Hoss : le déploiement de l'armée après celui de la Finul

Le Premier ministre Sélim Hoss envisage la réalisation des trois objectifs suivants dans la zone libérée : les Nations unies doivent s’assurer d’abord du retrait israélien jusqu’aux frontières de 1923; la Finul se déploierait ensuite pour laisser la place, dans une troisième étape, à la légalité libanaise. M. Hoss a défini hier ces objectifs lors d’une conversation à bâtons rompus avec les journalistes accrédités au Grand Sérail et à l’occasion d’une interview accordée à la chaîne américaine CNN. Interrogé dans cette interview au sujet de l’avenir des hameaux de Chebaa, le chef du gouvernement a déclaré : «Jusqu’à présent, Israël ne s’en est pas encore retiré. Mais nous avons appris que le Premier ministre israélien avait téléphoné au président français Jacques Chirac pour lui annoncer que l’État hébreu envisageait de se retirer unilatéralement des fermes de Chebaa». À la question de savoir si l’armée libanaise ne se déploierait au Sud que si Israël n’évacuait pas ces hameaux, M. Hoss a répondu : «Il ne s’agit pas de cela. (…) Conformément à la résolution 426, il incombe à la Finul de s’assurer du retrait israélien pour se déployer ensuite et permettre à l’État libanais de rétablir son autorité dans la région. Conformément à la 426, les choses doivent se dérouler dans cet ordre- là», a-t-il précisé. En réponse à une question concernant la position que le gouvernement compte adopter à l’égard du Hezbollah dans les zones libérées, le Premier ministre a dit : «La direction du Hezbollah est responsable et lucide s’agissant du rôle qu’elle doit jouer dans la société. De toute manière, il est évident que le parti collaborera avec les forces de l’Onu et les autorités libanaises». M. Hoss a clôturé son interview par un appel à tous ceux qui ont fui le Liban à la suite du retrait israélien, les invitant à regagner le pays et à se livrer à la justice qui, a-t-il souligné, «se caractérise par son sens d’équité et sa transparence». Il a ajouté que des mesures ont été prises rapidement en vue d’accélérer le rythme des enquêtes. Revenant en soirée sur l’affaire des fermes de Chebaa, dans un discours prononcé à l’occasion de l’inauguration de l’association de bienfaisance de la localité de Chemlane, le chef du gouvernement a notamment déclaré : «Si les hameaux de Chebaa restent occupés, nous n’épargnerons aucun effort en vue de prouver notre droit sur cette terre libanaise qui nous est chère». «Nous poursuivrons également nos efforts à tous les niveaux pour la récupérer et pour libérer les détenus dans les prisons israéliennes», a-t-il ajouté. Par ailleurs, les messages de félicitation ont continué à affluer hier de la part des dirigeants arabes à l’occasion du retrait israélien du Liban-Sud. Le président égyptien Hosni Moubarak s’est réjoui de la victoire du peuple libanais, déclarant dans son télégramme : «Je suis heureux de vous affirmer que l’Égypte restera à vos côtés dans vos efforts incessants pour la récupération totale du territoire». Le ministre syrien de la Défense, le général Moustapha Tlass, a également rendu un vibrant hommage à la lutte «du grand peuple libanais contre l’occupant barbare». «La Syrie et le Liban poursuivront ensemble la lutte jusqu’à la libération du dernier pouce de territoire arabe», a-t-il ajouté dans son message à M. Hoss. Par ailleurs, les rencontres du Premier ministre étaient essentiellement axées hier sur la situation dans les zones libérées. Il s’est entretenu dans ce cadre avec le directeur des FSI, le général Abdel-Karim Ibrahim, puis le représentant du Pnud à Beyrouth, M. Yves de San.