Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Histoire - Voyage extraordinaire sous le signe de l'Ourse I - Les phéniciens furent les premiers à défier les océans en naviguant autour de l'Afrique (photos)

Au septième siècle avant Jésus-Christ, sur l’ordre du pharaon Néchao, des navires phéniciens s’ébranlèrent vers une extraordinaire aventure : la navigation autour de l’Afrique. Un voyage qui dura des années, depuis la mer Rouge vers le Sud, ensuite vers l’Ouest et le Nord. Chaque année, les marins plantaient et recueillaient les moissons, embarquaient la récolte et poursuivaient leur chemin. Une navigation sans boussole dans l’hémisphère septentrional, sous le signe de l’Ourse, que les Grecs appelaient «la phénicienne» ; sous des étoiles inconnues, dans l’autre hémisphère. Hérodote, au milieu du Ve siècle, parle du grand voyage avec quelques faits concrets, intensément poétiques : un jour, le soleil commença à se lever à droite des navigateurs, au lieu de la gauche, la Libye, comme on l’appelait alors, c’est-à-dire l’Afrique, était doublée. Le périple s’acheminait vers sa conclusion, deux mille ans – ajoutons-nous – avant Vasco de Gamma. Ils furent les premiers à défier les océans, en naviguant autour de l’Afrique. Marins et pirates, sur les rapides navires noirs, guidés par la petite Ourse, ils touchèrent la terre légendaire d’Ophir et frôlèrent l’extrême Thulé. Hérodote, qui écrit cinq cents ans avant Jésus-Christ, a décrit longuement le processus initié par les marins venus d’Orient. Mais il évoque des scènes beaucoup plus anciennes et qui se sont répétées pendant des milliers d’années. Commerçants donc, les Phéniciens, et pirates. (Toutefois, laquelle des grandes puissances maritimes de l’histoire n’a-t-elle pas pratiqué la piraterie ?) Mais par-dessus tout de grands navigateurs. Les premiers à s’aventurer partout, sur les mers connues, s’orientant sur l’étoile que les Grecs appelaient «étoile phénicienne», c’est-à-dire, la petite ourse, l’étoile polaire. Les navigateurs cananéens-phéniciens sont entrés dans l’histoire, à savoir l’histoire écrite et documentée quelque trois mille ans avant Jésus-Christ, quand ils inaugurèrent le premier voyage entre Byblos et l’Égypte et depuis ils sont cités à toutes les époques et dans toutes les annales. Surtout celle de Thoutmès III, qui, partant en guerre contre le pays du Mitanni, embarque son armée dans le Delta du Nil sur des navires cananéens. Des navires jaugeant 500 tonnes Comment étaient construits ces navires ? On peut le présumer peut-être à partir d’un autre document : les bas-reliefs du temple de Deir el-Bahri, construit par la belle Hatshepsut, qui avait usurpé le trône de Thoutmès pendant vingt ans. Et elle avait envoyés une flottille au pays lointain de Punt (que les uns identifient avec les côtes de Somalie et d’autres avec celles du Yémen) pour «recueillir les essences précieuses». Peut-être étaient également phéniciens les marins de ces navires qui retournèrent chargés de bois de santal, d’or vert d’Amun, d’encens, de singes, de lévriers et de peaux de panthère. Bien sûr, en ces temps-là, on faisait du cabotage, sans jamais s’éloigner trop de la côte. Les navires de transport étaient plus grands que les navires de passage ou les navires militaires, longs jusqu’à trente mètres. Mais il y a une indication très vieille, qui fait penser à des dimensions encore plus grandes : l’ordre d’un dignitaire hittite au roi phénicien d’Ugarit de transporter, en un seul voyage, ou deux au maximum, deux mille kur de capacité équivalant à 360 litres environ, on a calculé que la jauge de ce «grand navire» devait être au moins de 500 tonnes : pour avoir un terme de comparaison, la Santa Maria, la plus grande des caravelles de Colomb, jaugeait 233 tonnes. Mais normalement les navires de transport étaient beaucoup plus petits : 25, 50 ou 80 kur ; rarement, ils dépassaient les cent. Ils étaient lourds et massifs ; les auteurs anciens les appellent gauloi, d’un terme