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Actualités - ANALYSE

Le processus diplomatique aborde la dernière ligne droite

En se pointant à Beyrouth, l’émissaire de l’Onu, M. Terjé Roed-Larsen, aborde la dernière ligne droite du processus diplomatique censé précéder le retrait israélien du Sud. Une démarche d’autant plus cruciale que les Israéliens pourraient précipiter le mouvement, pour mettre tout le monde dans l’embarras et commencer à se retirer dès le mois de juin. Grosso modo, l’envoyé de M. Annan compte poser aux dirigeants libanais la question de confiance : voulez-vous ou non récupérer votre bien sans remous immédiats ou ultérieurs ? En d’autres termes, vue sous l’angle occidental, l’interrogation peut aussi se traduire ainsi : le Liban est-il disposé à calmer le jeu à sa frontière, pour apporter sa pierre à l’édifice de paix régionale, dont les travaux sont suspendus depuis janvier ? M.roed-Larsen a, comme on sait, déjà relancé les autorités israéliennes. Il a pris note de leurs intentions, de leurs demandes aussi, car c’est maintenant Tel-Aviv qui réclame à cor et à cri un déploiement consistant de la Finul dans la région frontalière. À Beyrouth cependant, on attend du médiateur onusien des idées, sinon des propositions fermes, concernant le dispositif international à mettre en œuvre au Sud après le retrait. Cette quête de suggestions pourrait toutefois interloquer un peu M. roed-Larsen. Dans la mesure où l’Onu, comme tous les pays qui ne sont pas directement concernés par le problème tout en souhaitant aider à le résoudre, tient d’abord à s’informer des volontés des parties prenantes régionales. En tête desquelles se place bien évidemment le Liban. Autrement dit, M. roed-Larsen, en réponse à d’éventuels questionnements libanais sur les intentions de l’Onu, pourrait répliquer qu’il faut avant tout que Beyrouth définisse sa propre position. De laquelle dépendent presque toutes les autres. C’est du reste ce que Paris fait comprendre, en soulignant qu’il ne proposera rien, aucune participation à un renforcement éventuel de la Finul ou à une nouvelle force multinationale, sans demande préalable libanaise. L’Onu de son côté, et plus précisément les pays contributeurs, ne peut envisager aucune modification du rôle et du volume de la Finul sans assentiment libanais exprès. Surtout s’il s’agit de transformer les Casques bleus en force de dissuasion. Accord qui deviendrait impératif si le Liban refuse effectivement, comme les loyalistes le laissent entendre, de déployer sa propre armée à la frontière pour lui substituer les gendarmes, comme à Jezzine. Ces mêmes loyalistes laissent percer un autre sujet problématique : les responsables locaux pourraient demander à M. roed-Larsen s’il est porteur d’une réponse de son patron, M. Kofi Annan, au questionnaire que lui avait adressé le chef de l’État, le président Émile Lahoud. En cas de réponse négative, le dialogue pourrait se révéler difficile, indiquent ces sources. Cependant, des diplomates estiment pour leur part que les entretiens se dérouleront d’une manière normale. Car, soulignent-ils, M. Larsen ne vient pas parler uniquement de la Finul. Il doit également traiter du tracé frontalier, notamment du cas des fermes de Chebaa que le Liban estime siennes et qu’Israël tente à son avis d’annexer. L’émissaire de l’Onu, qui soulèvera bien d’autres questions techniques, sera en principe accompagné d’un certain nombre d’experts, des géographes, des topographes, des juristes, des diplomates et des militaires. Mais bien évidemment la mission principale de M. roed-Larsen est de prospecter les voies pouvant mener à une pacification effective de la zone frontalière après le retrait israélien. Il s’agit d’un côté de prévenir des actions contre la Galilée. Et d’un autre côté d’empêcher les Israéliens de continuer à violer l’espace aérien ou les eaux territoriales du Liban. À cesser ainsi de traquer et de refouler les pêcheurs de Tyr ou de faire exploser des bangs supersoniques au-dessus de la banlieue-sud de Beyrouth. Toujours est-il qu’à en croire certaines sources loyalistes, M. roed-Larsen risque d’être confronté à des questions libanaises parfois savoureuses, proches du canular. On lui demanderait de la sorte si le cas échéant la Finul protégerait ou interdirait des fêtes, des manifestations, des meetings que la Résistance voudrait organiser au Sud après le retrait, pour célébrer sa victoire. Plus sérieusement la tendance qui prime aujourd’hui chez les responsables libanais est de refuser le renforcement de la Finul, sa transformation en force de dissuasion qui en ferait un chien de garde protégeant Israël. Mais cette tendance peut très vite s’inverser, si les décideurs le souhaitent. Et c’est pourquoi on est également curieux à Beyrouth de voir ce que la rencontre égypto-séoudo-syrienne de Palmyre va donner. Quoi qu’il en soit, le Liban va répéter qu’il tient à la 425. Tout autant qu’au jumelage de son volet avec celui de la Syrie.
En se pointant à Beyrouth, l’émissaire de l’Onu, M. Terjé Roed-Larsen, aborde la dernière ligne droite du processus diplomatique censé précéder le retrait israélien du Sud. Une démarche d’autant plus cruciale que les Israéliens pourraient précipiter le mouvement, pour mettre tout le monde dans l’embarras et commencer à se retirer dès le mois de juin. Grosso modo,...