Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras

C’est fou comme elles ne se démodent jamais, les phrases des pages roses de chez Larousse. Et elles ne manquent pas, encore moins en ce moment, les occasions de prendre un homme ou une femme par la main et de lui dire, gentiment, en souriant : «Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras». Par exemple… Promenez-vous rue Monot ou dans un des recoins du Hermel, vous les verrez par centaines, ces affiches placardées partout, vraiment partout, n’importe où… Vous aurez sans doute le réflexe, ou la curiosité – si, si, ça peut arriver – de vous en rapprocher et de lire le nom qui y est inscrit. Neuf fois sur dix, vous ne le connaissez pas. D’ailleurs, personne ne le connaît. L’un est boulanger de quartier, l’autre a fait un an de droit, le troisième est petit chef de bureau dans une obscure administration, un autre est boucher, le troisième «docteur», la plupart, les guignols d’entre eux, n’ont absolument rien à proposer et ne rêvent que de la plaque bleu clair et des notes faramineuses de restaurants qu’on leur remboursera… Ils hypothéqueront leur voiture, ils priveront femme et enfants de fast food pendant trois ans, ils iront même jusqu’à vendre le tric-trac en ivoire, la narguilé, les (faux) bijoux de madame, et tout ça pour des affiches et une cravate souvent pas très très jolie. Et au bout du compte : pas de fauteuil place de l’Étoile, rien, même pas de lot de consolation. Si vous connaissez, appréciez ou simplement rencontrez un de ces illustres inconnus, répétez-lui donc au creux de l’oreille ce conseil d’ami, ces huit mots qui le feront peut-être réfléchir, tourner sept fois sa candidature dans son lit, éviter des drames… Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras. À suivre…