La technique commerciale

Les grands navires noirs sillonnent les mers et jettent l’ancre partout sur les côtes de la Méditerranée. Des hommes en descendent, en longues tuniques sans ceinture, des anneaux aux oreilles, suivis d’une longue file d’esclaves chargés de ballots de marchandises qu’ils viennent déposer en ordre sur la plage. Puis ils retournent à leurs embarcations et font de la fumée. Les indigènes voient la fumée, et s’avançant vers la mer, placent à côté des marchandises l’or qu’ils offrent en échange et se retirent. Les Phéniciens redescendent : s’ils jugent que la quantité d’or correspond à la valeur des marchandises, ils le prennent et s’en vont, autrement ils retournent aux navires et attendent. On ajoute alors de l’or, jusqu’à ce qu’ils soient satisfaits. Ils ne se soucient pas de leur biens respectifs, les uns ne touchant pas l’or avant que la quantité déposée ne leur semble suffisante, les autres ne touchent pas les marchandises avant que les premiers n’aient pris l’or. Un rite immuable et millénaire qui inaugure le principe de cette relation humaine qu’on appellera plus tard «échange de bons procédés».