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Actualités - CHRONOLOGIE

Egypte Des islamistes font d'un écrivain syrien un nouveau Salman Rushdie

Des islamistes égyptiens poursuivent depuis une semaine une campagne virulente contre l’écrivain syrien Haïdar Haïdar, auteur d’un roman jugé blasphématoire, qu’ils qualifient de «nouveau Salman Rushdie», mobilisant des intellectuels contre une «incitation au meurtre». Selon le bihebdomadaire al-Chaab, organe du Parti du travail (islamiste), une conférence regroupant des ulémas d’al-Azhar, la plus haute institution de l’islam sunnite, et des écrivains islamistes se tiendra dans la soirée au siège du Parti du travail «pour proclamer la colère du peuple égyptien et sa volonté de défendre sa religion». Al-Chaab a lancé vendredi dernier la campagne contre le romancier syrien et le ministère égyptien de la Culture qui a publié, il y a deux mois au Caire, une nouvelle édition du roman contesté Festin des algues de mer, édité pour la première fois il y a plus de 15 ans à Beyrouth. Considéré comme un nouveau Salman Rushdie, Haïdar Haïdar a été attaqué par un écrivain islamiste d’al-Chaab, Mohamed Abbas, qui l’a accusé «d’injurier Dieu et le prophète». «Le romancier syrien qualifie le prophète Mohamed de polygame qui s’est marié vingt fois», s’indigne M. Abbas. Hier, le journal appelle le président Hosni Moubarak à limoger le ministre de la Culture Farouk Hosni. Le ministre de la Culture a cependant réagi rapidement dès le début de cette campagne en ordonnant, dès dimanche dernier, le retrait immédiat des librairies du roman de Haïdar Haïdar. Cité par la presse gouvernementale vendredi, M. Hosni a déclaré qu’il avait mis en place une commission d’enquête pour élucider les circonstances de l’édition par son ministère du roman et affirmé que «les mesures nécessaires seront prises à la lumière des résultats de l’enquête». «Nous ne tolérons pas les atteintes aux religions divines», a-t-il dit. Pour leur part, les intellectuels égyptiens se sont mobilisés contre cette campagne, selon eux, obscurantiste. Un millier d’intellectuels ont déjà signé une pétition dénonçant «l’incitation à la violence contre les responsables de l’édition du roman en Égypte», affirmait hier l’hebodmadaire Akhbar al-Adab, considéré comme l’organe des intellectuels libéraux. Lancée par un forum créé récemment, Le Rassemblement des intellectuels indépendants, cette pétition affirme que «les campagnes d’incitation à la violence ne concernent pas uniquement les intellectuels mais elles constituent une réelle menace à notre patrie qui a besoin de consolider la démocratie». «Non à l’incitation au meurtre contre les intellectuels», écrit en manchette Akhbar al-Adab, alors que son rédacteur en chef, le romancier Gamal al-Ghitani, avertit que «la vie de plusieurs de nos intellectuels et écrivains est aujourd’hui en danger». «Il faut faire face par tous les moyens à cette campagne incitant à tuer» l’écrivain syrien et son éditeur, ajoute M. Ghitani. Dans un article publié par Akhbar al-Adab, M. Haïdar affirme que la campagne contre son roman est basée sur «des passages interprétés hors de leur contexte». Il indique que le vrai message de son roman est totalement différent et cite notamment un paragraphe dans lequel un de ses personnages déclare : «L’islam était la forteresse de l’ancien Arabe. Nous avons besoin aujourd’hui du Mohammed du XXe siècle».
Des islamistes égyptiens poursuivent depuis une semaine une campagne virulente contre l’écrivain syrien Haïdar Haïdar, auteur d’un roman jugé blasphématoire, qu’ils qualifient de «nouveau Salman Rushdie», mobilisant des intellectuels contre une «incitation au meurtre». Selon le bihebdomadaire al-Chaab, organe du Parti du travail (islamiste), une conférence regroupant des ulémas...