d’achat pour 10 A3XX, qui comportera 555 sièges dans sa première version. «Nous sommes convaincus que cet appareil est idéalement adapté aux besoins évolutifs d’Air France pour le XXIe siècle», a déclaré le PDG de la compagnie française, Jean-Cyril Spinetta, cité par un communiqué d’Airbus. De son côté, M. Forgeard s’est dit «très honoré qu’Air France, l’un de nos plus gros clients et l’une des premières compagnies aériennes dans le monde, devienne également un client de lancement pour l’A3XX qui sera le produit-phare de ce siècle». Aucun détail financier n’a été révélé. Les premières compagnies qui s’engagent à acheter l’avion bénéficieront d’un rabais pour contrebalancer les risques liés au lancement. Le coût global de l’appareil est évalué entre 10 et 12 milliards de dollars. Une décision de lancement industriel doit être prise avant la fin de l’année. L’A3XX doit permettre à Airbus d’entamer le monopole de son rival américain Boeing, qui règne sans partage sur le créneau des avions de plus de 400 sièges depuis 3 décennies. Neuf compagnies aériennes, dont Emirates et Air France, ont exprimé leur intérêt pour un total de 52 A3XX, selon M. Forgeard. L’asiatique Singapore Airlines, l’australienne Qantas, la compagnie de leasing américaine ILFC figurent aussi parmi les groupes ayant publiquement déclaré leur intérêt pour l’avion. Des commandes portant sur un total de 200 appareils de l’ensemble de la famille Airbus vont être annoncées pendant le salon de Farnborough, selon M. Forgeard. Entre les 2 contrats pour l’A3XX, Airbus a déjà glissé l’annonce d’une commande de 50 appareils (15 long-courriers A330 et 35 moyen-courriers de la famille des A320) par le loueur d’avion américain CIT Aerospace. «Nous allons dépasser le niveau de 500 nouvelles commandes cette année», a déclaré M. Forgeard. L’an passé, l’avionneur européen avait engrangé 476 commandes fermes, dépassant Boeing pour la première fois de son histoire. Boeing a de son côté indiqué qu’il pourrait modifier sa stratégie et construire un nouvel avion géant d’ici à 15 ans si la demande se confirme. Boeing, qui prévoit en attendant d’allonger son 747, table sur une demande pour 87 avions géants dans les 10 ans et 340 dans les 20 ans. «Nous pourrions construire un nouvel avion, mais cela n’a pas de sens. D’ici à 15 ou 20 ans, si c’est nécessaire, nous pourrons le faire», a déclaré aux journalistes le vice-président de Boeing chargé du marketing, Randy Baseler. Airbus évalue de son côté le besoin en très gros porteurs à 1 500 unités dans les 20 années à venir, dont 300 pour les avions cargos.