Education - Colloque de linguistes à l'USJ Mondialisation et apprentissage des langues étrangères (photos)

L’impact de la mondialisation et des multimédias sur l’apprentissage des langues, le bilinguisme, le respect de la diversité culturelle... Plusieurs sujets figurent à l’agenda du XIIe colloque de l’Association internationale structuro-globale audiovisuelle (Sgav) inauguré jeudi au campus des sciences médicales de l’Université Saint-Joseph (USJ), rue de Damas. Organisé par l’Institut de langues et de traduction (ILT), le colloque, ayant pour thème «l’enseignement et l’apprentissage des langues à l’aube du IIIe millénaire» rassemble une cinquantaine de linguistes venus de divers pays, notamment de France, de Belgique, du Canada, d’Espagne et du Japon. L’événement est organisé dans le cadre du 125e anniversaire de l’Université Saint-Joseph. Plus de 300 personnes ont assisté à la séance inaugurale tenue sous le patronage de Mme Bahia Hariri, présidente de la commission parlementaire de l’éducation. On notait parmi les personnes présentes plusieurs responsables de l’USJ, notamment le recteur Sélim Abou, le vice-recteur à l’administration, Bruno Sion, le secrétaire général de l’université Henri Awitt, le doyen de la faculté des lettres et des sciences humaines, René Chamussy, et le directeur de l’ILT, Henri Awaiss. Roger Dehaybe, administrateur général de l’Agence intergouvernementale de la francophonie, était également présent au campus de la rue de Damas. C’est M. Awaiss qui a pris la parole en premier. Il a indiqué qu’«actuellement l’ILT apporte les dernières touches au matériel pédagogique de mise à niveau intitulé “Qifa Nahki”, aussi travaille-t-il à l’élaboration d’un matériel pédagogique pour l’apprentissage du parler libanais sous le nom de “Chou hal haki”». Et d’ajouter : «Fier de ces deux collections de techniques d’expression en arabe et en français, l’ILT rappelle ses deux méthodes de français “Ça Ira” et Expression-Communication. «En anglais, une équipe, en étroite liaison avec Georgetown, travaille à l’élaboration d’un matériel pédagogique pour le Necessary and Sufficient English Program», a-t-il dit. M. Awaiss a souligné que «l’ILT doit tous ses projets pédagogiques à des jésuites qui ont eu la vision de l’avenir, aux PP : Jean Ducruet qui a instauré le test d’aptitude et la mise à niveau en français, Roland Meynet et René Chamussy pour l’inauguration des cours de techniques d’expression en français et en arabe, et Sélim Abou qui a donné tout, sans appui, à tous ces projets et qui n’a pas manqué d’instaurer le test d’aptitude et la mise à niveau en anglais». Bahia Hariri, qui a prononcé son message en arabe, a qualifié l’USJ de «prophète de bonté et d’amitié et de pont solide entre les civilisations». Roger Dehaybe, Raymond Renard, membre de l’association Sgav, réseau universitaire Lingua-Pax-Unesco, et Michel Tromont gouverneur de la province de Mons-Hainaut, ont pris également la parole. Le doyen de la faculté des lettres et des sciences humaines a pour sa part souligné qu’il «est temps d’ouvrir les méthodes d’apprentissage des langues aux nouvelles technologies». «Que l’on s’ouvre aux multimédias, voilà qui est bien; que l’on découvre qu’une telle ouverture implique une créativité pédagogique exigeante, parfait; mais il importe de prendre garde : les machines, sous leurs airs innocents, sont vicieuses; les logiciels, plus encore, qui risquent de nous entraîner en des attitudes et des types de relations toujours plus uniformes. Nous cherchions la mondialisation, la voici dès lors apparaître sous son visage mortifère. Le danger est bien sûr évitable», a-t-il dit. Et le père Chamussy d’ajouter : «Venons-en maintenant à ce problème de la mondialisation, à ce heurt inouï qui se produit quand se rencontrent les puissances de la mondialisation, les apprenants, individus enracinés dans leur culture propre, et vous les spécialistes des langues, armés de toutes vos habiletés pédagogiques. Je viens de parler de heurt et j’insiste sur cette mise en scène quelque peu dramatique, car il peut y avoir des victimes : les “puissants” feront tout pour faire plier les apprenants et briser leur culture et c’est vous, les linguistes de la Sgav, médiateurs de ce nouveau monde, en ce champ si particulier de l’apprentissage des langues, qui avez à intervenir pour permettre aux apprenants d’exister dans leur culture propre alors qu’ils font tout pour s’ouvrir à l’autre». L’ancien directeur de l’ILT et l’actuel doyen de la faculté des lettres et des sciences humaines a ajouté que : «Ce que l’apprenant sait déjà..., c’est tout ce qu’il a reçu de la société qui l’a porté, qui l’a vu naître : c’est sa culture propre. En lui permettant d’apprendre une autre culture, vous l’ouvrez sur des mondes nouveaux, mais vous enclenchez aussi une dynamique qui pourrait être, nous l’avons dit, mortifère. À vous de jouer le rôle de médiateurs avisés et de tenter avec ardeur de mettre au point les procédures toujours à redéfinir, qui permettront de concilier respect de la culture première et ouverture aux autres cultures, engagement décidé dans les nouvelles technologies et examen scrupuleux des processus. À l’issue de la cérémonie inaugurale, le père Abou a remis la Médaille d’honneur de l’USJ à Mme Hariri ainsi que des médailles commémorant le 125e anniversaire de l’institution à Raymond Renard et à Paul Rivenc, professeur émérite à l’Université de Toulouse-Le Mirail. Organisé tous les deux ans, le colloque de la Sgav a été tenu en 1998 à Mons (Belgique). Quatorze enseignants de l’ILT avaient participé à l’événement. Fondée durant les années cinquante par un spécialiste yougoslave, Petar Guberina, la Sgav regroupe depuis presque trente ans des professeurs de langues de l’USJ. Le colloque se poursuivra jusqu’à aujourd’hui samedi où les contextes multiculturels et multimédias dans l’enseignement des langues au Liban et à l’Université Saint-Joseph seront abordés.