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Actualités - ANALYSE

Législatives - La proclamation des listes attend le feu vert des décideurs Le système des coalitions battu en brèche dans plus d'une région

La caste politique locale ne voit plus, ne veut plus connaître que les élections. Il faut dire à sa décharge que le train a beaucoup tardé à démarrer, à cause des événements régionaux. Les professionnels et les aspirants, tout en piaffant d’impatience car leur carrière est en jeu, doivent quand même s’imposer le supplice d’une dernière retenue. En effet, il n’est pas question de proclamer les listes avant que Damas, qui pour le moment a d’autres chats à fouetter, ait donné son avis. Les candidats potentiels se livrent quand même à quelques galops d’essai, leurs portraits commencent à fleurir sur les murs de nos villes et quelques meetings d’échauffement sont organisés ici ou là. Il est important en effet d’occuper le terrain médiatique dès cette phase préparatoire, soit pour se faire connaître quand on est nouveau venu ; soit, quand on est déjà député, pour se rappeler au bon souvenir d’un électeur que l’on a soi-même un peu trop oublié durant quatre ans. Il faut en outre gesticuler pour attirer l’attention des chefs de file, car les places sur les listes fortes sont, comme on dit, limitées. Pour le fond, il semble que cette édition de l’an 2000 ne doive pas être tout à fait une copie conforme de la précédente. En effet, profitant sans doute de la transition en Syrie, les politiciens locaux cherchent en général à échapper cette année au système des coalitions imposées, qui regroupent des favoris n’ayant pas forcément des atomes crochus entre eux. Le «bus» ou le «bulldozer» ne devraient pas avoir cette fois autant de succès que par le passé. On constate de la sorte des indices de ce changement dans deux zones-types, le Nord et le Mont-Liban. Par contre dans les régions frontalières sensibles, la Békaa comme le Sud, les décideurs ont pris soin, avant même que la nouvelle loi électorale ne fût votée, de faire savoir que la bonne habitude des listes de coalition dites principales doit rester strictement respectée. Une compétition entre le mouvement Amal et le Hezbollah, par exemple, serait synonyme d’une dangereuse déstabilisation rendant la situation incontrôlable et pouvant beaucoup affaiblir le tandem Liban-Syrie au niveau des négociations régionales de paix. Cependant, et à moins d’un coup de barre des décideurs, dans les régions où les enjeux régionaux ne sont pas déterminants, on lâche un peu la bride aux coursiers en partance. Au Nord donc et au Mont-Liban, mais aussi à Beyrouth, on s’oriente vers un scrutin comportant moins de figures imposées comme on dit en gymnastique ou en patinage artistique. Les chefs de file ne vont plus être obligés de faire équipe ou de laisser une place vacante pour que le rival puisse également passer, comme cela avait été le cas sur la liste Hariri à Beyrouth au profit de M. Sélim Hoss. Ces leaders ont donc l’intention de bâtir des listes séparées, ce qui n’est pas sans instiller un climat préélectoral de défi, voire de tension, parfois à caractère confessionnel. Ainsi au Nord, le président Omar Karamé s’oriente vers une alliance avec Mme Nayla Moawad, contre M. Sleiman Frangié qui pour sa part s’associerait à MM. Nagib Mikati, Maurice Fadel, Mohammed Kabbara et la Jamaa islamiya. Une troisième liste, en gestation, pourrait grouper MM. Ahmed Karamé et Mosbah el-Ahdab. La surprise politique, dans cette région, est que M. Frangié a l’air de se rabibocher avec le courant haririen, dont il n’était pas un chaud partisan. Au Kesrouan-Jbeil il paraît également difficile cette année de mettre sur pied une coalition des forts. MM. Farès Boueiz, Mansour el-Bone et Farid el-Khazen sont en effet à couteaux tirés, pour le moment. On attend par ailleurs de savoir si M. Carlos Eddé, nouveau Amid du Bloc national, va se porter ou non candidat. Et il en va de même pour M. Georges Frem, qui n’a pas encore fait connaître sa décision. Au Metn, on annonce une réédition de la bataille entre MM. Michel Murr et Nassib Lahoud, qui sont rivaux en tant que chefs de liste bien que n’appartenant pas à la même communauté. Le ministre de l’Intérieur indique qu’il va prendre à ses côtés le fils du chef de l’État, M. Émile Émile Lahoud, ainsi qu’un Kataëb, probablement M. Mounir el-Hajj. Il ajoute qu’il souhaiterait également la présence sur sa liste du Dr Albert Moukheiber, son concurrent de 1996. Pour sa part, M. Nassib Lahoud cherche du réconfort du côté d’un candidat arménien qui aurait la bénédiction du catholicossat de Cilicie. On ne sait pas si ses efforts seront couronnés de succès. À Aley-Baabda aussi, le fer est au rouge. Le divorce semble consommé entre l’émir Talal Arslane et M. Walid Joumblatt, qui compte parrainer une liste opposée à celle de son lointain cousin. Le Hezbollah, grâce aux voix de la banlieue sud, pourrait jouer les arbitres. À Beyrouth, c’est toujours le président Rafic Hariri qui tient le haut du pavé. Mais tandis que le président Sélim Hoss laisse entendre qu’il ne veut plus être député, M. Fouad Makhzoumi se présente en rival de l’ancien chef de gouvernement. Il reste que l’essentiel, c’est-à-dire la décision des décideurs, n’est pas encore dit. Il ne faudrait pas s’étonner si, malgré les prises de position antagonistes actuelles, les mêmes attelages qu’en 1996 se reformaient, dans toutes les régions sous influence.
La caste politique locale ne voit plus, ne veut plus connaître que les élections. Il faut dire à sa décharge que le train a beaucoup tardé à démarrer, à cause des événements régionaux. Les professionnels et les aspirants, tout en piaffant d’impatience car leur carrière est en jeu, doivent quand même s’imposer le supplice d’une dernière retenue. En effet, il n’est...