Les fastes du grand siècle avec Vatel

Le festival de Cannes 2000 s’offre un luxueux lever de rideau mercredi avec les fastes et les fêtes du grand siècle mis en scène par «Vatel», alias Gérard Depardieu, dans une ambitieuse superproduction en anglais réalisée par Roland Joffe. Pour la première montée des marches, le monstre sacré du cinéma français sera entouré d’Uma Thurman (Anne de Montausier), de Tim Roth (le marquis de Lauzun), de Julian Glover (le prince de Condé), d’Arielle Dombasle (la princesse), de Julian Sands (le roi) et de nombreux autres membres de la cour. Cannes met les petits plats dans les grands avec Vatel, l’histoire de cet intendant, chargé d’organiser la plus grande fête du siècle pour 2 000 invités, le premier des films d’époque présentés sur la Croisette jusqu’au 21 mai et qui peut être vu comme une allégorie du festival. Le public découvrira en même temps que les festivaliers, ce film hors compétition qui n’a été montré qu’à quelques privilégiés, évitant ainsi que les critiques ne fassent éventuellement la fine bouche. Au point que les «privés-de-projo», comme le magazine Première, s’interrogent : «Si mauvais qu’on n’a pas voulu nous les montrer ?» Le personnage de Vatel est resté dans l’histoire grâce aux lettres de Madame de Sévigné qui raconta à sa fille, Madame de Grignan, comment le fidèle intendant du prince de Condé, se sentant «perdu d’honneur» parce que la marée n’arrivait pas, se fit harakiri, en se passant le corps au fil de l’épée le 24 avril 1671, lors d’une somptueuse fête à Chantilly. En maître-queux du prince de Condé, le boulimique Depardieu, 51 ans, ajoute un nouveau rôle à sa galerie de personnages historiques, après Danton, Balzac, le Comte de Monte Cristo, Porthos, Obélix, Christophe Colomb, Cyrano de Bergerac... Cette coproduction franco-britannique, d’un budget d’environ 200 millions de francs (31 millions de dollars), retrace trois jours et trois nuits de fêtes en l’honneur du Roi Soleil et de sa cour. Le prince de Condé, vieillissant et ruiné, cherche ainsi à regagner les faveurs de Louis XIV. Plus qu’un chef aux fourneaux, Vatel est à la tête d’une véritable armée de domestiques avec pour mission d’éblouir le monarque et de le surprendre. Alors que les grandioses festivités, ponctuées de ballets, de feux d’artifices et de banquets aux mets raffinés, touchent à leur fin, la marée tarde à arriver. Angoissé, le grand Vatel ne peut supporter ce couac et c’est la tragédie.