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Actualités - REPORTAGES

Liban-Nord - La deuxième circonscription finalise ses listes Bataille électorale et lutte pour le leadership de Tripoli (photos)

Plus la date fatidique des élections approche, le 27 août pour le Nord, plus la tension monte, et plus les spéculations se multiplient. Et c’est peut-être dans cette région, plus précisément dans la deuxième circonscription, que la bataille s’annonce la plus dure. Car le mohafazat du Liban-Nord, fort important de par sa superficie et son poids électoral, englobe Tripoli, deuxième ville «productrice» de Premiers ministres, d’où l’importance d’un enjeu qui, au-delà des élections législatives, à proprement parler, aura des répercussions politiques à plus d’un niveau. C’est en tous les cas par une lutte ouverte entre les alliés d’hier, Sleiman Frangié et Omar Karamé, qu’a été inaugurée la campagne électorale. Sauf que cette fois-ci, la lutte s’annonce bien différente. «On assiste aujourd’hui à une perte d’influence certaine d’un Omar Karamé, leader traditionnel, qui se voit dépassé dans son discours politique», souligne un observateur, qui relève par ailleurs la montée en puissance de nouvelles figures politiques tripolitaines, dont Nagib Mikati et Mohammed Safadi, un homme d’affaires récemment converti à la politique. Les deux hommes se présentent comme les représentants du changement face aux courants dits traditionnels. La rumeur qui court sur l’entrée prochaine du ministre des Travaux publics, dans le «Club des premiers ministres», se trouve de plus en plus confirmée sur le terrain. Ainsi, souligne cette source, la bataille se situe bien au-delà des simples élections. Elle tourne principalement autour du leadership même de Tripoli, et par conséquent de la compétition pour la prochaine présidence du Conseil des ministres. Listes difficiles En tous les cas, il aura fallu plusieurs semaines avant que les alliances ne commencent à prendre forme. Et si l’opposition entre les deux pôles principaux, à savoir Omar Karamé (allié à Nayla Moawad) et Sleiman Frangié, était dès le départ la seule donne claire et, semble-t-il, inéluctable, la composition des listes n’aura pas été de tout repos. La tâche aura été pour le moins facilitée pour le ministre Frangié, qui a été rejoint dès le départ par M. Nagib Mikati, et le fameux Bloc tripartite, créé il y a huit mois, réunissant les trois hommes d’affaires Maurice Fadel, Mohammed Kabbara et Mohammed Safadi. À ceux-là, est venue s’ajouter l’alliance Misbah el-Ahdab , Ahmed Karamé, qui au départ avaient formé leur propre coalition avec Samir el-Jisr (de la mouvance haririenne), ce dernier ayant été évincé de la formation en dernière minute. Un choix difficile, laisse-t-on entendre, que devait faire Sleiman Frangié, ami et allié de longue date de M. Hariri, et qui a fini par céder aux exigences des membres du Bloc tripartite, qui n’ont pas la réputation d’être de farouches haririens. Jean Obeid viendra enfin compléter cette liste tripolitaine pour le siège maronite. «Cette coalition présente l’inconvénient d’être très hétérogène », souligne-t-on de source informée. «C’est une alliance contre nature, dans laquelle on retrouve (quand même) des candidats haririens (allusion à Misbah el-Ahdab et à Ahmed Karamé) et des candidats qui lui sont opposés (le bloc dit tripartite)». Pour la région du Koura, les trois alliés traditionnels de Frangié pour les sièges grecs-orthodoxes, Fayez Ghosn, Sélim Saadé et Farid Makari, n’ont pas créé la surprise. Estéphan Doueihi, un autre allié de l’actuel ministre, se présente à l’un des trois sièges maronites de Zghorta alors que deux candidats, Robert Boulos et César Moawad, se disputent le troisième siège maronite. Dans le Batroun, Sayed Akl est confirmé sur la liste pour l’un des deux sièges maronites, tandis que Boutros Harb semble hésiter entre deux choix : faire cavalier seul en tentant de former sa propre liste, ce qui semble jusque-là peu probable, ou s’allier à une liste sûre et complète , celle de M. Sleiman Frangié. Pour la liste Moawad-Karamé, les choses n’auront pas été