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Actualités - REPORTAGES

Liban-Syrie - Le général Ghazali a reçu les condoléances à Ramlet el-Baïda C'est le chef de famille que nous venons pleurer, déclare un homme originaire du Liban-Sud (photo)

Entre le bleu ciel et le bleu turquoise. C’est la couleur de la tente dressée par les forces syriennes en poste au Liban, en plein Beyrouth, à Ramlet el-Baïda, pour permettre au général Rustom Ghazali, chef des services de renseignements syriens à Beyrouth, de recevoir les condoléances à la suite du décès du président syrien Hafez el-Assad, et les chaises, en plastique, sont jaunes, ou blanches… Les portraits sont partout, surmultipliés, ceux du président défunt, ceux de Bachar, alternés, juxtaposés, collés les uns aux autres sur chaque pan de mur, ou bien séparés, comme ces immenses morceaux de toile peinte qui recouvrent deux façades mitoyennes, et les haut-parleurs qui continuent de diffuser des versets coraniques et les chants funèbres. Ils sont venus, les députés, les dignitaires religieux de toutes les confessions, les officiels de l’armée et les gens du peuple, surtout les gens du peuple, leurs visages étaient fermés, éplorés presque, ces hommes-là se sentaient concernés, il y avait comme la recherche d’une implication voulue et désirée, ces gens-là, ils sont pauvres, ils sont simples, même s’ils ne comprennent pas toujours ce qu’ils disent, ce qu’ils font, ils sont entiers, «c’est le chef de famille que l’on vient pleurer», nous dira l’un d’entre eux, arrivé, en délégation, de Hounine, un des sept villages du Liban-Sud. D’ailleurs, elles étaient nombreuses, hier, les délégations venues présenter leurs condoléances au général Ghazali, il y avait les serveurs du Grand Café, avec leurs gilets jaune et noir, il y avait même les deux jeunes préposés au narguilé, en costume traditionnel, noir et dorures… Il y avait aussi les pompiers des Makassed, les scouts d’al-Rissala al-islamiyya (Mission islamique), en costume également, leurs guêtres blanches, une délégation d’ouvriers syriens également, en sueur, en transe presque, leurs voix scandant les infinis slogans, couvrant même les versets des haut-parleurs. Hier soir, entre 18h30 et 19h30, et cela durera jusqu’à 23 heures, le général Ghazali a reçu, en outre, les condoléances du ministre des Ressources hydrauliques et électriques, Sleiman Traboulsi, de celui du Tourisme, Arthur Nazarian, accompagné d’une forte délégation du Tachnag, et des députés arméniens, à l’exception de Georges Kassarji, retenu à Zahlé. Le procureur général Adnan Addoum, le président Rachid Solh, le député Jean Ghanem, la délégation du PSNS et l’ancien archevêque de Beyrouth, Mgr Khalil Abi-Nader, étaient également présents. La cérémonie était aussi bien réglée que du papier à musique, un «figurant» occupait la chaise à la droite de celle de Rustom Ghazali jusqu’à ce qu’une personnalité venue présenter ses condoléances serre la main du général syrien avant de s’asseoir à la place fraîchement libérée pour recevoir, à son tour, les condoléances. «Le monde arabe a perdu deux grands hommes dans son histoire récente, Abdel Nasser et Hafez el-Assad, et sa mort est une perte pour la Syrie, le Liban et tout le Proche-Orient, c’était la seule personne capable de dire la volonté de tous les Arabes». Ces mots-là, ce sont ceux de Mgr Abi-Nader, que nous avons interrogé sur les répercussions de cette disparition sur l’ensemble du Proche-Orient et sur les futures élections législatives au Liban. «Beaucoup de points d’interrogation persistent, mais seule l’unité des Arabes pourra sauver le Proche-Orient, et nous espérons sincèrement que nos responsables soient, à l’instar du président Lahoud, à la hauteur de la situation difficile que le Liban traverse actuellement», nous répondra-t-il. Et le défilé continuait, les deux serveurs auxquels on avait confié les cafetières circulaient entre les chaises, entre les rangs, distribuant les tasses orientales, des bambins, sept ou huit ans, faisaient également les rangées, essayant de vendre des posters à l’effigie du président défunt, et puis il y avait les hommes du parti Amal… Ils étaient venus en masse, tous les âges, tous les styles vestimentaires, pantalon à pince et chemise impeccable ou blue-jean débardeur et ruban noir au front, les drapeaux verts et les portraits géants qu’ils brandissaient, ils répétaient à l’envi ce prénom désormais sur des milliers de lèvres, ce «Bachar» qui cristallise maintenant leurs espoirs, leurs espérances, identiques, définitivement identiques à ceux des millions de Syriens. Devant les appareils photo, ils posaient, ils oubliaient leur peine, on allait les cadrer, les viser, ils allaient montrer aux gens leur présence, leur douleur, ce soir-là, à Ramlet el-Baïda, on les immortalisera… Et ils auront serré la main du maître de cérémonie, le général Rustom Ghazali.
Entre le bleu ciel et le bleu turquoise. C’est la couleur de la tente dressée par les forces syriennes en poste au Liban, en plein Beyrouth, à Ramlet el-Baïda, pour permettre au général Rustom Ghazali, chef des services de renseignements syriens à Beyrouth, de recevoir les condoléances à la suite du décès du président syrien Hafez el-Assad, et les chaises, en plastique,...