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Actualités - ANALYSE

Retrait - Israël recherche toujours des garanties de sécurité Pour le Liban, seule l'application de la 425 est en jeu

Comme tout langage, la diplomatie utilise des mots-clés qui à la longue se transforment en clichés commodes, facilitant à la fois l’analyse et la communication. Un professionnel explique ainsi que c’est «un conflit de stratégie» qui oppose Israël et le Liban. Ceci pour dire qu’ils n’ont pas du tout la même approche de la 425. Pour l’État hébreu, le retrait du Sud doit être «récompensé» par des garanties de sécurité. Alors que pour notre pays, il s’agit d’une récupération de droit, seul un accord global de paix équitable pouvant ensuite être source de sécurité pour tous les signataires. «Car, souligne ce diplomate qui reprend à son compte les thèses du régime, il est évident que le retrait laisse en suspens nombre de problèmes aigus comme celui des réfugiés palestiniens dont l’activisme potentiel ne peut être contrôlé». Et de rappeler ensuite que «durant de longues années Israël a tenté, avec le soutien des États-Unis, d’obtenir la neutralisation de la Résistance libanaise comme préambule au retrait. Il a maintes fois proposé une trêve de six mois précédant des pourparlers, pour tester les capacités de l’État libanais de maintien de l’ordre. Il a d’autres fois demandé une suspension d’armes pendant les pourparlers, sous prétexte qu’on ne peut dialoguer alors que le canon tonne. Le Liban a cependant toujours rejeté l’idée de brider la Résistance, qui est un droit légitime reconnu par la Charte de l’Onu. Il a toujours exigé un retrait inconditionnel, comme l’ordonne la 425, en refusant de négocier préalablement un dispositif qui apporterait des garanties de sécurité à Israël après le retrait. Comprenant enfin que le seul moyen de calmer le jeu était de se retirer, Israël a décidé de reconnaître et d’appliquer la 425. En précisant qu’une fois l’occupation terminée, il serait pleinement en droit de riposter durement à toute nouvelle action contre lui, en frappant l’infrastructure libanaise et peut-être même les forces syriennes présentes au Liban. Ceci en bénéficiant désormais d’une solide couverture internationale qui ne se limiterait plus aux États-Unis. Une fois le front du Liban-Sud apaisé, plus rien ne presserait Israël sur le plan des négociations de paix». Mais selon M. Farouk el-Chareh, le statu quo n’incommoderait pas non plus la Syrie. Il semble donc que seuls les Américains se préoccupent d’accélérer le processus. Quoi qu’il en soit, le diplomate cité, mettant une sourdine aux revendications de victoire de certains loyalistes pour qui le mérite du retrait revient à la politique suivie par le pouvoir, souligne que «sans les coups très durs que la Résistance lui assène depuis des années, jamais l’ennemi n’aurait lâché prise. L’État hébreu aurait continué à ignorer la 425 comme il le fait de la 242, le Golan ou la Cisjordanie ne lui donnant pas de soucis sur le terrain. Il refuse ainsi, sur le haut plateau, de regagner les lignes du 5 juin 1967 ; et en ce qui concerne les Palestiniens, de respecter vraiment les accords d’Oslo qu’il ne cesse de rogner. Dans ces conditions, et pour ne pas se heurter à des problèmes identiques, le Liban a bien raison de rejeter les exigences israéliennes de garanties de sécurité. Et de répéter que seule une vraie paix générale peut apporter la sécurité à tous». Cette personnalité relève que «la position libanaise est inattaquable. Elle se fonde sur la légalité internationale que consacre la 425. Et elle s’inspire aussi des principes de Madrid qui prévoient la paix moyennant la terre, non la terre moyennant la sécurité comme le prétend Israël. Comme la tranquillité d’esprit israélienne n’est mise à l’épreuve, si l’on excepte les attentats du Hamas, que sur le front libanais, l’État hébreu pense échanger le territoire occupé contre la sécurité. Après quoi, le retrait du Golan serait reporté sine die ou hypothéqué par de lourdes conditions concernant la normalisation relationnelle». D’où on peut déduire qu’un retrait israélien du Sud assorti de garanties sécuritaires ne peut pas faire l’affaire de la Syrie qui devrait tirer un trait sur le Golan. «En tout cas, note la source citée, les Israéliens ont pris acte du fait que le Liban ne peut pas garantir la sécurité frontalière. Ils ont dès lors invité les Nations unies à assumer cette responsabilité. Le secrétaire général de l’Onu, M. Kofi Annan, développe donc des contacts dans ce cadre. Il s’agit de savoir si la Finul, même renforcée, peut assumer une telle mission. Et sinon, par quelle force de dissuasion la remplacer. Il s’agit surtout de savoir s’il y aura des pays prêts à risquer des contingents dans cette aventure. Les réponses sont prévues en juillet, en même temps que le retrait, lorsque le mandat semestriel actuel des Casques bleus viendra à expiration». Il reste une question cruciale : qu’arriverait-il en cas d’action contre Israël à partir du territoire libanais après le retrait ? Le diplomate répond que si la Résistance ne revendique pas une telle opération, et si le Liban la réprouve, Israël ne serait pas en droit de frapper en profondeur ce pays. Il rappelle cependant que selon la Charte des Nations unies, chaque pays est responsable de la sécurité de ses frontières. Il doit empêcher qu’elles soient transgressées, même s’il n’a pas à veiller à la sécurité des frontières d’autrui. Ainsi entre la Syrie et Israël, de même qu’entre Israël et la Jordanie, il y avait eu des accords de désengagement avec une force-tampon internationale, qui ont toujours été parfaitement respectés.
Comme tout langage, la diplomatie utilise des mots-clés qui à la longue se transforment en clichés commodes, facilitant à la fois l’analyse et la communication. Un professionnel explique ainsi que c’est «un conflit de stratégie» qui oppose Israël et le Liban. Ceci pour dire qu’ils n’ont pas du tout la même approche de la 425. Pour l’État hébreu, le retrait du Sud...