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Actualités - ANALYSE

Beaucoup d'agitation en marge des tractations électorales

Ces élections s’avèrent finalement assez surprenantes. Elles sont, bien sûr, visibles et prévisibles au niveau du résultat global. Mais la marche qu’elles suivent semble cahotique, émaillée de chocs quotidiens, plus ou moins forts. Le cas Gemayel continue à susciter des remous, autant que les prises de bec entre membres du gouvernement, les scissions entre anciens alliés comme MM. Frangié et Karamé, ou encore l’absence d’accord entre deux symboles d’une même ligne, l’émir Talal et M. Hobeika. Sans compter, bien entendu, le froid, aussi perceptible qu’étonnant, entre un leader de l’envergure de M. Joumblatt et les décideurs. Et l’on commence à s’apercevoir qu’il y a loyalistes et loyalistes, que tout le monde n’est pas logé à la même enseigne et que des bribes de pouvoir risquent de changer de mains, même si le système reste le même. Ceux qui sont encore en place se défendent comme ils peuvent. Mais ils ont du mal, par exemple, à endiguer les effets de l’affaire Gemayel. Surtout au Metn où leurs adversaires exploitent à fond cette incidence sur le plan d’une opinion publique qui se sent comme qui dirait offensée. Pour tout dire, en période d’élections, on aurait voulu couler les loyalistes au Metn qu’on n’aurait pu inventer mieux. D’autant qu’encore une fois le chef du gouvernement, après avoir condamné l’eau qui lui est passée sous les pieds sans qu’il le sache, tarde à prendre des sanctions. Tout comme pour l’histoire dite du communiqué des sources autorisées, le président du Conseil dénonce après coup des pratiques officielles, mais sans mettre les points sur les i à l’adresse de l’opinion et sans dire comment il va faire pour gouverner lui-même. «M. Sélim Hoss, et avec lui tout l’appareil politique qui couvre de tels dérapages risquent de faire les frais de la campagne virulente orchestrée par l’opposition autour de l’affaire Gemayel» indique un indépendant influent. Une hypothèse qui semble a priori peu plausible. On est en effet déjà aux portes des élections, à l’issue desquelles le gouvernement devra en tout cas rendre son tablier. Toujours est-il qu’au Metn, les parties intéressées directement par l’affaire Gemayel manœuvrent pour leur part avec une circonspection remarquée. Les protestations fusent certes, mais l’on évite soigneusement de mettre en cause le régime ou même le chef du gouvernement, en imputant les bévues à des cadres inférieurs. Une attitude que le même indépendant précité traduit en axiome métaphore : «Il ne faut jamais provoquer un fauve blessé», rappelant qu’au Metn, «la liste dite principale est vraiment très proche du pouvoir. Alors qu’en face, il y a le propre fils du président Gemayel. Le jeune Pierre souhaite être élu. Il faut donc éviter de provoquer un veto radical, définitif, contre sa personne». Et de relever que le Dr Albert Moukheiber, que le candidat Gemayel a rencontré récemment, est tout à fait d’accord pour que les suites de l’affaire du président, encore une fois empêché de venir au Liban, soient traitées dans le calme, sans pour autant renier les principes de transparence. Mais d’autres parties locales opposantes n’ont pas de telles retenues. Impliquées dans une bataille où elles savent ne pas pouvoir remporter des sièges, elles distillent des critiques acerbes à l’égard d’un pouvoir qui ne contrôle pas ses fonctionnaires. Sur le plan des listes, il est possible qu’il y en ait trois cette fois au Metn. La première dirigée par M. Michel Murr, la deuxième par M. Nassib Lahoud et la troisième regroupant le Dr Albert Moukheiber et M. Pierre Gemayel. Les tractations ne sont certes pas terminées, mais dans l’entourage du Dr Moukheiber comme de M. Nassib Lahoud, on exclut pour l’heure qu’ils reconduisent leur alliance de 1996.
Ces élections s’avèrent finalement assez surprenantes. Elles sont, bien sûr, visibles et prévisibles au niveau du résultat global. Mais la marche qu’elles suivent semble cahotique, émaillée de chocs quotidiens, plus ou moins forts. Le cas Gemayel continue à susciter des remous, autant que les prises de bec entre membres du gouvernement, les scissions entre anciens alliés...