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Actualités - CHRONOLOGIE

Israël - L'image et la réputation du Premier ministre malmenés par le Shass Barak victime de la crise politique

La crise politique dans laquelle il se débat depuis la semaine dernière a d’ores et déjà sérieusement terni l’image et l’autorité du Premier ministre israélien, Ehud Barak, et affaibli sa position. La tactique employée par M. Barak dans sa confrontation avec la deuxième composante de sa coalition, le parti ultraorthodoxe Shass, suscite même des critiques croissantes sur sa méthode de gouverner. «Durant sa carrière, Barak a montré qu’il était très bon pour les solutions unilatérales. Il est moins apte à la conduite de négociations», commentait ainsi Nahum Barnea, l’éditorialiste vedette du Yediot Aharonot, le plus grand quotidien israélien. La crise «porte atteinte à son image de leader fort», a déclaré un expert, Gideon Doron, et le fait que M. Barak ait cédé récemment à deux petits partis de gauche sur son projet de réforme fiscale atteste déjà, à ses yeux, de l’affaiblissement du Premier ministre. Cet affaiblissement ne peut, selon lui, qu’affecter les négociations de paix avec les Palestiniens, qui se déroulent actuellement à Washington, car «quel est le sens de conclure un accord avec les Palestiniens si le Shass s’y oppose ?», s’interroge M. Doron, ancien président de la faculté de sciences politiques de l’université de Tel-Aviv. La crise a éclaté lorsque le Shass, fort de ses 17 députés sur 120 à la Knesset, et deux petits partis membres de la majorité ont joint leurs voix à l’opposition de droite pour voter en lecture préliminaire en faveur d’élections anticipées. La rébellion du Shass était motivée par la décision de M. Barak de suspendre les négociations sur l’octroi d’une aide de l’État pour renflouer les écoles du parti, au bord de la faillite. Jusqu’à ce vote du 7 juin, M. Barak – fidèle au style «macho» qui a fait sa réputation de leader refusant de céder au chantage – avait joué la carte de la fermeté, refusant de faire la moindre concession au Shass. Mieux : il avait invoqué une loi peu connue lui donnant le droit de limoger tout ministre qui viendrait à voter contre le gouvernement. Le message aux quatre ministres du Shass était clair : ou ils se soumettaient à la discipline gouvernementale, ou ils étaient démis de leurs fonctions. Pourtant, huit jours après le vote, ces quatre membres du Shass sont toujours ministres. Mieux : c’est M. Barak qui fait depuis des contorsions pour les y garder, au point que le quotidien Maariv l’accusait jeudi de «ramper devant le Shass». Pour sa part, le Shass a annoncé mardi que ses ministres présenteraient leur démission lors de la réunion de dimanche du Cabinet. Une façon de dire que ce n’est pas M. Barak qui les chasserait, mais que ce sont eux qui lâcheraient le Premier ministre. Leur départ est toutefois loin d’être acquis, car les négociations continuent pour maintenir le Shass dans la coalition. Mais elles sont humiliantes pour M. Barak, les rabbins qui dirigent ce parti – émanation des juifs sépharades – ayant fait monter les enchères. Outre le renflouement de son système éducatif – ce qui coûterait aux contribuables environ 12 millions de dollars –, le Shass exige maintenant la légalisation de ses cinq stations de radio pirates et exige de participer pleinement à la conduite du processus de paix, jusqu’à présent concentré dans les mains de M. Barak et d’une poignée de ministres travaillistes. M. Barak semblait même jeudi au bord de la reddition sans condition, puisqu’il envisagerait, selon la presse, de retirer le contrôle du système éducatif du Shass au ministère de l’Éducation – dont le titulaire est la bête noire du parti ultraorthodoxe – pour le confier à un ministère mieux disposé à l’égard des religieux. Le problème pour M. Barak est que le Shass lui est indispensable non seulement pour avoir une majorité, mais surtout pour faire ratifier un éventuel accord de paix avec les Palestiniens. «À sa manière, le Shass est parvenu à lui donner une leçon de politique pour débutants», estimait le quotidien Maariv.
La crise politique dans laquelle il se débat depuis la semaine dernière a d’ores et déjà sérieusement terni l’image et l’autorité du Premier ministre israélien, Ehud Barak, et affaibli sa position. La tactique employée par M. Barak dans sa confrontation avec la deuxième composante de sa coalition, le parti ultraorthodoxe Shass, suscite même des critiques croissantes sur...