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Actualités - ANALYSE

Présence syrienne : la différence entre la 425 et la 520

En réclamant le retrait des troupes syriennes du Liban, les États-Unis croient faire pression sur Damas pour l’obliger à revenir à la table des négociations avec Israël avant la fin du mandat du président Clinton. En réalité, selon un politicien local chevronné, la réponse syrienne à cette exigence américaine est toute prête : il suffit que Beyrouth le demande, Damas évacuera aussitôt son armée du Liban. C’est d’ailleurs le président de la République Émile Lahoud qui a pris sur lui de répondre à Washington en affirmant que les unités syriennes stationnées dans le pays se touvent là à la demande de Beyrouth. Elles se retireront quand le gouvernement le demandera et quand leur départ sera conforme à ses intérêts et non à ceux de l’État hébreu. De son côté, le Premier ministre Sélim Hoss a précisé : «Ni Israël ni les États-Unis n’ont le droit de s’ingérer dans les affaires libano-syriennes, la présence militaire syrienne au Liban étant légale et provisoire. Les frères syriens sont venus à la demande du président de la République de l’époque et leur présence a été avalisée lors du sommet du Caire. Cette présence ne pose donc aucun problème comme certains se plaisent à le croire». Le président de la Chambre Nabih Berry pour sa part a qualifié de «stupide et d’ignorant» quiconque réclamait le départ des troupes syriennes dans les circonstances actuelles. De son côté, l’ancien chef de gouvernement Rafic Hariri a déclaré : «Je crois que cette exigence est actuellement hors de propos et son timing soulève plus d’un point d’interrogation». Et à ceux qui réclament l’application de la résolution 520 de l’Onu, à l’instar de la 425, on répond en affirmant qu’il y a une grande différence entre les deux résolutions. En effet, selon le même politicien, la 520 ne serait pas vraiment une résolution du Conseil de sécurité dans la mesure où celui-ci s’est contenté de prendre acte de la demande du gouvernement libanais qui réclamait, après la mort de Béchir Gemayel, en septembre 1982, le retrait de toutes les forces étrangères du Liban. Or, le fait de prendre acte n’a aucune valeur contraignante. Du reste, ce n’est pas la première fois que les États-Unis exigent le départ de toutes les troupes étrangères du Liban. Cette attitude coïncide généralement avec la période de l’élection présidentielle. De fait, le vice-président Al Gore lance aujourd’hui cet appel ; il imite en cela le président Clinton qui, lors de sa campagne contre George Bush, avait notamment reproché à ce dernier sa complaisance à l’égard de la Syrie et du président Hafez el-Assad. Mais malgré ces positions en flèche, Bill Clinton n’a rien fait, durant ses deux mandats, pour obtenir le retrait de toutes les forces étrangères du Liban. Le politicien chevronné en question relève en outre que l’armée syrienne est entrée au Liban avec l’aval de toutes les parties régionales et internationales concernées. Nul autre qu’elle n’aurait été en mesure de remplir la tâche qui lui était assignée, en l’occurrence : arrêter les combats fratricides dans le pays, contrôler les groupes palestiniens armés, faire échec aux complots partitionnistes, réaliser l’unité du territoire, du peuple et des institutions, créer un gouvernement d’entente nationale, veiller à la dissolution de toutes les milices libanaises et étrangères, réunifier l’armée et l’entraîner, régler le problème des personnes déplacées, épauler les forces armées légales dans le rétablissement de la souveraineté de l’État et prendre toutes les mesures nécessaires à la libération du territoire libanais de l’occupation israélienne. À présent, il reste à justifier le maintien des troupes syriennes au Liban en spécifiant les tâches qu’elles devraient encore remplir. Il convient donc de parvenir à un accord là-dessus de manière à couper l’herbe sous les pieds de tous les opposants à une telle présence. Selon le même politicien, c’est par l’élaboration d’un tel accord que le Liban recouvrera sa souveraineté du moment qu’on aura fixé un délai à cette présence. Celle-ci pourra être alors considérée comme réellement provisoire. En tout état de cause, il reste difficile d’obtenir l’application de la 520 indépendamment de celle des résolutions 242 et 338 . C’est la seule façon de parvenir à une paix globale qui – est-il besoin de le souligner ? – est dans l’intérêt du Liban.
En réclamant le retrait des troupes syriennes du Liban, les États-Unis croient faire pression sur Damas pour l’obliger à revenir à la table des négociations avec Israël avant la fin du mandat du président Clinton. En réalité, selon un politicien local chevronné, la réponse syrienne à cette exigence américaine est toute prête : il suffit que Beyrouth le demande, Damas...