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Actualités - OPINION

Peut-être

Vous les entendez ? Non ? Pourtant cela fait des jours et des jours qu’ils nous harcèlent. Chacun dans son langage, dans sa langue. Védrine le Français, Annan l’Africain, le premier concis et mordant, le second d’un légalisme réprobateur, tous deux en colère quand ils parlent de nous, l’humiliation aux lèvres. Et les autres, ceux à qui donner leur avis ne coûterait pas un seul soldat, les États-Unis par exemple, qui parlent néanmoins par la voix du gouvernement français lequel, l’a-t-il assez répété, est politiquement «associé» à Washington, surtout au Moyen-Orient, comme l’est Annan pour maintenir la paix dans l’empire, l’empire américain s’entend. Ils nous réservent le langage le plus dur, si dur qu’on ne peut ne pas apercevoir la perche qu’ils nous tendent par-delà les mots : «Vous craignez qu’un tiers fasse opposition au déploiement de votre armée sur la frontière eh bien nous vous fournissons, par notre discours, de quoi l’intimider ; est-il indifférent au jugement de la communauté internationale, imperméable aux règlements d’une Onu dont il est membre ? Vous verrez que non, mais annoncez, en un “engagement précis”, comme l’a souhaité la porte-parole du Quai d’Orsay, que vous envoyez la troupe. Nous avons déjà dit qu’en ce cas nous jouerions notre rôle...». Enfin, ils se sont évertués à nous presser d’envoyer au plus vite notre armée au Sud, pour y restaurer notre autorité, en faisant une condition sine qua non pour leur aide. Mais non. Le Liban officiel n’a pas bronché. Pardon, M. Hoss a bien dit qu’il enverrait «peut-être» l’armée au Sud (on ne le savait pas si casuiste), mais, comme chacun le sait, on ne commande pas, pas plus qu’on ne gouverne avec des «peut-être». Et ce n’est pas Mgr Nasrallah Sfeir (voir par ailleurs), si respectable soit-il, qui fera avancer les blindés tout seul. Pas plus que les très nombreuses personnalités libanaises, politiques et intellectuelles, qui souhaitent impatiemment voir quelques officiers et beaucoup de soldats remplacer les barbelés de mauvaise mémoire et les gendarmes qui n’en peuvent mais. Question d’efficacité, question de souveraineté. Maintenant que le mot est lâché, nous savons depuis pas mal de temps que notre souveraineté s’arrête où commence celle des autres, et nous pensons ici, bien sûr, à celle de Damas, qui gêne aux entournures certains de nos compatriotes. Damas que l’on comprend à beaucoup d’égards, mais dont on souhaiterait que l’intelligence politique dépasse le niveau de cette «carte du Sud» qu’on l’accuse de vouloir conserver à tout prix, et qui risque de nous exploser entre les mains, nous la Syrie et le Liban.
Vous les entendez ? Non ? Pourtant cela fait des jours et des jours qu’ils nous harcèlent. Chacun dans son langage, dans sa langue. Védrine le Français, Annan l’Africain, le premier concis et mordant, le second d’un légalisme réprobateur, tous deux en colère quand ils parlent de nous, l’humiliation aux lèvres. Et les autres, ceux à qui donner leur avis ne coûterait pas...