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Actualités - INTERVIEWS

Le Hezbollah pense que l'Onu reconnaîtra la souveraineté libanaise sur Chebaa, tout en l'excluant de la 425 Hussein Hajj-Hassan : nous donnerons des garanties aux familles des membres de l'ALS(photo)

À quelques semaines du retrait israélien annoncé, le Hezbollah affiche la détente. Après les positions en flèche du week-end lancées par les responsables du parti, c’est désormais les politiciens de la formation qui prennent la parole pour apporter nuances, précisions et explications. Le Dr Hussein Hajj-Hassan, membre du bloc parlementaire du Hezbollah et francophone averti, est ainsi passé maître dans l’art du suspense. Il élude à merveille les questions auxquelles il ne veut pas répondre, répétant inlassablement : «Pourquoi voulez-vous que je dévoile mes cartes à l’ennemi ?» Mais cela ne l’empêche pas de tenir des propos rassurants envers les familles des membres de l’ALS, opérant ainsi une importante distinction entre les «agents et les sympathisants». Le Dr Hussein Hajj-Hassan manie à merveille les subtilités de la langue et nul ne peut lui soutirer des confidences qu’il souhaite garder secrètes, mais il se prête volontiers à l’interview et aucune question ne peut le désarçonner. Lorsqu’on lui demande pourquoi Israël a choisi de se retirer maintenant, il déclare : «Israël n’a pas choisi. Il a été contraint de retirer ses troupes parce qu’il ne pouvait plus supporter l’ampleur des pertes militaires». Il refuse toutefois de dévoiler la stratégie du Hezbollah pour l’après-retrait. Ce parti a-t-il toutefois une stratégie de paix ? «Nous croyons qu’Israël n’est pas un État légitime. Il s’est édifié aux dépens des Palestiniens. Le véritable problème est que l’Occident reconnaît le droit des colons israéliens en Palestine, mais refuse un droit de retour sur leur terre à 4 millions de Palestiniens. Comment, dans ce cas, parler d’une paix fondée sur la justice et le droit ?» Il va encore plus loin : «Pour nous, la lutte continuera, même après le retrait israélien. Elle ne cessera qu’avec le retour des Palestiniens en Palestine». Mais les Palestiniens eux-mêmes ne réclament plus ce droit et négocient avec les Israéliens… «Ce n’est pas vrai, riposte le député hezbollahi. Même le traître Arafat continue à invoquer ce droit. Même s’il négocie autre chose et c’est pourquoi il est un traître». Au sujet des hameaux de Chebaa, il estime qu’ils sont libanais, le Liban et la Syrie l’ayant affirmé et Arafat ne les ayant pas réclamés. Selon ces informations, «l’Onu pourrait bien reconnaître la souveraineté libanaise sur cette portion de territoire, tout en décidant qu’ils ne sont pas concernés par la résolution 425, ayant été occupés bien avant 1978». Dans ce cas, ce serait une position à mi-chemin entre celle du Liban et d’Israël et permettrait une négociation ultérieure. En tout état de cause, le Hezbollah se conformera à la décision officielle libanaise. Le Hezbollah compte-t-il déposer les armes après le retrait israélien ? «La question ne se pose pas encore», répond laconiquement le député. Y a-t-il des accords secrets conclus en ce sens entre le Hezbollah et l’État ? «S’ils sont secrets, c’est que je ne dois pas en parler», lance-t-il. Ce suspense ne provoque-t-il pas une certaine inquiétude au sein de la société ? «C’est la société israélienne qui est inquiète, non la société libanaise. Et cette inquiétude, nous la voulons». Au sujet du sort des miliciens de l’ALS, le député nuance un peu les propos récemment tenus par sayed Nasrallah et cheikh Naïm Kassem, respectivement secrétaire général du parti et son adjoint. « Il n’est pas question que nous fassions justice nous-mêmes. C’est l’État qui assumera les responsabilités de la sécurité et de la justice après le retrait. En ce qui nous concerne, nous ferons en sorte qu’aucune loi d’amnistie ne soit votée». En avez-vous les moyens ? « Nous sommes membres du Parlement libanais et au sein de ce Parlement, beaucoup de députés pensent comme nous». La majorité des membres de l’ALS est chiite Toutefois, il tient à préciser que le Hezbollah donnera des garanties aux familles des agents israéliens. «Elles ne seront pas inquiétées, affirme-t-il. Nous en voulons aux seuls agents». Mais comment définir ces derniers ? «Ce sont les membres de l’ALS». Même s’ils travaillent dans le secteur administratif ? «Bien sûr, s’ils sont membres de l’ALS. De toute façon, nous possédons des fichiers complets». Cette attitude ne risque-t-elle pas de compromettre l’entente nationale ? «Pourquoi ? Certains veulent en faire une affaire chrétienne, mais la majorité des membres de l’ALS est chiite. Il n’y a aucun risque de guerre civile au Liban. L’affaire des membres de l’ALS est amplifiée». Croit-il qu’Israël pourrait encore préparer un coup avec l’ALS ? «Les Israéliens sont rusés et ingrats. Ce n’est pas la première fois qu’ils montreront au Liban qu’ils abandonnent leurs alliés». Les membres de l’ALS seront-ils attaqués, même s’ils sont désarmés ? «Ils seront arrêtés par la justice libanaise. Certains d’entre eux sont d’ailleurs déjà condamnés par défaut». Le Hezbollah se déploiera-t-il dans les lieux évacués par les Israéliens ? «Le Hezbollah s’est-il déployé à Jezzine ? Ce sera exactement la même chose, mais nos sympathisants rentreront dans leurs villages lorsque Israël s’en retirera». Au fond, le Hezbollah veut-il réellement la paix ? Le Dr Hajj-Hassan se met à rire : «Bien sûr. Nous sommes des gens qui aimons la vie. Nous espérons vivement connaître la paix, mais celle-ci a des conditions».
À quelques semaines du retrait israélien annoncé, le Hezbollah affiche la détente. Après les positions en flèche du week-end lancées par les responsables du parti, c’est désormais les politiciens de la formation qui prennent la parole pour apporter nuances, précisions et explications. Le Dr Hussein Hajj-Hassan, membre du bloc parlementaire du Hezbollah et francophone averti,...