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Actualités - INTERVIEWS

Interview - Dimitris Kourkoulas à l'Orient Le Jour Coopération UE-Barreau de Beyrouth pour le respect des droits de l'homme (photos)

Ils étaient quasiment tous présents au siège du barreau au Palais de justice pour assister à la présentation du projet droits de l’homme et démocratie au Liban, le programme de coopération entre l’Union européenne et l’Institut des droits de l’homme relevant de l’Ordre des avocats. Outre le chef de la délégation de la Commission européenne Dimitris Kourkoulas et le président de l’Ordre Michel Lyan, on notait notamment la présence des anciens bâtonniers Samir Abillamaa, Issam Karam et Antoine Klimos. Le but est simple et particulièrement ambitieux s’agissant du Liban : concourir à l’application des principes des droits de l’homme dans les pays méditerranéens. Le projet qui consiste en un don de l’UE de 200 000 euros sera réalisé à travers huit actions : l’organisation de stages et de séminaires spécialisés, la production de manuels qui seront traduits en arabe, d’un périodique spécialisé et de dossiers/rapports sur des questions d’actualité, la traduction et la diffusion de textes d’instruments internationaux concernant les droits de l’homme, l’institution d’une bibliothèque spécialisée ainsi que la surveillance de l’application des conventions des droits de l’homme au Liban. Un site Internet Le directeur de l’Institut des droits de l’homme, Georges Assaf, a débuté la présentation du programme en indiquant qu’un site www.humanrights.lebanon.org,consacré à l’institut sera opérationnel dans un mois, et que n’importe quel internaute pourra s’informer, dans les trois langues, sur les activités et les publications de cet organisme et consulter, entre autres, les textes des conventions internationales pour les droits de l’homme, en précisant lesquelles des conventions étaient approuvées par le Liban, «la lutte contre la torture, par exemple». Me Assaf a également évoqué la publication de plusieurs parutions distribuées aux avocats et consacrées notamment à la réforme du système carcéral au Liban, à la liberté audiovisuelle ou aux critères internationaux pour des jugements équitables. «Ce projet financé par l’UE au profit de l’Institut des droits de l’homme de l’Ordre des avocats vise à promouvoir, former, éduquer et sensibiliser les membres du barreau, du corps judiciaire et les fonctionnaires de différentes administrations concernées, notamment l’administration pénitentiaire et le corps de police», a précisé M. Kourkoulas au cours de son allocution, répondant au pourquoi du financement de tels projets dans le domaine des droits de l’homme et de la démocratie. «Il ne peut y avoir de développement sans paix, et la paix ne peut être assurée à long terme sans un développement durable fondé sur la démocratie, l’État de droit et le respect des droits de l’homme.» Rappelant à quel point l’expérience européenne «a prouvé qu’il ne peut y avoir ni paix ni progrès social et économique sans cette démocratie et ce respect des droits de l’homme», le chef de la délégation de la Commission européenne a clairement défini la ligne directrice de l’UE, son ambition, «coopérer, a-t-il dit, avec les hommes et les femmes de tous les pays du monde qui partagent avec nous cette conviction», notamment ceux du bassin méditerranéen, dans le cadre du partenariat euro-med et du programme Meda Démocratie. Ni imposer ni exporter, mais convaincre Dans une interview exclusive à L’Orient-Le Jour, M. Kourkoulas a d’abord insisté sur les nombreux points communs entre le Liban et l’Europe au niveau du respect des droits de l’homme, à l’exception notable de la peine de mort. «La protection et la défense des droits de l’homme ne s’arrêtent pas uniquement à la peine de mort, nous a précisé le diplomate, il y a d’autres questions aussi importantes que l’abolition de cette dernière». Et M. Kourkoulas de rappeler la décision prise récemment par les Quinze au Portugal, celle «d’essayer de convaincre nos partenaires méditerranéens d’abolir ou de ne pas appliquer ou d’appliquer de façon plus humaine la peine de mort». Et la polémique libanaise autour de ce sujet toujours tabou ? «C’est une affaire interne à chaque pays, une décision souveraine, il n’empêche que l’on a notre point de vue et que nous allons l’exprimer», a-t-il souligné. L’exprimer par des pressions, financières ou autres ? «Non, par des arguments ! Nous ne penserons jamais en termes de pressions, ceci est un partenariat, les Quinze ne veulent ni imposer ni exporter un quelconque système de protection des droits individuels, ils veulent convaincre», nous a-t-il assuré. Au sujet des procès à la chaîne des anciens membres de l’ALS, M. Kourkoulas a répété n’avoir «aucun avis spécifique», ajoutant que «l’essentiel pour le Liban, c’est que chaque accusé puisse bénéficier d’un procès juste.» S’il est optimiste quant à l’application réelle au Liban des conventions relatives aux droits de l’homme ? «C’est quelque chose qui prend du temps, un combat qui ne s’arrête jamais, partout, il faut sensibiliser l’ensemble d’une population, a-t-il souligné, et le Liban, par rapport à d’autres pays de la région, a une tradition dans ce domaine plus positive que les autres. L’arrivée d’une paix globale peut être un facteur encourageant pour un meilleur respect des droits de l’homme dans la région». La grande importance du partenariat euro-med Concernant les prisonniers libanais qui croupissent toujours dans les geôles israéliennes et syriennes, M. Kourkoulas a rappelé la position de l’UE, une demande constante du respect des droits de l’homme. «Nous saisissons toute occasion pour répéter publiquement cela, et parfois même discrètement.» Quant à l’impact du décès du président Assad sur le Proche-Orient en général et le Liban en particulier, il a fortement espéré que «ce changement de pouvoir facilite l’instauration d’une paix globale et équitable», indiquant que le départ d’Assad après 30 ans de régime a été «un événement très important». Enfin, au sujet de la (très) prochaine présidence française de l’UE, M. Kourkoulas, rappelant que cette présidence était par définition «une fonction institutionnelle», a estimé que «la France allait certainement contribuer à faire avancer l’intégration européenne». Soulignant que l’UE allait connaître un certain nombre d’événements historiques, comme la perspective de l’élargissement et la réforme institutionnelle qui y est liée, il a évoqué le discours du président français Jacques Chirac, il y a deux jours, au Bundestag, qui a «particulièrement contribué au débat sur la réforme institutionnelle et l’avenir de l’Europe». Rappelant l’histoire et la situation géographique de la France, il a estimé que cette dernière accorderait «une grande importance au partenariat euro-méditerranéen». Des couacs liés à la cohabitation en prévision ? «Je ne le pense absolument pas, nous a-t-il affirmé, tout s’est très bien passé lors des précédentes cohabitations, et la France n’a besoin d’aucune leçon en matière d’affaires européennes. Parfois, la polyphonie est une bonne chose». Il n’empêche, ce soutien financier et presque moral de l’UE au barreau pour la défense et l’application des droits de l’homme au Liban, dans la situation actuelle des choses, ne peut être que chose positive. Surtout que le Liban, lorsqu’on lui laisse les coudées franches, a une naturelle propension à l’humanisme, au respect et à la tolérance.
Ils étaient quasiment tous présents au siège du barreau au Palais de justice pour assister à la présentation du projet droits de l’homme et démocratie au Liban, le programme de coopération entre l’Union européenne et l’Institut des droits de l’homme relevant de l’Ordre des avocats. Outre le chef de la délégation de la Commission européenne Dimitris Kourkoulas et le...