Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

L'Histoire ne se fait pas, hélas avec des si ...

Notre dernière réunion avec lui a eu lieu mardi dernier. C’était à l’occasion du déjeuner «traditionnel» regroupant un petit comité de Libanais qui l’aiment. La situation au Liban était évidemment le sujet de la conversation. Les derniers propos que je l’ai entendu dire étaient les suivants : «Si ce n’était à cause d’Antoun Saad, je ne me serais pas brouillé avec Fouad Chéhab». L’ambassadeur Johnny Abdo lui a dit : «Amid, Fouad Chéhab disait toujours que vous étiez chéhabiste». Le Amid a secoué la tête en signe d’approbation. L’Histoire retiendra que les maronites ont eu deux héros qui font leur orgueil et celui de tous les Libanais : Raymond Eddé et Fouad Chéhab. Lorsque Raymond Eddé a atteint les quatre-vingts ans, les Libanais sont convenus de lui préparer un dîner anniversaire surprise. Nous avons donc tout organisé et il est venu au dîner sans savoir qu’une centaine de Libanais s’étaient préparés à fêter son quatre-vingtième anniversaire. Il a été accueilli par d’immenses applaudissements et ses larmes ont coulé… Il a parlé pendant une demi-heure du Liban. Ne perdant pas espoir, il a dit : «Œuvrer pour le Liban et faites-le renaître». Il est mort la tête haute. Le dernier des géants est mort. Le héros de la liberté et de la démocratie est mort. L’homme d’État et l’homme de loi est mort. Il est mort droit et intègre, le fils du pays de la fête continuelle et des magouilles. Nous ne lui dirons plus qu’il est la conscience du Liban parce que ces termes ont été trop utilisés… Il en est bien pourtant la conscience, la vraie conscience… Il disait : «Je demande des comptes aux chrétiens. Demandez, de votre part, des comptes aux musulmans». Le dernier des géants. Raymond Eddé était une opportunité pour le vert Liban, le Liban de la liberté, le Liban de la démocratie, le Liban de la loi, le Liban de la souveraineté. Quitte à me répéter, il aurait suffi qu’il baisse un peu la tête ou qu’il recule d’un brin pour qu’il devienne notre président. S’il avait été élu président, la guerre n’aurait pas eu lieu. S’il avait accepté les conditions des Américains au début de la guerre, il aurait été élu aux lieu et place de Sarkis. S’il s’était entendu avec Fouad Chéhab, celui-ci ne serait pas mort le cœur serré. Si, et encore si… Mais l’Histoire n’est, hélas, pas faite de «si»…
Notre dernière réunion avec lui a eu lieu mardi dernier. C’était à l’occasion du déjeuner «traditionnel» regroupant un petit comité de Libanais qui l’aiment. La situation au Liban était évidemment le sujet de la conversation. Les derniers propos que je l’ai entendu dire étaient les suivants : «Si ce n’était à cause d’Antoun Saad, je ne me serais pas brouillé...