Cannes 2000 s’annonce comme une édition de transition à la veille du troisième millénaire, avec la passation des pouvoirs prévue à la tête du premier festival de cinéma du monde et l’arrivée des nouvelles technologies qui vont bouleverser le deuxième siècle du 7e Art. Après quinze ans à la présidence du festival, Pierre Viot va passer la main en juin à son numéro deux, le délégué général Gilles Jacob, 69 ans, dans une atmosphère pas aussi sereine qu’ils l’auraient souhaité avec le départ brutal du dauphin annoncé Olivier Barrot, licencié moins d’un mois avant l’ouverture des festivités. Ce couac, qui laisse planer l’incertitude, sur la succession (comité artistique comme il en existe auprès des directeurs des autres festivals ou nouveau numéro 2) ne devrait pourtant pas ternir le lever de rideau mercredi soir sur les fastes et les falbalas de «Vatel» en présence du Premier ministre français Lionel Jospin. Pour la dernière année, le tandem Viot/Jacob sera en haut des marches du palais pour accueillir les stars, Gérard Depardieu, Carole Bouquet, Uma Thurman, Luc Besson, entouré de Nicole Garcia, Kristin Scott Thomas, Jeremy Irons et des autres membres du jury... et les paillettes scintilleront sous les projecteurs. Ce 53e festival, qui a délibérément choisi de regarder vers l’avenir, est précédé d’un colloque international sur les enjeux et les perspectives du «cinéma à venir», présidé par l’actrice Isabelle Huppert. Puis en ouverture, Jean-Luc Godard, le réalisateur de Pierrot le fou et For Ever Mozart, présentera en première mondiale L’origine du XXIe siècle, un raccourci à sa façon sur les cent ans qui s’achèvent. À suivre Le cinéma de demain avec l’arrivée du numérique et d’Internet, qui vont autant bouleverser son histoire que l’arrivée du parlant, sera plus présent que jamais au Marché du film (MIF) et au Mitic, le Marché international des techniques et de l’innovation du cinéma qui inaugurent l’espace flambant neuf du Riviera. Les sites et les «dot.com» commencent à faire leur apparition sur la Croisette. Pourtant, Gilles Jacob, le grand prêtre de la messe cannoise, est serein : «Aussi longtemps que les festivals défendront des œuvres et des auteurs, je ne peux leur imaginer aucune issue fatale. Quant à leur évolution au troisième millénaire, ma réponse est celle du feuilletoniste : «À suivre...», dit le délégué général et futur président. Pendant un marathon d’une douzaine de jours, le cœur du cinéma va battre à Cannes où près d’une centaine de films vont être projetés dans les différentes sections et quelque 600 au marché du film, dont 300 premières. Vingt-trois candidats sont en lice pour la Palme d’or. Le palmarès controversé de l’an dernier (Rosetta et L’humanité) avait suscité un malaise qui a conduit le festival à limiter à deux au maximum, dont un pour l’interprétation, les prix décernés. La présence trop voyante l’an dernier sur les marches des top models et des footballeurs et les soirées tapageuses de sponsors sur les plages ont incité le festival à établir un «périmètre protégé aux abords du palais et le long de la Croisette» afin de contrôler les «opérations parasitaires» et la kermesse publicitaire envahissante. Ce qui n’empêchera pas les fêtes d’illuminer les nuits de la côte, du Palm Beach avec la traditionnelle soirée de lutte contre le sida, aux somptueuses villas des hauteurs de Cannes et jusqu’au ghetto ultrasélect du Cap d’Antibes.
Cannes 2000 s’annonce comme une édition de transition à la veille du troisième millénaire, avec la passation des pouvoirs prévue à la tête du premier festival de cinéma du monde et l’arrivée des nouvelles technologies qui vont bouleverser le deuxième siècle du 7e Art. Après quinze ans à la présidence du festival, Pierre Viot va passer la main en juin à son numéro deux, le délégué général Gilles Jacob, 69 ans, dans une atmosphère pas aussi sereine qu’ils l’auraient souhaité avec le départ brutal du dauphin annoncé Olivier Barrot, licencié moins d’un mois avant l’ouverture des festivités. Ce couac, qui laisse planer l’incertitude, sur la succession (comité artistique comme il en existe auprès des directeurs des autres festivals ou nouveau numéro 2) ne devrait pourtant pas ternir le lever de...