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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Rencontre - Abbas Kiarostami répond aux questions des cinéphiles au théâtre Monnot Un cinéma au regard d'enfant (photos)

C’est une salle comble qui attendait, hier matin, au théâtre Monnot, le cinéaste iranien Abbas Kiarostami. Acclamé debout par son public, il s’est installé pour répondre à ses questions. Il était entouré de deux de ses acteurs : Niki Karimi, une jeune femme voilée qui collabore à la plupart de ses films depuis une quinzaine d’années ; Homayoum Ershadi, qui a tenu le premier rôle masculin, très remarqué, dans Le goût de la cerise. Étaient également présents : Jaleh Sarshar, productrice associée au cinéaste depuis ses débuts, lors de la fondation, en 1970, de l’Institut pour le développement intellectuel de l’enfant et du jeune adulte ; Peter Scarlett, directeur du Festival international de San Francisco ; enfin Katayoun Beglari, journaliste, critique de cinéma et interprète pour l’occasion d’Abbas Kiarostami. La première question a porté sur les problèmes de censure concernant les films Le goût de la cerise et Et le vent nous emportera. En effet, ces deux films évoquent deux sujets délicats pour la religion d’islam : le suicide et la vie après la mort. La réponse du cinéaste a été simple : son dernier film fait encore l’objet d’un procès. Laisser la place aux jeunes cinéastes Une autre question, concernant cette fois-ci l’évolution de ses films, du réalisme vers le métaphorique et le philosophique. Réponse de l’intéressé : «Lentement, je me suis découvert à travers mes films. C’est en fait le procédé commun de transformation de l’individu qui avance dans l’âge. Chaque période connaît des attentes différentes». Une question sur son actualité : l’année dernière, à la Biennale de Venise, le cinéaste a déclaré ne plus vouloir accepter de prix pour ses films. Pourquoi ? «Cette année correspondait au trentième anniversaire de ma carrière. J’ai donc décidé de ne plus participer à aucune compétition», a-t-il répondu en ajoutant que sans ces prix internationaux, il n’aurait jamais été connu. Il a ajouté vouloir «laisser la place aux jeunes cinéastes». Un étudiant lui demande un conseil pour sa future profession de réalisateur : «Il faut faire des films en regardant la vie, ou en allant au cinéma voir d’autres films», observe-t-il. «Mes films ne satisfont pas tout le monde, c’est sûr. Mais vouloir plaire à tout le monde, c’est prendre le risque de perdre une grande partie de mon public». Garder un regard d’enfant derrière la caméra Une question sur le regard qu’il pose sur la révolution iranienne et la constatation que ses films n’ont pas été ébranlés par cet événement : «Vingt ans après la révolution, je m’en suis fait ma propre définition, répond-il. C’est qu’elle ne peut se faire qu’à l’intérieur de chaque individu». Il apprécie le fait que ses films soient intemporels et évoque son travail avec les enfants : «J’aime travailler avec eux, parce qu’ils ont leurs propres règles». Et de renchérir : «J’ai commencé ma carrière avec les enfants sans les connaître. À l’époque, je devais élever seul mes deux enfants. Donc, pendant 15 ans, j’ai dû m’occuper d’enfants à la maison et devant la caméra. Et maintenant que je ne les filme plus, j’essaie, autant que possible, de maintenir leur regard derrière la caméra. Car selon moi, on peut apprendre plus d’eux que le contraire». Il conclut en disant : «Pour régler les grands problèmes, je vais vers les enfants. Ils savent montrer leurs émotions et se battre sans esprit de vengeance». Au milieu de la séance, M. Abou Chacra, représentant du ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, remet une décoration au cinéaste. Puis c’est Colette Naufal, présidente du Festival du film de Beyrouth, qui remet le trophée de l’événement à Abbas Kiarostami, visiblement touché. Il clôturera la séance au bout d’une heure et demie d’échanges en félicitant son public pour ses questions pertinentes et sincères.
C’est une salle comble qui attendait, hier matin, au théâtre Monnot, le cinéaste iranien Abbas Kiarostami. Acclamé debout par son public, il s’est installé pour répondre à ses questions. Il était entouré de deux de ses acteurs : Niki Karimi, une jeune femme voilée qui collabore à la plupart de ses films depuis une quinzaine d’années ; Homayoum Ershadi, qui a tenu le...