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Actualités - REPORTAGES

Syrie - Scènes poignantes aux obsèques officielles de Hafez el-Assad A Damas, un dernier bain de foule (photos)

Des scènes poignantes de douleur, qui confinaient parfois à l’hystérie, ont marqué hier à Damas les obsèques de Hafez el-Assad, décédé samedi dernier d’une crise cardiaque. Des centaines de milliers de Syriens s’étaient rassemblés depuis les premières lueurs de l’aube dans le centre de la ville pour adresser un dernier adieu à l’homme qui leur avait assuré, parfois au prix de beaucoup de privations et de souffrances, une ère de stabilité qui aura duré trois décennies. Toute la nuit et jusqu’en fin de matinée, des avions officiels avaient atterri à l’aéroport de Damas, débarquant dans la capitale des Omeyyades une centaine de délégations arabes et étrangères venues saluer la dépouille du chef de l’État disparu et présenter leurs condoléances à son fils Bachar, successeur déjà choisi par les instances du parti Baas au pouvoir, assuré de la fidélité des forces armées et apparemment du soutien d’une population inquiète de son lendemain. Sous un soleil brûlant, à huit heures tapantes, au son de 21 coups de canon, la dépouille mortelle du défunt quitte le domicile familial, une modeste villa de deux étages quartier al-Rawda. Le cercueil, recouvert du drapeau aux couleurs syriennes – rouge, blanc et noir, frappé de deux étoiles vertes – est porté par des officiers de la garde présidentielle, fer de lance du régime. Derrière le cercueil, la longue silhouette de Bachar qui cache sa tristesse à l’aide de lunettes noires. Il est entouré de ses deux frères Majd et Maher, de son oncle Jamil, et des plus hauts dignitaires du régime. Quelques centaines de mètres plus loin, place des Ommeyades où le cortège funèbre arrive, c’est le délire. La foule hurle son désespoir et tente de déborder le service d’ordre pour s’approcher du cercueil. Les bérets rouges interviennent vigoureusement mais sans violence excessive. Dans la bousculade, des gens s’évanouissent, d’autres sont piétinés. Mais très vite, l’ordre est rétabli. Le cercueil est ensuite placé sur un affût de canon et tracté à travers la ville sous les acclamations et les cris de lamentation de centaines de milliers de citoyens massés tout le long du parcours, jusqu’au Palais du peuple, véritable forteresse, érigée sur la colline Qassioum qui domine la ville et où «le lion de Damas» recevait ses hôtes de marque,notamment Bill Clinton en 1994. Là, pendant plus de cinq heures d’affilée, les invités officiels, amis, alliés ou adversaires du défunt, commencent à défiler devant le cercueil du président décédé à l’âge de 69 ans. Parmi eux, un seul chef d’État occidental : le Français Jacques Chirac, qui a été reçu à l’aéroport par le Premier ministre syrien Mohamed Moustapha Miro. Certains invités, considérés comme importants aux yeux de la diplomatie syrienne, ont été reçus personnellement par le successeur en puissance, Bachar. Ce fut ainsi le cas des présidents égyptien et iranien, Hosni Moubarak et Mohammad Khatami, et de la secrétaire d’État américaine Madeleine Albright. Après s’être inclinée devant le corps d’Assad, Albright, dont le chapeau noir détonnait avec les voiles blancs des dames syriennes présentes, s’est entretenue durant une dizaine de minutes avec Bachar, dont elle a salué «le désir de paix». Signe toutefois d’un changement en cours dans la diplomatie syrienne, le ministre des Affaires étrangères Farouk el-Chareh, considéré comme ayant été l’unique confident du président Assad, n’a pas pris part à la rencontre. Le roi Abdallah de Jordanie, le président de la Commission européenne Romano Prodi ou encore le secrétaire du Foreign Office britannique Robin Cook ont ensuite tour à tour présenté leurs condoléances. Le président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat, en froid avec Assad depuis la signature des accords israélo-palestiniens de 1993, s’est recueilli, les larmes aux yeux, devant la dépouille du président qu’il a saluée à deux reprises. De nombreux hommes politiques libanais de tous bords et à leur tête les présidents Émile Lahoud, Nabih Berry et Sélim Hoss ont également fait le déplacement, pour la deuxième fois en 24 heures à Damas. Deuxième visite également remarquée, celle du secrétaire général du Hezbollah, cheikh Hassan Nasrallah, à la tête d’une importante délégation de la résistance. En fin d’après-midi, la dépouille du président a quitté Damas pour Qerdaha, le village natal, où la grande famille, celle des siens, l’attendait pour l’accompagner à sa dernière demeure. Une longue page de l’histoire de la Syrie venait d’être tournée.
Des scènes poignantes de douleur, qui confinaient parfois à l’hystérie, ont marqué hier à Damas les obsèques de Hafez el-Assad, décédé samedi dernier d’une crise cardiaque. Des centaines de milliers de Syriens s’étaient rassemblés depuis les premières lueurs de l’aube dans le centre de la ville pour adresser un dernier adieu à l’homme qui leur avait assuré,...