Actualités - OPINION
Je te salue Marie
Par MAKHOUL ZIYAD, le 13 mai 2000 à 00h00
Image, Marie, sublime, de toi, tu tenais la main de l’Allemande, elle avait mal, tellement mal, tu lui chuchotais à l’oreille des réconforts venus d’ailleurs, où est-ce que tu trouves toute cette force, Marie ? Pietà en chair, en os, aux tréfonds de cette jungle cannibale, tu t’oubliais, tu oubliais tes douleurs, tes pieds meurtris, tes noirs à l’âme, ta soif, quelle belle leçon d’humanité, de don de soi, que celle que tu donnes, tous les jours, Marie, à tous, nous tous. Je t’imagine, Marie, soulageant l’un, puis l’autre, je te vois, Marie, cloué d’admiration, recouvrir, à chaque rafale de mitraillette, de ton petit corps tout amaigri, celui de l’Allemande, qui n’en peut plus, elle a l’âge de ta mère et pourtant, c’est elle qui agrippe ses doigts aux tiens, qui se raccroche à la vie, tu la lui insuffles, Marie. Tu en auras des choses à nous raconter, Marie, à nous apprendre, la relativité, l’ironie, celle du sort évidemment, la solidarité surtout, hein Marie, tu nous apprendras la solidarité, si tu le veux bien, une fois que tu reviendras parmi nous, bientôt, bientôt… Le Liban ne fait pas grand-chose pour toi, mais sache Marie, oh tu ne liras pas ces mots tout de suite, qu’aucun de tes compatriotes ne t’oublie, que tous les Libanais pensent à toi, chaque jour, prient, chacun son Dieu, pour toi, prient pour que tu retrouves le grand air, cette grande bleue que tu aimes apparemment si fort, et même cernée jusqu’aux genoux, et sale, et usée, tu ne peux pas savoir comme tu es belle, Marie, si belle, si bonne, pleine de grâces. Tous les Libanais sont avec toi, Marie, et avec tes compagnons d’infortune, ils t’attendent, alors fais gaffe à toi, ils t’attendent, ils te saluent Marie, que le Seigneur, etc, etc.
Image, Marie, sublime, de toi, tu tenais la main de l’Allemande, elle avait mal, tellement mal, tu lui chuchotais à l’oreille des réconforts venus d’ailleurs, où est-ce que tu trouves toute cette force, Marie ? Pietà en chair, en os, aux tréfonds de cette jungle cannibale, tu t’oubliais, tu oubliais tes douleurs, tes pieds meurtris, tes noirs à l’âme, ta soif, quelle...
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