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Actualités - ANALYSE

Le dossier du retrait, une priorité absolue pour le pouvoir

Le pouvoir se dit entièrement braqué à l’heure actuelle sur le projet de retrait israélien au Sud. Il suit attentivement les circonvolutions régionales qui entourent ce projet ainsi que les efforts déployés pour que la situation reste calme à la frontière lors du départ de l’occupant et par la suite. Les dirigeants, qui se focalisent sur ces développements en suivant de près des déclarations israéliennes souvent contradictoires, s’étonnent qu’on veuille distraire leur attention par des remous internes qu’ils qualifient de «marginaux». Ils déclarent que cela fait vingt-deux ans que le pays attend d’être libéré. Et qu’au moment de réaliser cette immense victoire, qu’est le départ de l’occupant, il ne faut pas tout compromettre par des divisions intérieures insensées. Certains loyalistes, qui ne se rendent peut-être pas compte que leur approche peut déplaire à leurs alliés du moment, matraquent inlassablement ce thème de propagande : le mérite de la libération revient sur le plan politique au pouvoir en place, et sur le terrain à la Résistance. Laquelle doit sans doute beaucoup apprécier cette élégante manière étatique de tirer la couverture à soi. D’autres pôles, également proches du pouvoir mais plus soucieux d’objectivité, remettent pour leur part l’ordre des valeurs à sa juste place. «C’est la toute première fois, souligne un parlementaire, qu’Israël restitue contraint et forcé un territoire arabe occupé. Ce résultat sans précédent est uniquement le fruit de l’opiniâtreté, de l’efficacité de la Résistance, des succès accumulés sur le terrain, les pertes incommensurables qu’elle a fait subir à l’ennemi. La réussite de cette lutte, étalée sur des années et soutenue par tous les Libanais, a porté le commandement militaire israélien à faire pression sur la direction politique de l’État hébreu en vue d’un ordre de retrait. Longtemps le gouvernement israélien a atermoyé, en multipliant les prétextes ou les conditions, mais au bout du compte il se voit obligé de se soumettre à la 425. Qui est inconditionnelle». «Ainsi, poursuit ce député, Israël s’en va sans avoir réussi à nous imposer un accord sur des mesures de sécurité. Il n’obtient ni les postes d’observation avancés qu’il réclamait ni le droit de patrouiller à notre frontière. Nous avons déjoué ses pièges, malgré les pressions américaines en sa faveur, parce que jamais la Résistance n’a voulu transiger. La Syrie de son côté s’est tenue fermement à nos côtés, malgré les conseils pressants des Occidentaux de traiter d’une manière ou d’une autre avec les Israéliens. Pour sa part, le chef de l’État, le général Émile Lahoud, a toujours soutenu la Résistance et rendu hommage au rôle qu’elle a joué. Il a symbolisé de la sorte l’unité des Libanais autour de la cause du Sud. La coordination du pouvoir avec la Résistance a permis en outre de faire échec aux manigances israéliennes visant à exploiter des divisions internes en noyautant la scène locale. S’adressant à la colonie libanaise en Arabie séoudite, lors de sa visite dans ce pays, le général Lahoud a proclamé qu’en l’absence d’une présence effective de l’État libanais, la Résistance y est bien présente. Ajoutant qu’il est du droit de cette Résistance d’agir contre l’ennemi, son action obligeant en définitive l’occupant à se retirer». Ce député rappelle ensuite que le chef du gouvernement, M. Sélim Hoss, affirme pour sa part qu’après le retrait israélien c’est la force internationale qui va se déployer au Sud, où il n’y aurait pas à craindre de vide sécuritaire. Ces indications en ont fait sursauter plus d’un, dans la mesure où il était entendu que le Liban officiel ne dévoilerait aucune carte avant que le retrait soit entré dans sa phase active. Un ministre défend M. Hoss en expliquant que ce dernier «homme de bon sens, a tenu à éviter au Liban tout reproche de contradiction. Cela fait vingt-deux ans que ce pays réclame l’application de la 425 et de la 426. Il est hors de question qu’il se rétracte au moment décisif. Or ces résolutions sont claires : il faut un mécanisme frontalier articulé sur la force intérimaire des Nations unies. De plus, on ne pouvait rester indéfiniment dans le flou, car cela aurait alimenté la psychose sous-jacente des craintes exprimées au sujet de l’après-retrait». Mais il y a du tirage, un peu de friture sur la ligne entre Beyrouth et Damas : à Paris, M. Chareh s’est publiquement demandé si la force internationale n’allait pas avoir pour mission de jouer les chiens de garde au profit d’Israël, en contenant les Libanais ou les Palestiniens. Dès lors, un politicien en vue relève qu’il existe «des divergences difficilement camouflables entre la position de M. Hoss et les thèses des décideurs. Ces derniers continuent à exprimer des appréhensions au sujet du retrait, en demandant son intégration dans un règlement global, alors que le président du Conseil libanais se montre optimiste et rassurant». Mais il fait peu de doute que s’il y a malentendu, il sera rapidement dissipé...
Le pouvoir se dit entièrement braqué à l’heure actuelle sur le projet de retrait israélien au Sud. Il suit attentivement les circonvolutions régionales qui entourent ce projet ainsi que les efforts déployés pour que la situation reste calme à la frontière lors du départ de l’occupant et par la suite. Les dirigeants, qui se focalisent sur ces développements en suivant de...