phénicien qui signifie arrondi. Il est difficile qu’ils aient eu une vitesse supérieure à deux ou trois nœuds : cela veut dire que, en vingt-quatre heures, ils pouvaient parcourir une distance de cent kilomètres au maximum. Mais, avec les voiles de l’époque, on avançait surtout à force de rames. Et alors il fallait, la nuit, s’arrêter. D’honorables sépultures Il s’en est trouvé qui ont consacré de longues recherches pour retracer les itinéraires phéniciens et leurs étapes, dans les points d’accostage : baies avec de l’eau douce et, détail inattendu, à proximité de collines. Parce que les Phéniciens avaient le culte des morts et se sentaient obligés de leur donner une honorable sépulture : celui qui mourait au cours du voyage n’était pas «enseveli dans la mer», mais porté à terre. Et comme le sépulcre devait être fermé avec une dalle de pierre, il fallait choisir une colline rocheuse. Ce fut justement en recherchant le long de la côte les traces de ces anciennes carrières que l’archéologue Cintas a reconnu plusieurs étapes de cabotage, qui probablement n’étaient jamais à une distance supérieure à cent kilomètres l’une de l’autre. Certes, tous les peuples de la Méditerranée naviguaient plus ou moins de la sorte. Le mérite des Phéniciens a été d’avoir affronté les risques de la haute mer. Les premiers trajets, avec des traversées biens courtes, sont rapportés par documents depuis le second millénaire dans des tablettes retrouvées à Ugarit, port de la côte phénicienne, et à el-Amarna. Ces documents font état de trafics assez réguliers peut-être avec les îles de Chypre et de Crète. Mais bien avant l’âge du fer, vers le XIIe siècle, on sait que les Phéniciens avaient atteint la Méditerranée occidentale et l’Espagne. Naviguant toujours le long des côtes jusqu’à Gibraltar, ou bien affrontant la traversée du canal de Sardaigne et ensuite de la mer Ligurienne. Il y a à ce sujet une petite énigme linguistico-géographique : celle des navires phéniciens que l’on appelait vaisseaux de Tarsis ou Tarshish. Peut-être que Tarshish est Tartessos, un port cité dans les sources classiques et qui semble devoir être localisé en Espagne, près de l’embouchure du Guadalquivir. Or la Bible rapportant l’alliance de Salomon (et avant lui de son père David), avec Hiram le phénicien, roi de Tyr, parle déjà de ces navires : «Salomon avait en mer une flotte de Tarsis avec les navires de Hiram, et une fois tous les trois ans la flotte de Tarsis arrivait portant l’or, l’argent, les singes et les paons». Allaient-ils réellement jusqu’en Espagne, voyage en ces temps-là – nous sommes à mille ans avant le Christ – non justifié, étant donné que l’or, les singes et les paons, Salomon les avait déjà trouvés plus près, à Ophir ? Lequel est peut-être le même «pays de Punt» des Égyptiens, sur la côte de Somalie : «Le roi Salomon construisit aussi une flotte à Asion-Geber, qui est près d’Élat sur la côte de la mer Rouge ; et pour cette flotte, Hiram envoya ses équipages, navigateurs experts de la mer. Avec eux, les serviteurs de Salomon poussèrent jusqu’à Ophir, en prirent 420 talents d’or et les portèrent au roi». C’est pourquoi les chercheurs pensent que «vaisseaux de Tarsis» – expression qui se retrouve aussi dans les prophéties d’Ezéchiel près de 600 ans avant le Christ et dans d’autres auteurs – pourraient indiquer par antonomase simplement le vaisseau à long parcours, capable d’affronter la mer ouverte et les traversées et de pousser, par conséquent, jusqu’à Tartessos en Espagne, but que seuls les navires phéniciens étaient capables d’atteindre au second millénaire avant Jésus-Christ.
Au septième siècle avant Jésus-Christ, sur l’ordre du pharaon Néchao, des navires phéniciens s’ébranlèrent vers une extraordinaire aventure : la navigation autour de l’Afrique. Un voyage qui dura des années, depuis la mer Rouge vers le Sud, ensuite vers l’Ouest et le Nord. Chaque année, les marins plantaient et recueillaient les moissons, embarquaient la récolte et...