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Actualités - CONFERENCES DE PRESSE

Correspondance Il y a urgence pour les détenus libanais de Khiam et d'Israël

Conférence de presse, hier, à la Maison du barreau de Paris (Place Dauphine), à l’initiative du Collectif des avocats français œuvrant pour la libération des détenus du camp de Khiam et des prisons israéliennes rejoints par les six avocats israéliens qui sont en charge de la défense des Libanais enlevés et séquestrés illégalement dans les établissements pénitentiaires de l’Éat hébreu. La salle du deuxième étage est pleine à craquer. Outre la présence de deux anciennes détenues, Soha Béchara (plus de dix ans à Khiam dont six en isolement total) et Rabab Awada (deux ans et demi), ainsi que des représentants de la presse arabophone, de nombreux journalistes des principaux organes de presse français, journaux, radios et télés, étaient également au rendez-vous. Avec le retrait annoncé de l’armée israélienne pour, au plus tard le 7 juillet prochain, le dossier des détenus libanais retenus par Israël est à nouveau au cœur de l’actualité moyen-orientale. Les avocats français en charge de la défense des quelque 150 libanais détenus à Khiam se disent très inquiets du sort qui sera réservé à toutes ces personnes. Allant même jusqu’à craindre le pire : «que va-t-il arriver à ces détenus ? On a à l’esprit les massacres de Sabra et Chatila», a souligné un des deux coordinateurs du collectif. Et de faire remarquer que pour le collectif, «l’idée de base c’est le respect des droits de l’homme». Seront-ils transférés en Israël, ou seront-ils «récupérés» par les membres de l’ALS qui s’en serviraient comme monnaie d’échange, imitant en cela les méthodes de l’État hébreu ? Les avocats français semblent redouter également les règlements de compte et autres liquidations qui ne manqueraient pas de résulter du retrait israélien. Pour sa part, Me Daniel Voguet, appartenant également au collectif, a souligné les deux objectifs pour lesquels il faut aujourd’hui se battre : «d’abord que les détenus du camp de Khiam restent en vie. Ensuite, que tous les détenus de Khiam soient libérés sans condition». Me Voguet a rappelé que «depuis 20 ans, plus de deux mille personnes ont été séquestrées sans jugement. Des enfants, des femmes enceintes, des vieilliards, sans raison, dans l’unique but de terroriser les populations du Sud et de les pousser à quitter la terre. Au regard de la loi française, ces faits graves sont constitutifs de crimes et relèvent du code pénal». Il a affirmé la volonté du collectif d’engager des poursuites judiciaires, mais sans toutefois préciser de dates. «Nous envisageons de poursuivre les responsables, et ceux-ci pourraient aussi bien être des personnes qui ont exécuté les enlèvements ou exercé les tortures que des responsables politiques qui ont couvert ces agissements ; des Israéliens mais également des Libanais». «Les responsables sont identifiés, mais il y a toujours le problème de déterminer la part de responsabilité de chacun». D’où un problème de compétence : quels tribunaux sont compétents et quelle juridiction territoriale ? «Nous avons envisagé de saisir les tribunaux français, mais il y aura des problèmes de compétence territoriale», a-t-il précisé. Pour leur part, les avocats israéliens ont exprimé leur inquiétude quant à l’adoption par la Knesset d’une loi autorisant «le maintien en détention de toute personne qualifiée de résistant illégal, c’est-à-dire qui n’appartient pas à une armée régulière, et ce tant que le conflit dure entre l’État hébreu et l’État concerné». Si cette loi devait passer, elle autoriserait les autorités israéliennes à prolonger indéfiniment toute détention, même illégale. Les avocats israéliens ont rappelé, par ailleurs, que les autorités israéliennes, en enlevant, transférant et séquestrant des personnes non jugées, transgressent toutes les règles de droit international. Concernant le camp de Khiam, installé par l’armée israélienne en territoire libanais, les avocats ont insisté sur le fait que bien que ce soit l’Armée du Liban-Sud (ALS) qui gère aujourd’hui ce camp, Israël est entièrement responsable des exactions qui y sont commises. Et d’affirmer que l’opinion publique en Israël commence à changer, prenant conscience des nombreuses atteintes aux droits de l’homme dont se rendent coupables les autorités israéliennes. Après avoir approuvé le maintien comme otages des détenus qualifiés «d’administratifs», la Cour suprême a rendu un jugement le 12 avril dernier ordonnant la libération de 19 des 21 prisonniers «administratifs». Ces personnes séquestrées dans des prisons israéliennes et, qui n’avaient pour la plupart pas été jugées, devaient servir de monnaie d’échange à l’État hébreu pour récupérer l’aviateur Ron Arad, disparu en 1986, lors d’une mission au-dessus du territoire libanais. Il reste cependant encore deux détenus administratifs : cheikh Abdel Karim Obeid et Mustafa Dirani. Détenus dans le secret le plus total, jamais rencontrés par le CICR, ils sont l’objet de tortures et concernant Dirani, de viols répétés. Constitué il y a maintenant un an, à la demande de quelques familles de détenus, le collectif travaille dur. C’est qu’il y a urgence.
Conférence de presse, hier, à la Maison du barreau de Paris (Place Dauphine), à l’initiative du Collectif des avocats français œuvrant pour la libération des détenus du camp de Khiam et des prisons israéliennes rejoints par les six avocats israéliens qui sont en charge de la défense des Libanais enlevés et séquestrés illégalement dans les établissements pénitentiaires...