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Actualités - ANALYSE

Les critères légèrement modifiés Un thème à la mode cette année : la cohésion des listes

Après la disparition du président Hafez el-Assad et la prise en charge du Dr Bachar el-Assad et de son équipe, les rapports syro-libanais restent fondamentalement les mêmes. À quelques nuances près. Ainsi, les législatives locales se préparent suivant une orientation qui donne grosso modo la priorité à la cohésion des listes de candidats. Partout ailleurs, un tel impératif irait de soi. Mais dans un pays aussi composite, aussi hétéroclite socio-politiquement que le Liban, l’identité de vues entre candidats venant de communautés distinctes est une gageure. Encore faut-il comprendre que les différences ne portent pas sur la politique générale, toujours inspirée de Taëf, mais sur des considérations d’influence personnelle ou clanique. Des ressorts dont il ne faut pas sous-estimer la puissance. Ainsi, au Nord, même les décideurs ne sont pas parvenus à convaincre le président Omar Karamé et M. Sleiman Frangié de reconduire leur alliance d’il y a quatre ans. Les deux hommes soutiennent que trop de choses les séparent. Et font valoir leur préférence pour des attelages mieux appariés. L’ancien président du Conseil envisage dès lors de faire équipe avec Mme Nayla Moawad et M. Frangié songe pour sa part à s’allier avec M. Négib Mikati. Mais comment les deux leaders ont-ils pu résister aux pressions des décideurs ? «C’est simple, répond un loyaliste, tant que la ligne générale reste la même, les tuteurs se limitent à des recommandations, s’abstiennent de toute injonction formelle et laissent les intéressés libres de leurs mouvements». «Mais cela ne vaut, précise cette source, que pour les zones qui n’ont pas un caractère régional stratégique. Au Sud et dans la Békaa, les formations concernées n’ont pas le choix : elles doivent se coaliser. Car il n’est pas question de permettre dans ces zones à haut risque des affrontements qui pourraient devenir sanglants et déstabiliser le pays tout entier». Cela, bien entendu, par allusion au mouvement Amal et au Hezbollah, tenus de s ’entendre malgré la rivalité qui les oppose sur le plan électoral, populaire ou communautaire. Quoi qu’il en soit, les chefs de file intensifient à l’heure actuelle leurs tractations, ou leurs marchandages, pour être en mesure de proclamer leurs listes à la mi-juillet. Dans nombre de régions, les noyaux de listes sont déjà connus, mais il reste des places à pourvoir. Répétons-le : la rengaine en vogue cette année, que l’on entend fredonner partout, a pour titre Cohésion. Aux journalistes qui leur demandent leurs programmes, les leaders répètent inlassablement : «Il nous importe avant tout de constituer autour de nous des équipes animées d’une même foi, soudées par de mêmes objectifs et dont les membres continueront à travailler ensemble après les élections. Les temps où les alliances étaient purement électorales sont révolus, car la population veut des représentants unis, pour être mieux servie». Une façon de dire que ces figures de proue, nonobstant les avantages électoraux qu’il peut y avoir à s’allier avec des égaux qui reprennent ensuite leur liberté politique, préfèrent avoir à leurs côtés, place de l’Étoile, des troupes peut-être réduites mais fidèles. Mais le choix devient de la sorte plus délicat, plus difficile. Car il faut quand même qu’un candidat apporte quelques voix à la liste. Trop léger, il risquerait de la couler. De plus, beaucoup se soucient, avant même d’examiner les précandidatures, d’avoir l’avis des décideurs, qu’il est difficile de toucher actuellement car ils ont d’autres chats à fouetter. Les tractations s’avèrent donc ardues et c’est ce qui explique le retard sensible dans la proclamation des listes. Car, tout compte fait, la date-butoir de la mi-juillet est vraiment limite : il ne resterait plus qu’un mois, un mois et demi, pour la campagne effective. À peine le temps de faire la tournée des villages. Toujours est-il qu’on apprend avec émerveillement que le pouvoir, pour sa part, est résolu cette fois à rester équidistant de tous les candidats, à ne privilégier ou ne soutenir personne. Les loyalistes ajoutent qu’il faut éviter tout amalgame. Ils indiquent mezza voce que le directeur de la Sûreté générale, le général Jamil Sayyed, a été chargé du dossier pour veiller à ce qu’il n’y ait pas d’immixtions intempestives. Et pour faire appliquer les directives du chef de l’État qui sont : égalité parfaite des chances, élections régulières, propres, exemplaires, à l’ombre d’une parfaite neutralité de l’État.
Après la disparition du président Hafez el-Assad et la prise en charge du Dr Bachar el-Assad et de son équipe, les rapports syro-libanais restent fondamentalement les mêmes. À quelques nuances près. Ainsi, les législatives locales se préparent suivant une orientation qui donne grosso modo la priorité à la cohésion des listes de candidats. Partout ailleurs, un tel impératif...