Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGES

A Khiam libérée, des témoignages saisissants(photos)

C’est donc ça la prison tristement célèbre de Khiam. Cet enfer, où des milliers de jeunes gens et de jeunes filles ont passé les plus belles années de leur vie derrière les barreaux. Près de 24 heures après la libération des détenus, une foule nombreuse continue de visiter ce complexe juché sur une colline, dont le nom inspirait la terreur. Par dizaines, des civils, venus des quatre coins du pays, se dirigeaient hier vers ce centre de détention, pratiquement devenu un lieu de pèlerinage. Mardi dernier, tout s’était passé en un clin d’œil. Comme dans un rêve. En début d’après-midi, plus d’une centaine d’habitants de la région, la plupart des jeunes barbus, ont pris d’assaut la prison, entraînés par les harangues du cheikh du village qui s’adressait à eux par le biais du haut-parleur de la mosquée. Brandissant des drapeaux verts et jaunes du mouvement Amal et du Hezbollah, ils ont rapidement investi le bâtiment et forcé les portes des cellules après s’être assurés que les miliciens de l’Armée du Liban-Sud avaient évacué les lieux. Les anciens geôliers, hier arrogants et sûrs d’eux, n’étaient plus là. Dans un renversement de situation que l’on ne peut voir qu’au Liban dans un laps de temps aussi court, les détenus de Khyam, libérés par les habitants du village, sont devenus aujourd’hui les seuls maîtres de la situation. Nous avons pu rencontrer certains d’entre eux qui nous ont communiqué leur témoignage saisissant. Rony Bazzi, qui a été incarcéré pendant plus d’un an et demi, maudit les Israéliens. D’une voix déchirante, il précise notamment que son enfant est né pendant que lui était enfermé dans cette prison. «Les Israéliens ont détruit ma vie», souligne-t-il avec une vive amertume. Nous avons pu rencontrer aussi un homme de 60 ans qui était incarcéré à Khiam depuis plus de trois ans. Il était accusé d’avoir mené des opérations pour le compte du Hezbollah. De la torture ? «Voici le poteau sur lequel on était frappé, voici le lieu de la torture», indique-t-il. D’autres détenus affirment que les miliciens de l’ALS ne les frappaient pas. Cosette Ibrahim, titulaire d’une licence en information de l’Université libanaise, emprisonnée depuis 10 mois, nous rapporte que les miliciens frappaient les prisonniers au début de la période de leur incarcération, mais pas après. Certains anciens détenus confirment ses dires, précisant que les miliciens ne les frappaient que pendant les interrogatoires. Comment mangeaient-ils ? Mahmoud souligne que «depuis 1985, malgré les interventions de la Croix-Rouge internationale, les détenus mangeaient mal et étaient très mal traités». Mais il ne s’agit là, désormais, que de tristes souvenirs qui resteront quand même gravés pendant encore longtemps dans la mémoire. Qui aurait dit qu’une page d’histoire serait tournée en quelques jours, voire en quelques heures...
C’est donc ça la prison tristement célèbre de Khiam. Cet enfer, où des milliers de jeunes gens et de jeunes filles ont passé les plus belles années de leur vie derrière les barreaux. Près de 24 heures après la libération des détenus, une foule nombreuse continue de visiter ce complexe juché sur une colline, dont le nom inspirait la terreur. Par dizaines, des civils, venus...