Obsèques - De Sanayeh à Ras el-Nabeh, plus de 20.000 personnes ont escorté le Amid jusqu'à sa dernière demeure L'adieu de tout un peuple à un rassembleur(photos)

Peu avant sa mort, le Amid avait confié à son médecin sa joie de pouvoir enfin retrouver sa mère. C’est fait: après un quart de siècle d’exil, Raymond Eddé repose désormais près de ses parents en terre libanaise. Mais avant de les rejoindre, c’est avec tout un peuple qu’il avait rendez-vous hier pour la dernière fois. Ils étaient plus de vingt mille, venus de tous les coins du pays et de tous les horizons politiques, à l’escorter dans son ultime périple, de la maison familiale à Sanayeh au caveau de Ras el-Nabeh, en passant par la cathédrale Saint-Georges. De mémoire de Libanais, rarement funérailles d’un chef politique furent plus chargées de symboles et de sens. Jamais en tout cas une cérémonie de ce genre n’avait illustré à ce point la soif d’un peuple pour son unité nationale. Dans toutes ces retrouvailles, c’est surtout le geste de Walid Joumblatt qui ne sera pas oublié de sitôt. Venu à la tête d’une imposante délégation de la montagne, le chef druze n’a manifestement pas voulu simplement célébrer l’amitié entre Raymond Eddé et Kamal Joumblatt. Il a aussi cherché à tourner définitivement la page de la guerre druzo-chrétienne. Quant au patriarche Sfeir, qui a dérogé au protocole pour présider l’office, il s’en est expliqué : après tout le Amid aurait très bien pu être président. S’il ne le fut pas, c’est qu’il n’a jamais accepté de brader ses principes. Il restera tout de même aux Libanais à se souvenir d’une chose : c’est que le Amid n’est rentré de son exil que mort.