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Actualités - REPORTAGES

Elections - la liste de l'Essor entièrement élue Hareth Chéhab à la tête de la Ligue maronite(photos)

Des rumeurs vraies ou fausses, de la tension, des apartés et des menaces de panachage dans les listes, les élections à la Ligue maronite n’ont pas échappé au rituel des scrutins libanais. Avec toutefois une grande différence, électeurs et candidats se connaissent tous et appartiennent à une même famille, la communauté maronite avec ses zizanies, ses mesquineries et ses fidélités, mais aussi un certain sens de la démocratie, puisqu’en définitive, la liste présidée par M. Hareth Chéhab a été entièrement élue sans que cela ne provoque trop de remous ni ne crée de nouvelles dissensions au sein de la communauté. Le scrutin était prévu depuis quelque temps et les membres des deux listes rivales multipliaient les contacts discrets avec les 658 électeurs, mais nul ne croyait vraiment qu’il y aurait une importante participation aux élections de la Ligue maronite. Pourtant dès huit heures du matin, le nouveau siège de la Ligue à la Quarantaine grouillait de monde et vers midi, près de 400 des 553 personnes qui déposeront un bulletin dans l’urne avaient déjà accompli leur devoir. C’est dire qu’en dépit des apparences, les membres de la Ligue prennent à cœur l’avenir de celle-ci. Pour eux, c’est malgré tout une affaire sérieuse, même si, aujourd’hui, à l’instar des autres formations chrétiennes, la ligue n’a plus vraiment un rôle de premier plan. «Elle vit une crise d’identité», précise Hareth Chéhab, nouveau président élu pour trois ans renouvelables une seule fois. S’agit-il d’une formation appelée à se transformer en parti politique, d’un club, d’un forum de rencontres ou du bras séculier de l’Église maronite ? La Ligue ne sait plus elle-même quelle est sa vocation. Créée en 1952 parce que le conseil de l’évêché maronite de Beyrouth a pensé qu’il serait utile d’avoir une formation qui défendrait les intérêts de la communauté maronite et ceux du Liban en général, la Ligue a longtemps joué un rôle tout à fait marginal et ce n’est qu’à partir de 1975 qu’elle a pris de l’importance au sein de la communauté devenant pratiquement le porte-parole des maronites. La succession de défaites qui se sont abattues sur les chrétiens a affecté la Ligue qui n’a pas échappé aux tiraillements internes de la communauté. Pendant des années, elle a été déchirée entre les partisans de telle ou telle formation politico-militaire puis entre les sympathisants de telle ou telle figure de proue (notamment Neemtallah Abi Nasr et Ernest Karam), lorsque le facteur politique a cessé d’être déterminant. Il y a trois ans, une nouvelle équipe, présidée par Pierre Hélou est arrivée à la tête de la Ligue et celle-ci a pu ainsi commencer à ressouder ses rangs. Elle a réussi à collecter près d’un million de dollars de dons, ce qui lui a permis d’édifier un nouveau siège à la Quarantaine, mais la situation générale du pays ne lui a pas encore permis de jouer un rôle réellement rassembleur. À la demande de Bkerké, les statuts internes de la Ligue ont été modifiés de manière à éliminer les adhésions d’office qui couvraient les députés, les hauts fonctionnaires, les généraux, les présidents et les commandants en chef de l’armée. Depuis trois ans, chaque personne souhaitant devenir membre de la Ligue doit présenter sa candidature au comité d’admission. L’actuel chef de l’État est donc membre de la Ligue en qualité d’ex-commandant en chef de l’armée, car les responsables procèdent rarement à une demande d’adhésion. L’idée initiale était de moderniser le processus de l’admission, mais en réalité, depuis deux ans, il n’y a plus eu aucune nouvelle adhésion, les statuts internes fixant à 60 le nombre des admissions par année. Comme il y a beaucoup de demandes, le comité d’admission a préféré s’abstenir pour ne pas faire des mécontents. C’est dire que la nouvelle équipe aura beaucoup de pain sur la planche. D’ailleurs, les deux listes rivales avaient fait du changement leur principal slogan. Pour celle de Hareth Chéhab, il s’agissait avant tout de favoriser «l’essor maronite», selon un plan global, une planification et des projets concrets. Pour celle présidée par le journaliste Georges Béchir, qui avait choisi de s’appeler «l’équipe du changement et de la décision libre», il s’agissait de promouvoir le développement dans tous les domaines. En journaliste chevronné, Béchir avait axé sa campagne sur l’autonomie de la décision, un thème qui plaît beaucoup, mais qui apparemment n’a pas réussi à attirer les électeurs. ,En fait, tout au long de la journée d’hier, les rumeurs n’en finissaient plus de s’amplifier, les partisans des deux listes s’accusant réciproquement de vouloir un rapprochement avec la Syrie ou de se faire appuyer par les services officiels. Pourtant, aucun abus n’a été enregistré, aucune altercation non plus, les candidats des deux listes se partageant harmonieusement la salle où se déroulaient les élections. Dès l’entrée de l’immeuble encore en construction, les partisans des deux listes happaient les électeurs qui étaient pris entre deux feux. L’ancien PDG de Télé-Liban élu récemment à la tête de l’AIA Jean Claude Boulos a d’ailleurs parfaitement résumé la situation : «Ce sont tous nos copains, le choix est très difficile». C’est sans doute pourquoi l’isoloir était particulièrement soigné et hermétique, puisqu’en fin de compte, c’est là que l’électeur se retrouve face à sa conscience… À 15 heures, les 10 urnes (5 pour les 13 membres et 5 pour le président et le vice-président ont été fermées et le dépouillement des voix a aussitôt commencé à huis clos, en présence de délégués des deux listes. Très vite, la liste de Hareth Chéhab a creusé l’écart avec sa rivale et les résultats annoncés vers 19h étaient connus d’avance : Hareth Chéhab est devenu le nouveau président de la Ligue et Antoine Barakat le vice-président alors que les 13 membres de leur liste ont été élus. Une victoire éclatante qui ne rend que plus lourde la responsabilité qui pèse désormais sur les épaules de la nouvelle équipe. Redonner confiance en elle à une communauté déchirée et faire de la Ligue maronite le vivier d’une nouvelle classe politique, économique et culturelle au lieu de la laisser se transformer en club pour politiciens à la retraite et pour personnalités attendant dans l’antichambre du pouvoir ne sont pas les défis les moins importants que devront relever Chéhab et son équipe. Une tâche immense qu’il est indispensable d’entamer.
Des rumeurs vraies ou fausses, de la tension, des apartés et des menaces de panachage dans les listes, les élections à la Ligue maronite n’ont pas échappé au rituel des scrutins libanais. Avec toutefois une grande différence, électeurs et candidats se connaissent tous et appartiennent à une même famille, la communauté maronite avec ses zizanies, ses mesquineries et ses...