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Actualités - REPORTAGES

L'ambassadeur de France aime Henri Matisse, le bleu du ciel(photo)

Tout le monde est d’accord, Matisse est l’un des plus grands artistes du XXe siècle, Matisse échappe à toute classification, Matisse ne rentre dans aucun cadre. Comme Braque ou Derain, il a été le chantre du fauvisme, mais à partir de cette révolte de la couleur, son art, sa vie ont été une réflexion sur la question de la ligne, celle de l’équilibre ou de la synthèse des formes. Son premier tableau, Nature morte avec des livres, date de 1890, il a 21 ans, il a trouvé sa vocation, sa maman lui a offert une boîte de peinture, il abandonne ses études de droit. Pendant son cursus à l’École nationale supérieure des beaux-arts, il cherchera, sagement, il copiera Fragonard ou Delacroix au Louvre. Mais il va découvrir l’impressionnisme, la lumière méridionale, la Corse et Toulouse, se lier avec Derain, connaître Vlaminck, acheter Cézanne, Gauguin ou Van Gogh, ses dilections se précisent. Et avec l’homme nu, en 1900, hop, le voilà qui vire vers un expressionnisme issu des études préparatoires de Moreau, traitées au couteau en grands plans, chez qui il découvrira une orgie de couleurs, qu’à son tour il organisera selon ses dons personnels. «Vous allez simplifier la peinture», avait prédit Gustave Moreau. Ensuite, c’est le pointillisme qui l’obsédera, et l’œuvre majeure de cette période sera Luxe, calme et volupté, et assimilant toutes ces influences, Matisse s’éloignera du divisionnisme, sa touche s’élargira, ses tons s’intensifieront, sa ligne s’assouplira. Cette évolution aboutit alors aux violences colorées de la Femme au chapeau où naît le fauvisme dont il sera le chef de file, puis la Joie de vivre, en 1906. Mais les outrances élémentaires du fauvisme n’auront qu’un temps pour lui, ses liens avec la couleur s’accompagnent bientôt d’une volonté essentielle d’organisation des tons dans l’espace. «Je cherche des forces, un équilibre de forces», note-t-il à propos de La desserte rouge où se trouvent réunis tous les sortilèges de l’arabesque. Les voyages lui apporteront un enrichissement visuel toujours renouvelé, il s’inspirera de Biskra pour le plus expressionniste de ses tableaux, le nu bleu, ou de Tahiti pour la danse, il n’importe, la révélation lui est «toujours venue de l’Orient». Ses peintures sont celles de l’intimité, où l’éclat des fleurs et des fruits concurrence celui des chairs féminines, puis la sobriété s’accentue dans le nu rose, et un incessant souci de l’interpénétration sans modeler des figures dans l’espace, du jeu sans épaisseur des couleurs et du contour aboutit aux différentes versions de la robe rayée ou de la blouse roumaine. Et tout au long de sa carrière, les mêmes thèmes s’imposent, fenêtres ouvertes, femmes indolentes, univers de paresse totalement antithétique de son créateur et, avant tout, prétexte à la prospection du champ artistique. Son œuvre, d’une apparente simplicité, «ce fruit de lumière éclatante» naît d’un labeur acharné, qui cherche toujours à témoigner de l’indicible sensation dont l’un de ses derniers tableaux porte le titre : le silence habité des maisons.
Tout le monde est d’accord, Matisse est l’un des plus grands artistes du XXe siècle, Matisse échappe à toute classification, Matisse ne rentre dans aucun cadre. Comme Braque ou Derain, il a été le chantre du fauvisme, mais à partir de cette révolte de la couleur, son art, sa vie ont été une réflexion sur la question de la ligne, celle de l’équilibre ou de la synthèse...