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Actualités - INTERVIEWS

Interview - Le représentant de la Syrie à l'Onu répond à l'Orient-Le Jour Sans la paix, pas de sécurité

Le Liban est à la une des journaux. Les regards du monde sont tournés vers la région pour vivre ce moment historique. Le retrait israélien du Liban-Sud s’est fait plus rapidement que prévu. Les événements continuent de se précipiter. Est-ce la fin de la tragédie libanaise ? Quel est l’avenir de la région ? Guerre ou paix ? Dans une interview accordée, en anglais, à L’Orient-Le Jour, le représentant permanent de la Syrie à l’Onu, le Dr Mikhail Wehbé, fait le point de la situation. Représentant permanent de la Syrie auprès des Nations unies depuis 1997, l’ambassadeur Mikhail Wehbé a participé aux négociations de paix de West Virginia en décembre et en janvier derniers. Diplomate de carrière depuis 1969 à Genève, Londres et en Bulgarie, il a aussi été chef de cabinet du ministre syrien des Affaires étrangères pendant plus de neuf ans. Diplômé en sciences politiques de l’Université libanaise, le Dr Wehbé est détenteur d’un PHD en droit international de l’Université de Sofia. Après la réunion du Conseil de sécurité portant sur le Liban, quelle est la réaction officielle de votre gouvernement ? «Le gouvernement syrien a toujouts appuyé les résolutions du Conseil de sécurité. Bien sûr, la Syrie est satisfaite du retrait des troupes israéliennes jusqu’aux frontières internationales. Nous aimerions que le Conseil de sécurité confirme le retrait complet de tous les territoires libanais y compris des fermes de Chebaa qui sont en territoire libanais. Lors d’un entretien téléphonique le 16 mai dernier, le ministre Farouk el-Chareh a informé le secrétaire général de l’Onu, M. Kofi Annan, que la Syrie appuie entièrement les efforts des Nations unies en vue d’un retrait israélien de tous les territoires libanais y compris Chebaa». Selon vous, pourquoi Israël s’est-il retiré plus tôt que prévu laissant la région sous le contrôle du Hezbollah ? «Il est tout à fait naturel que le retrait ait lieu à n’importe quel moment en raison de la résistance libanaise. Je pense que les derniers développements de la situation montrent comment les Israéliens ont tout laissé derrière eux, et se sont même débarrassés de leurs agents, la milice de Lahd, qui a fui avec ses commandants, ses officiers et ses hommes du côté israélien parachevant sa trahison envers son pays». Que pensez-vous qu’il arrivera à l’Armée du Liban-Sud (ALS) ? «C’est leur problème. Une grand partie est déjà en Israël. Ils ont trahi leur pays. Ceux qui trahissent leur pays doivent être soumis à la décision de la justice et à la loi libanaise. Le gouvernement libanais a été clair à ce sujet. La milice de Lahd, qui s’est rendue à la Résistance, a été traitée normalement sans être humiliée et a été remise entre les mains de l’armée libanaise». « La Finul n’a pas à protéger Israël » Mardi dernier, l’ambassadeur israélien à l’Onu, M. Yehuda Lancry, a remis une lettre du Premier ministre Barak au secrétaire général, M. Kofi Annan. Cette lettre met en garde la Syrie et l’Iran contre le fait d’exploiter le retrait du Liban-Sud en encourageant les attaques terroristes contre Israël à partir du territoire libanais. Barak déclare : «Malheureusement, la Syrie fait tout son possible pour empêcher et saboter le retrait israélien du Liban-Sud... Je me réfère en particulier à l’exploitation cynique par la Syrie des Palestiniens au Liban pour commettre des actes terroristes contre Israël après le retrait et le fait qu’elle laisse le champ libre à l’Iran, à ses messagers et ses protégés, en particulier le Hezbollah de construire des infrastructures qui mettent en danger la stabilité régionale au point d’en arriver à une reprises des hostilités». Qu’en pensez-vous ? «Les propos de l’ambassadeur israélien font partie de la rhétorique des Israéliens. Cette manière de penser ne les a pas aidés et les a poussés à se retirer. Ils ont cependant changé le nom de la Résistance en ce qu’ils appellent terrorisme ou terroristes. Les résistants ont défendu leur territoire occupé par les Israéliens, ont sacrifié leur vie – la chose la plus précieuse au monde –, pour libérer leur sol, récupérer leurs villages et recouvrer chaque pouce de leur