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Actualités - DISCOURS

Sfeir appelle les chrétiens à participer activement à la vie publique

Le patriarche Sfeir a soulevé dans son homélie le problème des Libanais qui ont pris le chemin de l’exode après le retrait israélien du Sud. «Nous craignons que cet exode soit sans retour», a-t-il déclaré avant d’ajouter : «C’est une donnée qu’il faut traiter avec un sens national adéquat». Se référant par ailleurs à l’Exhortation apostolique, le cardinal Sfeir a souhaité des Libanais une participation active à la vie publique, mais une participation «saine» qui a «ses règles», notamment «la transparence dans l’application de la loi». Voici les principaux passages de l’homélie du patriarche : «1 - Mes vénérés frères en épiscopat, et en premier mon frère et vicaire général Mgr Roland Aboujaoudé, ont souhaité que mon jubilé d’or sacerdotal ne passe pas inaperçu comme ce fut le cas pour mon jubilé d’argent épiscopal, qui coïncida avec mon élection, voici quatorze ans, au siège patriarcal. Nous avons consenti à leurs souhaits (...) . «2 - Le passage de l’Évangile de Matthieu dont la lecture est prévue par notre Liturgie nous rapporte les dernières paroles de Notre Seigneur Jésus-Christ avant son Ascension auprès du Père. Ces paroles : “Et moi je suis avec vous pour toujours, jusqu’à la fin du monde”. S’il n’avait été avec nous au long de notre longue histoire sanglante, ces treize derniers siècles, notre Église n’aurait pas vu se succéder 75 patriarches, et je n’aurais pas été, sans aucun mérite de ma part, le 76e, de par sa volonté, son amour et sa générosité. Nous n’aurions pas eu ces martyrs qui ont pétri de leur sang le sol de cette partie, les ermitages n’auraient pas existé ni les ermites et les saints dont nul, hormis le Seigneur, ne connaît les noms et le nombre, les couvents et les églises n’auraient pas fleuri sur les sommets de nos collines ni ne se seraient blottis au fond des vallées. Ni Charbel, ni Rafka, ni Hardini n’auraient été, ni ce peuple de fidèles qui a écrit son histoire avec son sang, ni ses valeurs évangéliques auxquelles il s’est attaché, qu’il a porté aux confins du monde, et qu’il a tenues pour son trésor le plus cher. «3 - Certes, le Seigneur est avec nous pour toujours. C’est également vrai pour ses vicaires successifs (...). Hier encore, le pape Jean-Paul II suivait étape par étape les événements du Liban, en faveur duquel il intervint auprès de toutes les instances internationales. Comme ultime recours, il proclama pour le Liban un synode spécial, une assemblée qui ne se tient en général que pour les continents et nous visita il y a trois ans, nous laissant une Exhortation apostolique qui est considérée à juste titre comme une constitution de vie spirituelle, de convivialité entre chrétiens et musulmans désireux de bâtir ensemble un État qui les gouverne en justice et égalité dans un climat de liberté, de respect des droits de l’homme et d’estime réciproque. «4 - C’est avant tout la sollicitude du chef de la catholicité pour notre Église maronite qui a encouragé cette église à dépasser les obstacles qui se sont dressés devant elle à travers l’histoire. C’est elle qui a permis à ses patriarches d’accomplir ce qu’ils ont accompli (...). Chacun d’eux eut sa part providentielle des souffrances de la Croix, dans la fidélité à la règle connue posée par le Christ : pas de couronne de gloire sans Croix. C’est le style de vie qui fut le leur. Nous ne citerons ici que ceux qui se sont succédé depuis le début du XXe siècle. Les patriarches Hajje, de Dlebta-Kesrouan, bâtisseur de Bkerké, Hoyeck, de Helta-Batroun, bâtisseur de Dimane et père de l’indépendance libanaise Arida, de Bécharré-Nord, père des pauvres et bien-aimé de Dieu, qualité que clama un jour un muezzin à Damas, Méouchi, de Jezzine-Sud, décrit comme une montagne inébranlable, qui ouvrit les portes de ce siège à la prière des cheikhs musulmans, Khoreiche, de Aïn-Ebel-Sud frontalier, qui présenta sa poitrine aux éléments armés contestant ses prises de position, les défiant de tirer. Nous avons été personnellement témoin des épreuves de ces deux derniers. Est-il besoin de préciser que la solidarité entre ces chefs spirituels et les fidèles, et spécialement entre ce patriarcat et ses fils, fut invariablement au service de cette patrie et de tous ses fils. «5 - Si le destin des chefs spirituels est de porter la Croix, que dire du peuple dont ils ont la charge ? C’est ce que nous avons vécu durant le dernier quart du siècle, que nous vivons toujours, du fait des guerres successives sur notre sol dont nous continuons à souffrir les effets. Et si nous avons manifesté avec tous les Libanais notre satisfaction à la libération du Sud, nous ne pouvons oublier le fait qu’un nombre non négligeable de ses habitants l’a quitté, pour un exode dont nous craignons qu’il soit sans retour. C’est une donnée qu’il faut traiter avec un sens national adéquat. Un sens national dont parle l’Exhortation apostolique en ces termes : “À toute conscience s’imposent les principes d’humanité, intimant à chacun ce qu’il doit faire ou ne pas faire. Il importe aussi de rappeler qu’il y a une pratique chrétienne de la gestion des affaires temporelles (...). Les chrétiens ne peuvent donc pas avoir deux vies parallèles : d’un côté la vie qu’on nomme spirituelle avec ses valeurs et ses exigences ; et de l’autre la vie dite séculière, qui aurait des valeurs différentes ou opposées aux premières”. “De ce fait, poursuit l’Exhortation, pour une animation de l’ordre temporel, dans le sens qui est celui de servir la personne et la société, les fidèles laïcs ne peuvent absolument pas renoncer à la participation à la politique, à savoir l’action multiforme, économique, sociale, législative, administrative, culturelle, qui a pour but de promouvoir, organiquement et par les institutions, le bien commun”. Mais la participation saine a ses règles, notamment la transparence dans l’application de la loi, l’acceptation des résultats dans un esprit sportif, de la victoire comme de la défaite, car celui qui ne sait pas perdre dignement ne sait pas vaincre dignement. C’est ce qui explique cette espèce de repli chez certains, qui est à l’origine du marasme économique, de l’abstention de tout engagement dans les services et de tout investissement. Nous espérons un renversement de la situation qui augure d’un avenir prospère où le Liban en jouira, de par la volonté de tous ses fils, réconciliés et de nouveaux proches les uns des autres, solidaires après avoir été divisés, de son droit à une indépendance totale, à une souveraineté sans partage et à une décision libre et responsable. «6 - Pour conclure, j’aimerais vous adresser l’expression de mon profond contentement pour la peine que vous avez prise à venir ici, afin de remercier Dieu avec moi pour les grâces qu’il m’a accordé à profusion par vos prières. Grâces lui soient rendues. Je prie pour que vous ayez la paix intérieure qui vient de Celui qui a dit : “Je suis avec vous pour toujours”, et vous confère de tout cœur ma bénédiction patriarcale».
Le patriarche Sfeir a soulevé dans son homélie le problème des Libanais qui ont pris le chemin de l’exode après le retrait israélien du Sud. «Nous craignons que cet exode soit sans retour», a-t-il déclaré avant d’ajouter : «C’est une donnée qu’il faut traiter avec un sens national adéquat». Se référant par ailleurs à l’Exhortation apostolique, le cardinal...