Liban-Sud - Nouveau contretemps dans le processus de vérification Roed-Larsen regagne New York (photos)

Les Casques bleus n’ont pu commencer hier leur travail de vérification du retrait israélien du Liban-Sud en raison d’un différend de dernière heure sur le kibboutz de Misgav Am entre l’Onu et Israël, a-t-on appris auprès de la Finul. «Lors d’une réunion la nuit dernière (de mardi à mercredi) à Nahariya (nord d’Israël) les cartographes de l’Onu ont constaté une violation de la frontière par Israël, au sud du kibboutz de Misgav Am», a indiqué le porte-parole de la Force intérimaire des Nations unies au Liban, Timour Goksel. «Les experts ont constaté mardi qu’Israël avait mal interprété une ligne tracée par l’Onu», mais «les Israéliens ne sont pas d’accord», a-t-il dit, indiquant : «Depuis, nous attendons la réponse israélienne». Selon M. Goksel, «les experts israéliens ont promis de nous contacter après avoir obtenu un feu vert au niveau politique (...). Les autres points de litige ont été levés et lorsque cet ultime problème aura été résolu, une équipe de la Finul viendra vérifier sur place que tout est en ordre». «Bien entendu, si nous ne réglons pas ce problème, nous ne pouvons pas entamer le processus de vérification» du retrait, a-t-il souligné. En dépit de ce contretemps, l’envoyé spécial de l’Onu au Proche-Orient, Terjé Roed-Larsen, a quitté hier Beyrouth pour New York, a annoncé l’Onu. Commentant le départ pour New York de M. Roed-Larsen, le porte-parole de l’Onu, Fred Eckhard, a indiqué que ce dernier était «convaincu que toutes les questions ayant trait au tracé de la ligne de retrait seront résolues». «Il en est suffisamment certain pour avoir décidé de retourner à New York pour informer le secrétaire général Kofi Annan de sa mission de deux semaines dans la région», a-t-il ajouté. L’envoyé spécial de l’Onu au Proche-Orient Terjé Roed-Larsen avait annoncé mardi à Beyrouth que l’Onu avait fixé le tracé définitif de la ligne de retrait des troupes israéliennes du Liban-Sud, malgré les réserves tant du Liban que d’Israël sur certains points. Confiance fondée La confiance affichée par M. Roed-Larsen semble fondée. En effet, bien qu’il ait maintenu ses réserves sur trois points de cette ligne qu’il estime trop éloignés de la frontière internationale, le Liban a promis hier de coopérer pleinement avec l’Onu dès qu’elle aura vérifié la conformité du retrait israélien du Liban-Sud à la résolution 425. «Nous annonçons être totalement prêts à coopérer avec les Nations unies dans l’exécution de sa tâche dans les zones libérées», a déclaré le président du Conseil Sélim Hoss. Misgav Am, avec Rmeich et Metoulla, est l’un des trois endroits de la frontière sur lesquels le Liban avait formulé des réserves. Le kibboutz de Misgav Am, dans la région dite du Doigt de la Galilée a «débordé à l’Ouest» sur le Liban, selon une source officielle libanaise, sur près de 6 kilomètres de long et 200 mètres de profondeur maximale. Démantèlements israéliens Pour sa part, Israël semble également faire preuve de coopération avec l’Onu. C’est ainsi que, dans la journée, les Israéliens ont continué de démanteler ou faire sauter des installations situées côté libanais de la ligne de retrait. En particulier, l’armée israélienne a évacué une position militaire près de la source de la rivière Wazzani et dynamité le fortin d’Abbassiyé. Les soldats israéliens ont quitté à l’aube leur position érigée à une centaine de mètres de la source de la rivière Wazzani, un affluent du Hasbani, dont le cours se prolonge dans le nord d’Israël, selon des témoins. L’armée israélienne, qui avait installé des barbelés autour de la source du Wazzani, n’a pas démonté pour autant le système de pompage relié à des tuyaux qui se dirigent vers le territoire israélien. Les soldats israéliens se sont repliés sur une position 300 mètres plus loin, proche du village de Ghajar, situé entre le Liban et le Golan syrien occupé par Israël. Le territoire de ce village doit être coupé en deux dans le cadre de la démarcation par l’Onu de la frontière avec le Liban. Mais la situation est telle que ce tracé partage en deux certains domiciles du village. Par ailleurs, l’armée israélienne a dynamité dans la nuit son importante position d’Abbassiyé, située près du village libanais du même nom, qui est toujours derrière les barbelés israéliens. Des bulldozers effectuaient hier matin des travaux de déblaiement sur la position dynamitée, alors qu’une centaine d’habitants d’Abbassiyé s’étaient rassemblés et cherchaient à soulever les barbelés pour rentrer dans le village. Des officiers de l’Onust (Organisation des Nations unies pour la surveillance de la trêve, chargés de veiller à la ligne d’armistice de 1949), sont venus sur place faire des relevés, a constaté le correspondant de l’AFP. Évacuation d’une bande territoriale près de Métoulla Israël a également évacué hier une bande territoriale libanaise collée au village israélien de Métoulla et les localités libanaises de Khiam, Marjeyoun et Kfar Killa. Les soldats israéliens se sont repliés derrière un barbelé situé aux abords immédiats de Métoulla, abandonnant derrière eux une clôture grillagée qui englobait une bande longue de six kilomètres et large de 150 mètres en moyenne. À Métoulla, les Israéliens ont évacué «à 90 %» le secteur réclamé par le Liban, a déclaré à l’AFP une source officielle libanaise. Deux officiers libanais chargés du dossier ont longé une partie de la frontière hier après-midi avec des experts de la Finul. La certification par l’Onu du retrait israélien est un préalable indispensable avant le déploiement de la Finul dans l’ex-zone occupée pour aider le Liban à y restaurer sa souveraineté et à assurer la paix et la sécurité.