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Actualités - CHRONOLOGIE

Washington demande que l'armée libanaise remplace les israéliens

La secrétaire d’État américaine Madeleine Albright a appelé hier le Liban à envoyer des troupes au Liban-Sud pour y remplacer les troupes israéliennes qui s’en retirent. «Le peuple libanais veut être responsable de son pays», a dit Mme Albright à des journalistes avant de quitter Washington pour une réunion de l’Otan en Italie. «Il en a la possibilité, et il serait bon que l’armée libanaise puisse le faire d’une manière ordonnée», a-t-elle ajouté, en réitérant les appels de Washington au calme et à la retenue dans la région. «Nous aimerions voir ce processus se dérouler dans le calme et pacifiquement», a-t-elle précisé, en mettant en garde contre le recours à la violence. «La communauté internationale à travers les Nations unies a un rôle très important pour que les développements actuels prennent une direction positive», a également déclaré Mme Albright, en rappelant que le retrait israélien s’effectuait en conformité avec une résolution de l’Onu. À Beyrouth, l’ambassadeur des États-Unis David Satterfield s’est pour sa part entretenu hier avec le chef de l’État Émile Lahoud et le Premier ministre Sélim Hoss des développements dans la bande frontalière. Après avoir exprimé ses regrets pour la mort de civils au Liban-Sud au cours des dernières quarante-huit heures, M. Satterfield a invité, dans une déclaration, les belligérants à «exercer un maximum de retenue durant cette période critique pour épargner les civils». Avant les propos de Mme Albright, les observateurs notaient que les États-Unis, préoccupés par la confusion entourant le retrait israélien du Liban-Sud, en étaient réduits à un rôle de spectateur passif. Au vu des déclarations officielles américaines, il apparaît que Washington, pourtant omniprésent dans la diplomatie proche-orientale, n’est pas intervenu dans la décision d’Israël d’accélérer le départ de ses troupes. Laconique, le porte-parole de la Maison-Blanche Joe Lockhart s’était limité à soutenir du bout des lèvres un retrait sous les auspices des Nations unies. Objectifs clairs Aucun contact avec Damas n’est envisagé à ce stade par le président Bill Clinton, tandis qu’un envoi de forces américaines au Liban-Sud n’est pas évoqué, a poursuivi M. Lockhart. Mais un responsable du département d’État a pour sa part confié que son pays n’était pas «paniqué» par l’agitation consécutive au départ anticipé des troupes israéliennes. «Il y a une certaine agitation associée au retrait, mais les paramètres et les objectifs sont clairs», a déclaré ce responsable sous couvert de l’anonymat. L’implication américaine se limite à une diplomatie du téléphone. Madeleine Albright avait demandé lundi à des dirigeants de la région de faire preuve de retenue et de coopérer avec les Nations unies. «Il ne fait pas de doute que les États-Unis ont été considérablement surpris» par ce retrait anticipé, explique à l’AFP Patrick Clawson, du Washington Institute for Near East Policy Center. Selon lui, Washington n’est pas du tout impliqué dans les développements actuels et aurait préféré «une sorte d’accord informel avec la Syrie pour éviter que le retrait ne provoque de telles tensions». «Les États-Unis doivent insister auprès de Damas sur le fait qu’il n’est pas dans son intérêt de laisser le Hezbollah attaquer le nord d’Israël», conclut M. Clawson. Pour l’ancien ambassadeur de la Ligue arabe à Washington Clovis Maksoud, la confusion qui règne dans la bande frontalière doit inciter Washington à «admettre son erreur d’avoir accepté la conception de la sécurité appliquée par Israël depuis près de 20 ans dans cette région». Pour le professeur Reuven Paz, spécialiste du Hezbollah au Washington Institute, les États-Unis ont en réalité été «pris de court par la rapidité de la décision israélienne de se retirer». «Au point que la diplomatie française paraît plus au fait des derniers développements sur le terrain. Ce n’est pas un hasard si Ehud Barak a téléphoné lundi à Jacques Chirac», souligne-t-il. Pour cet expert, le risque immédiat d’une détérioration de la situation réside dans «des appels pressants du mouvement islamiste palestinien Hamas en vue d’une libanisation des territoires palestiniens, autrement dit une guérilla contre Israël». «Le Hamas constate que cela fonctionne pour le Hezbollah puisque Israël quitte le Liban et souhaite donc appliquer un scénario identique dans les territoires palestiniens», estime-t-il. «Les États-Unis n’en sont pas encore à échafauder de tels scénarios», considère pour sa part le professeur Mary Jane Deeb, de l’American University. Selon elle, «les États-Unis s’inquiètent avant tout d’un recul du processus de paix avant la fin de la présidence de Bill Clinton (en janvier), d’une reprise de la guerre civile ou d’une attaque israélienne contre des positions syriennes».
La secrétaire d’État américaine Madeleine Albright a appelé hier le Liban à envoyer des troupes au Liban-Sud pour y remplacer les troupes israéliennes qui s’en retirent. «Le peuple libanais veut être responsable de son pays», a dit Mme Albright à des journalistes avant de quitter Washington pour une réunion de l’Otan en Italie. «Il en a la possibilité, et il serait...