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Actualités - ANALYSE

Le précédent Boutros-Ghali n'est pas oublié Annan serait personnellement enclin à la prudence

Selon un professionnel de la diplomatie internationale, «le secrétaire général des Nations unies, M. Kofi Annan, souhaite personnellement éviter le moindre faux pas dans l’affaire de Chebaa. Il ne veut pas subir les mêmes déboires que son prédécesseur, M. Boutros Boutros-Ghali. Pour avoir eu le courage de publier un rapport condamnant sévèrement Israël après le massacre de Cana en 1996, l’Égyptien, candidat à sa propre succession, avait été sèchement évincé par les Américains. Au profit, justement, de M. Annan. Qui n’oublie pas que le principal artisan de l’élimination de M. Boutros-Ghali avait été Mme Madeleine Albright qui était à l’époque représentante de son pays au palais de verre». Selon cette personnalité, «M. Annan, qui est d’un calme à toute épreuve, veut traiter la question de Chebaa sans risquer d’irriter les Israéliens ou d’agacer Washington. Il semble donc en quête d’un arrangement de compromis qui, sans régler le fond du problème, en arrondirait suffisamment les angles pour que le retrait israélien du Liban se déroule dans de bonnes conditions. En d’autres termes, il s’agirait de placer le dossier sur une étagère, pour qu’il soit traité ultérieurement dans le cadre des négociations de paix. En tout cas, M. Annan, en diplomate habile, prend tout son temps pour gérer les concertations multipartites en coulisse. Il espère de la sorte que les carottes seront cuites, c’est-à-dire que le retrait aura été terminé et homologué comme légal par le Conseil de sécurité de l’Onu, sans qu’il n’ait eu lui-même à se prononcer nettement au sujet de Chebaa. Dans le même esprit, si on devait lever l’obstacle que constituent ces hameaux, cela se ferait éventuellement à la hâte, juste au moment du retrait, à travers des tractations ultimes qui subiraient la forte pression du temps. Une précipitation qui faciliterait la conclusion du compromis envisagé. Mais du coup, le rapport concernant le rôle futur de la Finul, que M. Annan doit remettre au Conseil de sécurité de l’Onu, se trouve pour le moment gelé». Pour en revenir à Chebaa, le ministre syrien des Affaires étrangères M. Farouk el-Chareh a encore une fois certifié aux Nations unies, dans une communication mardi dernier, que ces terres sont bien libanaises, que Damas ne les revendique pas et qu’il n’y a d’ailleurs jamais eu de litige territorial entre les deux pays frères. M. Chareh précise dès lors qu’Israël, s’il prétend appliquer la 425, doit également restituer Chebaa au Liban. Il confirme sur un autre plan, dans le même message, que la Syrie soutient le rôle des Nations unies et veut en faciliter la mission en ce qui concerne la supervision d’un retrait israélien total du Liban. Mais ni les attestations syriennes ni les différents documents qui prouvent le bien-fondé de la position libanaise n’ont réussi jusqu’à présent à faire sortir M. Annan de sa réserve. Il faut dire que son attitude est facilitée par un dilemme de pure logique dont Beyrouth lui-même reconnaît l’existence. En effet, comme le gouvernement libanais est le premier à en convenir, en droit international il n’appartient pas à l’Onu de se prononcer sur le tracé frontalier séparant deux pays voisins, tout litige devant être réglé directement par les États concernés. Donc l’Onu n’a pas à dire si Chebaa est libanaise ou non. Mais d’autre part, l’Onu doit dire, aux termes de la 425 et de la 426, si Israël a effectivement ou non appliqué ces résolutions, en se retirant totalement du Liban. Une proclamation qui ne peut se faire sans inclure ou exclure Chebaa du territoire libanais. Il y a donc là une contradiction que l’Onu, à l’instar des Occidentaux, met à profit pour atermoyer. Ce qui sert en définitive les desseins d’Israël. L’argument développé par le ministre israélien des AE, M. David Lévy lors de sa récente visite au palais de verre (où M. Ehud Barak doit le suivre dimanche prochain) est que les terres de Chebaa ont été occupées en même temps que le Golan, en 1967, onze ans avant l’invasion du Sud-Liban en 1978 et de la 425. Les Israéliens ont du reste continué, dans le secteur, à rogner des terres libanaises, la dernière annexion, suivie d’une protestation de Beyrouth auprès de l’Onu, remontant à 1989. La position du Liban est qu’il a toujours réclamé ces terres et que la 425 couvre explicitement toute spoliation qu’il a subie sans mention de date, en ordonnant un retrait israélien de tout son territoire occupé, sans aucune exception de parcelle. Sur le plan pratique, un diplomate conseille aux autorités locales d’obliger l’Onu à enregistrer une carte montrant clairement que la frontière passe à Wadi el-Assal, c’est-à-dire que les fermes de Chebaa sont bien au Liban, carte que cosigneraient pour authentification les ministres des Affaires étrangères libanais et syrien.
Selon un professionnel de la diplomatie internationale, «le secrétaire général des Nations unies, M. Kofi Annan, souhaite personnellement éviter le moindre faux pas dans l’affaire de Chebaa. Il ne veut pas subir les mêmes déboires que son prédécesseur, M. Boutros Boutros-Ghali. Pour avoir eu le courage de publier un rapport condamnant sévèrement Israël après le massacre...