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Actualités - REPORTAGES

Festival de Baalbeck - Nuit afro-jazz dans le temple de Jupiter Trois programmes, une source : l'Afrique (photos)

Le point commun entre le Tunisien Anouar Brahem, le Français Jean-Luc Ponty et le Zaïrois Papa Wemba ? Les rythmes africains. À l’origine du blues, du jazz et des airs qui traversent une bonne partie des continents, les organisateurs du Festival de Baalbeck ont aussi voulu faire connaître toutes les musiques de ce continent, et surtout rappeler que le Maghreb, c’est d’abord l’Afrique du Nord. Après deux soirées – «Anachid» et «Event» –, très «cérébrales», les marches du temple de Jupiter se sont laissées gentiment bousculer par un programme beaucoup plus proche d’une vraie fête, où le contact des musiciens et des chanteurs avec le public, particulièrement jeune, a été immédiat. 21 heures et quelque : Anouar Brahem, un des joueurs de oud les plus appréciés des musiciens de jazz et des compositeurs contemporains –comme en témoignent ses collaborations avec Jan Garbarek, Maurice Béjart ou Gabriel Yared –, entre sur scène. Accompagné du clarinettiste Barbaros Erkose et du percussionniste Lassaad Hosni. L’enthousiasme a été tel que les trois musiciens, rappelés debout par le public, sont restés plus d’une heure sur scène, alors que leur temps de passage était officiellement de 45 minutes. La virtuosité avec laquelle les musiciens dépassaient les limites de leurs instruments était impressionnante : le bruit du tambourin imitait les claquettes espagnoles, le luth se rapprochait parfois de la guitare sèche, avec des effets de «slide», tandis que la clarinette était tantôt tzigane, tantôt orientale. Un vrai régal, qui a certainement incité plus d’un auditeur à se précipiter dès le lendemain chez son disquaire. Anouar Brahem, né en 1957, a appris le oud dès l’âge de 10 ans. «J’ai effectué dix ans d’apprentissage quotidien avec mon maître, Ali Sriti», raconte-t-il. «Grâce à lui, j’ai pu rentrer encore plus profondément dans les richesses de la musique arabe et découvrir l’importance de l’écoute et de l’échange, tout en développant une très grande rigueur dans le travail». Première rencontre avec le jazz dès 1975, en écoutant le «Köln Concert» de Keith Jarrett : «Cette composition est pour moi très orientale : elle est dominée par un refrain entêtant, proche de la litanie». Jazz-fusion Le violoniste français virtuose, Jean-Luc Ponty, chouchou des Américains, enchaîne sur un rythme plus soutenu. Accompagné de quatre musiciens (percussions, basse, batterie et clavier), il a interprété cinq de ses compositions, où l’influence de l’Afrique de l’Ouest se fait bien sentir. Le public commence à se réveiller sérieusement après les solos impressionnants du bassiste Guy Akouane Sangué, du clavier William Leconte, du percussionniste Moustapha Cissé et du batteur Thierry Arpino. «Mon long séjour aux États-Unis m’a permis d’évoluer dans un environnement musical très créatif», dit-il. «L’aspect rythmique était encore totalement étranger en Europe, et avec mon groupe américain, j’ai développé le concept du mélange des genres, qu’on appelle “jazz-fusion” ou “jazz-rock”». 1988 : alors qu’il était en tournée en France, Jean-Luc Ponty découvre les musiques d’Afrique du Sud-Ouest : «Avec elle, j’ai dû non seulement repenser ma façon de jouer mais aussi me renouveler sur le plan de l’improvisation. le résultat est totalement nouveau et me fait découvrir des publics très différents». Le déchaîneur de foule Après l’entracte, c’est au tour de Papa Wemba de relever le défi de clôturer la soirée. À 23h15, le «Prince de la Sape» (Société des ambianceurs et des personnes élégantes) investit la scène avec ses musiciens et ses deux choristes féminines. À 51 ans, Jules Wembadio de son vrai nom (qui veut dire «porteur d’herbe»), a toujours la forme. En «total look» rouge, bob compris, le chanteur zaïrois a fait une incroyable démonstration de ses capacités de «déchaîneur» de foule. Une foule qui, à 00h45, en redemandait encore, dansant dans la fosse, sur les chaises ou les gradins. «La musique zaïroise est la mère de toutes les musiques modernes africaines», explique-t-il. «Dans les années 50, un de nos plus grands chanteurs, Kallie Jeeff, a apporté à notre musique les instruments à vent. Depuis, celle-ci se distingue par la particularité de la voix et de la guitare électrique». Papa Wemba a pu difficilement quitter un public d’adolescents qui n’a pas hésité à envahir la fosse et à monter sur scène, débordant un service de sécurité un peu décontenancé pendant les premières minutes. Pari gagné pour les organisateurs qui ont pu prouver, avec les succès d’une soirée afro-jazz, que le Festival de Baalbeck n’oublie pas le jeune public.
Le point commun entre le Tunisien Anouar Brahem, le Français Jean-Luc Ponty et le Zaïrois Papa Wemba ? Les rythmes africains. À l’origine du blues, du jazz et des airs qui traversent une bonne partie des continents, les organisateurs du Festival de Baalbeck ont aussi voulu faire connaître toutes les musiques de ce continent, et surtout rappeler que le Maghreb, c’est d’abord...