Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Séance parlementaire aujourd'hui à Bint-Jbeil L'Etat choisit une présence axée sur les services

L’occasion était trop belle pour ne pas être solennisée. L’école publique de Bint-Jbeil, au cœur du Sud libéré, et l’Assemblée nationale auront l’honneur réciproque de se rencontrer ce mercredi. Pour un débat unique au cours duquel le gouvernement exposera son plan de redressement pour les régions libérées. À la lumière de l’étude établie par la commission ministérielle ad hoc, dont le président, M. Michel Murr, a réuni à cet effet des cadres de tous les départements publics concernés. Après les couacs des noces de la libération, c’est plutôt le retour au calme dans les régions frontalières. Grâce, il faut dire, à deux sortes de barrages très significatifs par eux-mêmes : le filtrage opéré par l’armée sur les points routiers de jonction donnant accès à la zone précédemment occupée ; et les barricades Hezbollah le long de la bordure barbelée. L’arrêt du flux, joyeux mais désordonné, de Libanais de l’intérieur et de revenants a beaucoup contribué à apaiser un climat qui devenait tendu. À cause des blessés causés par les tirs israéliens. Mais aussi à cause des exactions commises par quelques têtes brûlées incontrôlées, aux dépens de la population. La Résistance et l’ensemble des partis ont condamné ces dérapages, demandant à l’État de sévir sans tarder contre les coupables. Mais en pratique les forces de police parachutées à la hâte dans le Sud libéré ne semblent pas avoir les moyens d’opérer des rafles. D’autant que les formations politiques concernées, tout en appelant les particuliers victimes de pillage à porter plainte, éventuellement contre X, n’ont procédé à aucune dénonciation, n’ont livré personne à la justice. Et se sont efforcées, dans leurs discours, sinon de justifier de tels débordements, du moins d’en relativiser la portée, quand bien même la population ait été prise de panique. Toujours est-il que, fidèles à une dialectique éprouvée, les pôles locaux sont tous d’accord pour estimer que les désordres enregistrés servent les desseins d’Israël, qui pourrait dès lors en être le commanditaire occulte. En tout cas les tentatives de perturbation semblent avoir tourné court. Les visiteurs du Sud ont pu constater ces derniers jours une sensible réduction des apparences armées, alors que les premiers jours il y avait peu d’éléments, en civil ou en tenue léopard, qui n’exhibassent un impressionnant arsenal personnel. Les bavures ont cessé dans les villages à dominante chrétienne, un moment investis par toutes sortes de groupes visiblement incontrôlés, agissant sous d’innombrables bannières. Selon des sources locales, le retour à la normale, ajouté aux appels des officiels, a convaincu une poignée des familles, d’abord réfugiées en Israël, à regagner leurs foyers en terre libanaise. Il n’empêche que la situation sur le plan sécuritaire reste flottante. D’abord parce que le terrain n’a pas encore été nettoyé de ses mines et de ses destructions ou barricades. Ensuite tout simplement parce que les gens n’arrivent pas à comprendre pourquoi l’État n’envoie pas l’armée, dont seule la présence peut vraiment les rassurer. Aussi nombre de députés opposants ont la ferme intention de soulever ce point aujourd’hui lors de la séance extraordinaire à Bint Jbeil. Ces parlementaires, que des loyalistes ont tenté de dissuader en leur faisant remarquer qu’ils allaient «troubler la fête», ont répondu que c’est l’absentéisme étatique qui risque de tout gâcher. À moins que ces politiciens ne renoncent à développer leurs critiques, sur pression par exemple des décideurs, le gouvernement va donc devoir s’expliquer sur ses atermoiements concernant l’envoi de l’armée. Il va probablement répéter grosso modo que cela se fera en temps opportun. Et que pour l’heure un tel déploiement présenterait un double risque : celui de heurts avec des éléments armés se réclamant de la résistance et celui de faire paraître l’armée libanaise comme servant de garde frontière pour le compte de l’ennemi israélien. Le gouvernement pourrait même, selon certaines sources, contre-attaquer en imputant à ses détracteurs une surenchère démagogique à caractère électoral. Ce qui est peut-être exact, dans certains cas. Mais qui ne répond pas à la seule vraie question : la décision de ne rien décider pour le moment, au risque de décontenancer l’Onu, ne se rapporte-t-elle pas plutôt au dossier régional qu’à des considérations intérieures ? Un ministre répond par la négative. «Ce n’est pas la Syrie qui est derrière notre choix, affirme-t-il. Le Liban a lutté pendant vingt-deux ans pour l’application des résolutions de l’Onu le concernant. Il ne va donc pas s’y dérober. Mais en temps voulu, comme le stipule du reste la 426. En effet, cette résolution technique fixe trois phases successives. Nous en sommes à la toute première, qui consiste à vérifier la totalité du retrait. Ensuite il devra y avoir un déploiement de la Finul et en dernier lieu une relève, une prise en charge par l’armée libanaise». «Mais là où le bât blesse, riposte un opposant, c’est qu’aujourd’hui ou plus tard, une fois les réguliers libanais sur place, toutes les autres parties devront être désarmées. Et une telle mesure, éminemment politique, requiert évidemment l’aval des décideurs». Le débat est ouvert.
L’occasion était trop belle pour ne pas être solennisée. L’école publique de Bint-Jbeil, au cœur du Sud libéré, et l’Assemblée nationale auront l’honneur réciproque de se rencontrer ce mercredi. Pour un débat unique au cours duquel le gouvernement exposera son plan de redressement pour les régions libérées. À la lumière de l’étude établie par la commission...