territoire occupé. Je pense que maintenant le monde est en liesse. Cette victoire est celle de la Résistance. Cette victoire est conforme à la Charte des Nations unies, à la loi internationale et aux résolutions de la communauté internationale. Les Israéliens peuvent dire ce qu’ils veulent, cela ne changera rien. Comme tout le monde le sait, la Syrie s’est toujours engagée à aider son frère, le Liban. Il y a une résistance contre une puissance occupante et les résistants ont le droit de demander toutes sortes de soutien, y compris celui des Nations unies pour libérer leur territoire». Les Nations unies vont renforcer la Finul en augmentant ses effectifs de 4 513 à 7 935 hommes. Pensez-vous que le Hezbollah est prêt à rendre les régions libérées à l’armée libanaise et à laisser la Finul opérer normalement ? Selon vous, quel est le nouveau rôle des Nations unies au Liban-Sud ? «Cela est absolument du ressort du gouvernement libanais. Selon les résolutions des Nations unies, la Finul a toujours opéré en coordination et coopération étroite avec le gouvernement libanais. La Finul est au Liban pour protéger ce pays, et non pour protéger les Israéliens. Le rôle des Nations unies se limite à une force de paix. L’Onu essaiera d’aider les Libanais des territoires libérés et contribuera aussi au développement économique des régions libérées. La Finul devra s’assurer que le retrait israélien est total de tous les territoires libanais jusqu’aux frontières internationales reconnues, y compris les fermes de Chebaa. Ce problème sera discuté minutieusement entre les Nations unies et le gouvernement libanais. Lors d’un entretien téléphonique avec la secrétaire d’État américaine, Mme Madeleine Albright, mardi dernier, le ministre Farouk el-Chareh a reconfirmé ce qu’il a déjà dit au secrétaire général de l’Onu, à savoir que la Syrie appuie les efforts des Nations unies et les demandes libanaises légitimes pour mettre fin à l’occupation israélienne du Liban-Sud et de tous les territoires libanais. Il a aussi fait référence à la dangereuse agression des Israéliens contre les civils qui sont retournés pour récupérer leurs villages libérés. Ces actes déstabilisent la sécurité de cette région». La terre contre la paix Le retrait israélien du Liban-Sud renforce-t-il la position de la Syrie dans les négociations de paix ? «Il ne s’agit pas là de renforcement de positions. C’est une question de principe. Les Israéliens doivent se retirer complètement du Golan syrien occupé selon les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité et les principes de la terre contre la paix. Ils doivent se retirer sur la ligne de démarcation du 4 juin 1967». Quel est l’avenir de la région. (Liban, Syrie, Israël) ? «En ce qui concerne la Syrie, nous ouvrons la porte à une véritable paix dans la région depuis la Conférence de Madrid. Mais les Israéliens ont prouvé qu’ils ont un “hobby” de la manœuvre et non d’arriver à une véritable paix juste et totale dans la région qui est le seul facteur assurant la sécurité et une vie pacifique à tous les peuples. Sans la paix, il ne peut y avoir de sécurité dans la région. L’avenir dépend de la volonté politique et de la manière dont les Israéliens désirent réaliser une paix juste et globale. Selon la presse internationale et locale, 90 % des questions litigieuses entre Israël et la Syrie ont été aplanies. Quel est le prix demandé pour réaliser la paix ? «Lors de la rencontre de West Virginia, les Israéliens ont montré qu’ils n’étaient pas prêts à atteindre un accord de paix avec les Syriens niant la promesse faite par Rabin. Ceux qui désirent la paix n’ont pas à demander de prix financier. La paix apportera ses fruits à tous. Malheureusement, les Israéliens veulent garder les fruits. Nous espérons que finalement les efforts internationaux seront exercés pour influencer les Israéliens à atteindre une paix juste et durable dans la région et le retrait du Golan syrien».
Le Liban est à la une des journaux. Les regards du monde sont tournés vers la région pour vivre ce moment historique. Le retrait israélien du Liban-Sud s’est fait plus rapidement que prévu. Les événements continuent de se précipiter. Est-ce la fin de la tragédie libanaise ? Quel est l’avenir de la région ? Guerre ou paix ? Dans une interview accordée, en anglais, à...