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Actualités - REPORTAGES

Société - Quad les non-mariés se confient Un célibat bien accepté, mais pas toujours choisi

Il y a tout juste quelques années, on disait des filles de plus de 25 ans qu’elles ont coiffé sainte Catherine. On les désignait même par l’appellation de vieilles filles. Quant aux hommes non mariés de plus de 35 ans, on les qualifiait de vieux garçons ou de célibataires endurcis. Si ces expressions perdurent dans les villages comme dans certaines sociétés traditionnelles pour désigner les célibataires, hommes ou femmes, elles ont quasiment disparu du langage courant dans les cultures évoluées. Mais qu’en est-il de la société libanaise et comment ces célibataires que l’on montrait jadis du doigt vivent-ils aujourd’hui leur célibat ? Si aucune étude n’a jusqu’à présent été conduite sur le célibat ou sur le style de vie des célibataires dans notre pays où le concubinage est interdit, quelques représentants de cette communauté, jeunes et moins jeunes, ont accepté, le plus simplement du monde, de nous ouvrir leurs cœurs. À 47 ans, Rita, secrétaire, est encore célibataire. Mais elle a été fiancée deux fois dans sa jeunesse, fiançailles qui se sont soldées par des ruptures, elle ne sait pas pourquoi. «Ils en ont épousé d’autres, et le premier a brûlé ma vie», avoue-t-elle. Mais elle n’en veut pas pour autant à l’humanité, et ne s’est pas non plus consolée dans les bras du premier venu. Le mariage, elle y pense, parfois, mais l’amour, elle l’a rayé de sa vie. Heureusement que son travail la comble pleinement, et pour elle, la vie continue, malgré les déceptions. Georges est médecin nutritionniste et a 43 ans. Si ses trois fiancées lui ont fait faux bond pour différentes raisons, il a su conserver leur amitié. Et il n’en ressent aujourd’hui aucune amertume car il n’est jamais seul, et vit des relations qu’il qualifie de sérieuses. Malgré cela, Georges envisage de se marier un jour et de fonder un foyer, mais il ne se fixe pas d’âge limite pour le faire, car il rêve d’un mariage basé sur un amour mutuel, avec une femme cultivée... de préférence. Les désillusions de la trentaine Ils ont entre 30 et 38 ans, et des désillusions à la pelle. Celle-ci n’a pas trouvé l’homme de sa vie, cet autre a vécu une déception choquante. Quant à ce dernier, il prend son mal en patience, espérant trouver un jour celle qui le rendra heureux. Mais ils ont aussi des exigences. Et aucun d’eux n’est prêt à sacrifier son indépendance pour une relation qui ne le rendrait pas heureux, aucun d’entre eux n’est prêt à se serrer la ceinture, rien que pour se marier. Ils recherchent dans le mariage ce plus qui leur donnerait envie de perdre un peu de leur liberté, le bonheur avant tout. La relation la plus sérieuse de Carla, 38 ans, s’est avérée être basée sur un gros mensonge qui lui a donné le choc de sa vie. Depuis, elle n’a pas trouvé la bonne personne, et ne cherche plus vraiment à se marier. «Mais cela peut arriver un jour, lance-t-elle, vu mon désir d’avoir des enfants». Entre-temps, son indépendance lui plaît et l’épanouit même, vu que son métier dans les relations publiques lui procure beaucoup de satisfactions autant sociales que professionnelles. Et tant pis si son célibat pèse un peu sur sa famille qui aimerait bien la voir rencontrer un compagnon de route. Jessy a 36 ans, un physique agréable et un métier d’architecte d’intérieur qui la passionne. Si elle rêve d’une épaule pour y mettre la tête, c’est parce qu’elle ne se voit pas passer ses vieux jours toute seule, mais voudrait partager des goûts et un style de vie communs avec un homme qu’elle aimerait. Car son célibat l’épanouit certes, vu son indépendance autant matérielle que sociale, qui l’a, jusqu’à présent, empêchée de se faire passer la bague au doigt. Mais il l’aliène