Deux procédés

Le travail de la faïence et de la terre cuite se fait avec les mains, car la terre est un peu brute et n’a pas beaucoup de mémoire. Autrement dit, une motte modelée et passée au feu gardera plus ou moins la forme qu’on lui a donnée. Le grès ou la porcelaine ont par contre de la mémoire. Au feu, ils auront tendance à retrouver la forme qu’ils avaient avant le modelage. Ces matières impliquent donc un mode de travail différent : on commence par modeler l’objet en terre cuite banale, puis on prend son empreinte dans un moule en plâtre de modelage. On ouvre ensuite le moule, on enlève la terre qui avait servi de modèle, on lave bien le plâtre et on le laisse sécher. On prend alors la terre noble (grès ou porcelaine) liquide qu’on verse dans le moule. Le plâtre boit l’eau, et les molécules de terre ont le temps de s’ajuster. Au moment du démoulage, la forme sera ainsi conservée. Deux procédés sont donc utilisés : le modelage à la main, ou le coulage dans un moule après le modelage à la main avec une terre vulgaire. La pièce modelée ou démoulée doit sécher très lentement (2 à 3 semaines) afin que l’eau s’évapore de façon homogène, sinon ça craque. On enfourne ensuite l’objet pour une première cuisson (à 300-350°), destinée à enlever l’eau de constitution, prisonnière des molécules de terre. Cette première étape de cuisson est nécessaire, car si la pièce est directement cuite à haut feu, l’eau de constitution se vaporise et fait éclater l’objet. On peut alors pousser la cuisson jusqu’à 600-700°. On obtient un corps qu’on appelle le dégourdi, pas dur mais plus très mou non plus, qu’on affine, qu’on creuse, etc. S’il y a de l’émail (à 1200°) à placer, c’est à ce moment que cela se fera. La pièce est ensuite cuite à nouveau pendant une dizaine d’heures, jusqu’à 1 250° pour le grès ; et 1 390° pour la porcelaine. Enfin, le refroidissement, très lent, pendant 24 heures. Après quoi, on peut modeler la pâte. C’est aussi à ce moment-là qu’elle reçoit les «couleurs de petit feu» et la décoration.