Mon ami "Fakhamet el-Amid"

Tu appartenais à la classe de ces géants politiques dont la vie devient partie de l’histoire de leur pays. Politicien avéré, aux visions profondes et perspicaces, patriote acharné, au courage légendaire, leader d’opinion toujours consulté et considéré, ce qui te distinguait le plus aux yeux des Libanais étaient ta probité, ton honnêteté intellectuelle, ton élévation morale, une rigueur de principe, qui t’ont fait renoncer aux plus hautes magistratures dont le prix eut été reniements, compromissions et fausses alliances. À un moment d’adversité où n’a subsisté que le language des armes, tu as choisi délibérément l’exil pour éviter toute souillure. Ton éloignement ne t’a jamais fait oublier ton pays et tes compatriotes, qui n’ont cessé de voir en toi un potentiel sauveur qui mettrait fin à leurs malheurs. Par-delà toutes ces qualités, je veux personnellement rendre hommage à l’homme de cœur, qui me téléphonait, de nuit, pour s’enquérir de la santé d’un patient opéré, qui le visitait à la première heure pour le réconforter, qui assistait, dans la plus grande discrétion, une famille nécessiteuse, qui prenait fait et cause pour un miséreux, au droit usurpé, qu’il ne connaissait même pas. Et puis, je ne peux m’empêcher de pleurer l’ami que j’ai côtoyé, de près, durant quarante ans, avec fidélité et admiration, dont j’ai partagé la vie, les soucis, les inquiétudes, les souffrances, les joies, et dont je fus un confident intime. Repose dans la paix du Seigneur et puissent tes vertus inspirer nos dirigeants.