aussi car la société libanaise boude les femmes seules, considérées dangereuses par les femmes mariées, et parce que l’homme libanais craint d’épouser une femme trop indépendante. Même âge, mais différentes considérations : Rania s’accroche à cette indépendance procurée par un métier qui envahit sa vie, et où la solitude semble ne pas avoir de place. Après deux relations sérieuses qui se sont terminées en queue de poisson, elle ne pense plus au mariage, rechignant à s’enchaîner, «même s’il n’est pas toujours agréable d’être la treizième personne à table», avoue-t-elle. Il n’a toujours pas trouvé chaussure à son pied. Mais à 33 ans, Michel ne cherche pas à se marier uniquement à cause du temps qui passe. Il tient à réussir son mariage, même si le célibat lui pesait encore, il y a tout juste un an. Aujourd’hui, il avoue avoir trouvé une certaine sérénité et un équilibre qui l’aident à patienter. Quant à Maya, longtemps gênée par un excès de poids qui l’a jusque-là incitée à fuir les hommes, elle apprend à 31 ans à accepter son corps. Elle rêve de partager sa vie avec l’homme qui lui plaît, car son célibat commence à la gêner. Quant aux prétendants proposés par la famille, elle les a toujours poliment éconduits, nullement convaincue de devoir se caser, et ferme les oreilles aux remarques de sa famille. Entre-temps, elle se taille une place dans la vie professionnelle, ayant toujours rêvé de faire carrière. Les moins de trente ans nullement pressés de se caser Les moins de trente ans ne ressentent pas encore les désillusions de leurs aînés, même si certains d’entre eux ont déjà vécu des expériences décevantes. Car ils sont trop occupés à asseoir leur vie professionnelle, tant bien que mal. Michèle a 29 ans et n’a encore jamais rencontré l’homme avec lequel elle aimerait passer sa vie, privilégiant sa carrière professionnelle à sa vie sociale. Mais elle n’aimerait pas rester seule, consciente du poids des traditions, car «le monde se vide autour d’une femme seule», dit-elle. Cependant, elle n’envisage de se marier qu’avec un homme qu’elle aime, et avec lequel elle a quelques atomes crochus en commun. Issue d’une famille où aucun mariage n’a réussi, Nayla n’a jusque-là jamais envisagé de se marier, mais à 27 ans passés, elle a déjà vécu des relations déchirantes auxquelles elle a survécu. Pourtant, elle supporte difficilement cette solitude qui ne lui donne aucun bonheur. Quant au mariage, il lui fait peur, vu qu’elle a horreur de faire des concessions, mais elle rêve d’une relation où elle se sentirait bien, d’une entente parfaite avec l’homme qu’elle aimera et qui l’aimera. Un homme qui devra accepter sa carrière, son indépendance, et sur lequel elle pourra compter. Et si elle ne trouve pas la perle rare, alors tant pis. D’ailleurs, elle n’est pas pressée, encore trop jeune pour se marier, selon ses dires. Les célibataires que nous avons interrogés ont, pour la plupart, vécu des situations qui ont freiné leur élan vers le mariage. Et si les hommes n’ont pas d’inconvénient à vivre en union libre, allant parfois jusqu’à opposer un non catégorique au mariage, comme Karim, âgé de 27 ans, les filles, elles, refusent de transgresser les lois de la société libanaise, et de vivre en concubinage, hors du mariage, même si bon nombre d’entre elles vivent une sexualité libre. Un célibat qui n’est finalement pas trop mal accepté par les personnes concernées, hommes ou femmes, sans pour cela avoir été délibérément choisi.
Il y a tout juste quelques années, on disait des filles de plus de 25 ans qu’elles ont coiffé sainte Catherine. On les désignait même par l’appellation de vieilles filles. Quant aux hommes non mariés de plus de 35 ans, on les qualifiait de vieux garçons ou de célibataires endurcis. Si ces expressions perdurent dans les villages comme dans certaines sociétés traditionnelles...