simples. Certains milieux lui reprochent d’avoir choisi ses colistiers parmi «les plus faibles». Il faut reconnaître que l’ancien Premier ministre semble avoir eu du mal à former sa liste, devenue aujourd’hui presque définitive à quelques sièges près. Outre l’alliance avec Nayla Moawad, une constante qui s’est précisée dès le début, deux autres candidats maronites aux sièges de Zghorta, Sélim Karam et Youssef Doueyhi, se sont joints à la liste. Pour les trois sièges orthodoxes du Koura, on avance les noms de Nicolas Ghosn, Joseph Chikhani et Élias Saba, ces deux derniers n’ayant pas encore été confirmés. Georges Daou et probablement Nizar Younès sont pressentis pour la région du Batroun. À Tripoli enfin, on confirme les noms de Sami Minkara, Khaldoun Charif, un jeune pharmacien, Wassim Ezzeddine, un homme d’affaires, et Samir Frangié, qui se présente cette année au siège maronite de la capitale du Liban-Nord. Cette liste reste toutefois incomplète en l’absence d’un représentant de la Jamaa islamiya, dont le nom reste à confirmer dans les prochains jours, et d’un candidat grec-orthodoxe. Pas de retour en arrière Face à des listes qui sont maintenant quasi complètes, on peut dire en tous les cas que le clivage Omar Karamé-Sleiman Frangié est maintenant entériné. S’il était encore question, il y a quelques semaines, d’un possible rapprochement entre les deux têtes de liste, le retour en arrière est devenu aujourd’hui impensable. «La division entre les deux hommes a fini par se répercuter sur la base», souligne un candidat de la liste Karamé. «Ce qu’il faut savoir , dit-il, c’est que la moitié des électeurs se trouvent pratiquement à Tripoli, ce qui créera un problème certain pour Sleiman Frangié». Ce dernier indique par ailleurs que d’après les sondages, 87 % des électeurs ne votent pas pour une liste entière, mais pour des noms, ce qui prouve l’inutilité qu’il y a, en fin de compte, à se regrouper en liste. «Les gens finissent toujours par biffer les noms qui ne leur plaisent pas», dit ce candidat. Cette constatation est corroborée par un autre candidat de la même liste, qui estime que cette «anomalie» de listes hétérogènes a été toutefois rectifiée grâce au rapprochement Moawad-Karamé où, pour la première fois, les alliances électorales ne se sont pas avérées indépendantes d’un projet politique. Mais par-delà l’enjeu de la confrontation personnelle qui oppose les deux figures de proue, à savoir Frangié et Karamé, ce sont deux styles et deux approches politiques différentes qui sont ainsi mises en relief par les camps en présence. La première, représentée par une nouvelle génération d’hommes d’affaires convertis à la politique et dont le programme est essentiellement axé sur les grandes questions économiques. La seconde, qui incarne principalement les forces dites «d’opposition», prône la réforme politique, «étape nécessaire et incontournable pour faire face à la crise sociale et économique». «Celle-ci est le résultat de l’absence d’une vision et d’un projet politique qui a débouché sur l’immobilisme politique actuel», souligne un candidat de la liste Moawad-Karamé. Il est certes trop tôt encore pour tirer des conclusions. Une certitude semble pourtant acquise : cette nouvelle bataille a donné lieu a de nouvelles candidatures qui ont voulu se démarquer par une campagne électorale de type dynamique, très remarquée en tous les cas, comme on a pu le voir avec le Bloc tripartite qui a vu se déployer de gros moyens durant cette campagne. Autre certitude : loin de jouer en faveur des adhérents, les listes, au Nord comme ailleurs, ne serviront, une fois de plus, que de tremplin provisoire à un enjeu conditionné par les caprices de l’électeur. C’est un peu la règle du vote «à la tête du client».
Plus la date fatidique des élections approche, le 27 août pour le Nord, plus la tension monte, et plus les spéculations se multiplient. Et c’est peut-être dans cette région, plus précisément dans la deuxième circonscription, que la bataille s’annonce la plus dure. Car le mohafazat du Liban-Nord, fort important de par sa superficie et son poids électoral, englobe Tripoli,...