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Actualités - ANALYSE

Le Sud demeure au centre d'appréhensions précises

Est-ce le calme qui précède la tempête ? Beaucoup d’observateurs redoutent à Beyrouth que, malgré le retrait israélien, le Liban-Sud ne continue à jouer les soupapes de sûreté, les lices de confrontation indirecte entre joueurs régionaux ou internationaux, les cartes de pression et de contre-pression dans les mains des Israéliens, des Américains, des Syriens, des Palestiniens ou des Iraniens. Pour tout dire, la situation reste particulièrement précaire dans cette zone sensible où rien n’est encore stabilisé. Et qui reste de ce fait tributaire de l’évolution, négative ou positive, sur le front du processus de paix. Les thèmes potentiellement exploitables pour de nouveaux remous sont aussi nombreux que variés : le tracé frontalier, modifié en trois endroits (Rmeich, Métoulla et Misgav Aam) par l’ancien occupant ; le cas des hameaux de Chebaa dérobés à la 425 au profit de la 242 ; les eaux spoliées du Wazzani ou du Hasbani ; les réfugiés palestiniens qui se voient refuser le droit de retour ; les prisonniers politiques libanais captifs en Israël ; les lahdistes que cet État abrite. Dès lors, on craint à Beyrouth qu’en cas de persistance du blocage des pourparlers de paix entre Syriens et Israéliens, des troubles divers n’éclatent au Sud. D’autant qu’Israël considère que par son retrait il a fait un geste en direction de la paix, exigeant en contrepartie que le Liban déploie son armée à la frontière pour neutraliser le Hezbollah. L’ancien occupant refuse de réhabiliter le cadre de la convention d’armistice de 1949 comme le souhaitent les autorités libanaises. Qui ajoutent que le retrait, simple application de la 425, ne donne pas le droit à Israël d’exiger quoi que ce soit par rapport au dispositif frontalier libanais, tant qu’il n’y a pas d’agression contre la Galilée. Cette position de principe n’empêche pas, bien au contraire, les responsables locaux de craindre qu’Israël ne tente de se donner un prétexte d’intervention par des provocations déterminées. Pour le moment, comme le note un diplomate, «nous sommes en plein dans une phase de transition marquée par de multiples incertitudes. Tout ce que l’on sait, c’est que le Liban officiel souhaite éviter tout risque de confrontation avec le Hezbollah. À terme, cette volonté de conciliation peut poser problème, dans la mesure où les Israéliens, soutenus par les Américains, seraient tentés d’utiliser cette carte comme moyen de pression sur la Syrie comme sur le Liban, en cas d’impasse dans le processus de paix. Washington et Paris demandent de leur côté à Beyrouth d’envoyer l’armée, pour se conformer à la 426 et pour désamorcer le danger que le Sud peut représenter en regard du processus. Même si ces deux capitales ne le disent pas en toutes lettres, elles craignent en fait que par le biais du Sud et du Hezbollah, l’Iran n’entre en ligne pour torpiller une paix régionale à laquelle il reste fondamentalement hostile. Mais les responsables libanais ne veulent absolument pas prendre le risque d’une confrontation entre l’armée et le Hezbollah ou entre l’armée et les Palestiniens, car cela provoquerait une crise intérieure et régionale aux conséquences incalculables. Beyrouth ajoute qu’il ne faut pas confondre le retrait israélien du Sud avec la paix et que seul un arrangement régional global peut garantir la sécurité de tous les États riverains. Enfin, les autorités libanaises sont toujours tenues par le jumelage avec le volet syrien. Ce qui signifie qu’on ne peut rien régler avant que le Golan n’ait été rendu à Damas. Et dans le même sens, il n’est pas question que le Liban accepte de participer aux multilatérales tant que les pourparlers syro-israéliens n’ont pas donné de résultat positif». Toujours est-il qu’au stade actuel, la situation n’est pas entièrement bloquée. Les déclarations de Mme Madeleine Albright laissent en effet espérer un prochain redémarrage du processus. Mais cela ne peut se faire avant plusieurs semaines, à cause de la transition en Syrie. Et il est donc possible que les négociations, qui reprendraient en juillet ou en août, ne puissent pas aboutir avant l’expiration du mandat du président Clinton, à la fin de l’année en cours.
Est-ce le calme qui précède la tempête ? Beaucoup d’observateurs redoutent à Beyrouth que, malgré le retrait israélien, le Liban-Sud ne continue à jouer les soupapes de sûreté, les lices de confrontation indirecte entre joueurs régionaux ou internationaux, les cartes de pression et de contre-pression dans les mains des Israéliens, des Américains, des Syriens, des...