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Actualités - ANALYSE

Une retombée naturelle des développements La présence syrienne de nouveau sur le tapis

Une boutade en vogue aujourd’hui dans certains salons : Maintenant que nous sommes libérés, quand serons-nous libres ? » C’est que par un effet de vases communicants, le retrait israélien, qui prélude à celui d’une Finul maintenant au bout de ses peines, suscite automatiquement des interrogations sur la présence armée syrienne. À cette différence essentielle que la libération du Sud faisait l’unanimité des Libanais, tandis que le départ ou le maintien des Syriens divise profondément le pays. D’où une nécessité première : un dialogue politique calme, pour parvenir à une position unifiée. En jetant les bases de l’ordre nouveau, les congressistes de Taëf avaient pris soin de dissocier complètement l’assistance sécuritaire syrienne de l’occupation militaire israélienne. Les retraits n’étant pas liés, il avait été prévu que les unités syriennes amies, «remerciées (uniquement au sens gratifiant du terme), épauleraient les forces régulières libanaises durant une période maximale de deux années courant après l’approbation du document d’entente nationale, l’élection du chef de l’État, la formation d’un Cabinet d’entente nationale et l’adoption constitutionnelle des réformes politiques». À l’issue du délai fixé, expirant en principe au mois de septembre 1992, «le gouvernement syrien et le gouvernement libanais d’entente nationale décréteront le redéploiement des forces syriennes dans la Békaa et à l’entrée de la Békaa-Ouest, au col de Baydar, suivant le pointillé Hammana-Mdeirej - Ayn Dara. Ainsi qu’en d’autres sites qui seraient déterminés, si besoin était, par une commission militaire mixte libano-syrienne. De même, les deux gouvernements s’entendront sur le volume et la durée de présence des forces syriennes dans les zones précitées, ainsi que sur la nature des rapports qu’elles devront avoir avec les autorités libanaises». Au bout des deux ans, le secrétaire d’État US James Baker est accouru à brides abattues pour exiger le départ des Syriens. Il a été renvoyé sèchement dans les cordes par les deux gouvernements qui ont répondu en substance : «Cette question ne regarde que Beyrouth et Damas». Parallèlement, on faisait valoir du côté des loyalistes que l’abolition du confessionnalisme politique n’étant encore qu’un vague projet, les réformes constitutionnelles étaient loin d’être terminées. Ce qui signifiait que le délai des deux ans n’était pas encore près de commencer à courir. Mais on aurait pu user tout aussi bien d’un autre prétexte, assez paradoxal au fond : la mise sur pied d’un Cabinet d’entente nationale, autre condition prévue pour le délai de départ, n’a jamais été réalisée. Toujours est-il qu’à la longue les gouvernements successifs se sont rabattus sur un argument à la fois plus vague et plus difficilement discutable : la persistance du besoin d’assistance en termes de stabilité sécuritaire intérieure. Et cela même après que l’armée nationale se fut réunifiée, réorganisée et solidement renforcée, sous l’efficace impulsion du général Émile Lahoud. Au fil des mois et des années, au niveau de l’opinion comme des pôles politiques, un consensus sous-jacent s’était tissé : on ne pouvait quand même pas demander aux Syriens, dont la présence était du reste souhaitée par la majorité de la population, de partir avant ou en même temps que le spoliateur israélien. Aux rares ultras qui soulignaient que dans la logique même de la dissociation des deux présences, le départ syrien pouvait avoir lieu avant le retrait israélien, les loyalistes répondaient, à l’instar du président Nabih Berry : «Qu’Israël quitte d’abord le Sud et la Békaa-Ouest, puis nous garantirons le départ des Syriens». Un engagement que l’on pensait prendre à bon compte dans la mesure où personne ne croyait qu’Israël pût jamais lâcher sa proie. Mais grâce à la Résistance, le prodige s’est produit. Israël a pris ses cliques, après de cuisantes claques, et s’en est retourné en Palestine occupée. Des voix s’élèvent pour reparler de la présence syrienne. Avec le soutien ostensible de membres du Congrès américain, démocrates et républicains confondus, qui ont signé une motion réclamant «le retrait de toutes les armées étrangères du Liban, pour que ce pays recouvre une souveraineté totale sur son territoire». Les loyalistes, dont le président Berry, ripostent en affirmant qu’il leur paraît «stupide de réclamer en ce moment même le retrait des forces syriennes, dont la situation exige le maintien». Ajoutant que «c’est aux gouvernements libanais et syrien de juger quand il sera possible de se passer de ces forces». Des modérés proposent pour leur part que l’on s’attelle à élaborer un calendrier-programme fixant la durée de présence des unités syriennes et définissant les missions qu’il leur serait demandé d’assumer durant cette période. Mais ces personnalités ne cachent pas que selon toute probabilité, les Syriens resteront au moins jusqu’à ce qu’ils aient récupéré le Golan.
Une boutade en vogue aujourd’hui dans certains salons : Maintenant que nous sommes libérés, quand serons-nous libres ? » C’est que par un effet de vases communicants, le retrait israélien, qui prélude à celui d’une Finul maintenant au bout de ses peines, suscite automatiquement des interrogations sur la présence armée syrienne. À cette différence essentielle que la...